Steve McQueen est-il fan de Terrence Malick ?

Ça n’a échappé à personne, Steve McQueen est revenu sur nos écrans depuis la semaine dernière. Pour les moins cinéphiles d’entre vous, ne cherchez pas d’Inspecteur Bullit, de Grande Évasion ni de Tour Infernale, le Steve Mc Queen dont on parle aujourd’hui est un réalisateur britannique actuellement présent dans toutes les salles obscures avec son dernier film Twelve Years A Slave. Avec ce troisième long-métrage, il confirme encore nos soupçons d’une liaison spirituelle avec Terrence Malick, le très discret bien qu’incontesté, maître mais d’un cinéma à la fois humain, fort, sincère et contemplatif.

En voyant son premier film, Hunger, c’est d’emblée le dégoût qui a pris l’avantage sur tous les autres sentiments ; j’aurais pu sortir de la salle en fait, mais heureusement je ne suis pas comme ça… Par ailleurs, je n’ai pas complètement cédé à la panique grâce à quelques très beaux passages en dehors de la trame principale. Très honnêtement, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris l’intérêt de ces passages. On imagine assez facilement qu’ils évoquent l’évasion par l’esprit du “ héros “ ; Bobby Sands en aurait eu besoin pour oublier la faim et l’immondice plus que les barreaux de sa cellule. En tout cas ces pauses m’ont été utiles, à moi, pour éviter de vomir.
Devant l’esthétique de ces scènes contemplatives -bien que courtes- de la nature et grâce au thème musical qui les accompagne, j’ai naturellement pensé que Steve McQueen avait du goût et ferait sans doute quelques beaux films par la suite.

Trois ans plus tard est sorti “ Shame “, j’ai foncé ! Dès la première minute j’ai aimé ce film pour sa B.O qui est en fait un long sample, assez reconnaissable, du thème de “ La Ligne Rouge “ jugez par vous-même :

Sur le moment, j’ai cru qu’Hans Zimmer était le compositeur… mais non. Malgré le manque d’originalité de la musique, ça m’a plu. De plus, si la musique ne regorge pas de créativité, le film, lui, n’en est pas avare. Merci M. McQueen, car Dieu sait à quel point je peux en avoir marre du sentiment de déjà vu dans une salle de cinéma (prends ça dans ta face “ Le loup de Wall Street “!)

J’ai une fâcheuse tendance à fixer mes attentes concernant un film par rapport au meilleur que j’ai vu du même réalisateur auparavant, et tant pis pour la chronologie. Avec Steve McQueen, pas de problème de chronologie, mais j’ai préféré Shame à Twelve years a Slave, malgré le retour du véritable Zimmer à la composition de la BO. Pour l’expliquer, je reviens à la question du caractère original ou non. L’ambiance “ bayou “, qui plait tant à Max, et que j’apprécie aussi fait quand même penser à beaucoup d’autres (bons) films ; et le thème de l’esclavage est lui aussi vu et revu sur les écrans — jusqu’à récemment avec “ le Majordome “. Ceci étant dit, ne vous méprenez pas, Twelve Years A Slave n’est pas un film lourd (au sens péjoratif) : le scénario,tiré d’une histoire vraie, nous tient en haleine ; la réalisation est excellente. On retrouve des passages — toujours courts — de contemplation de la nature à la Terrence Malick.

Vous l’avez surement compris, je suis un vrai fan assumé et revendiqué de Malick. Les rapprochements que je fais avec son cinéma sont de mon point de vue de très bons points pour le réalisateur de Twelve Years A Slave. Allez savoir si Steve McQueen s’inspire vraiment du “ Maître “… En tout cas son Cinéma lui rend un bien bel hommage, que ce soit volontaire ou non.

Derniers parallèles entre les deux réalisateurs :

- Pour le troisième film de chacun ( Twelve Years a Slave et La Ligne Rouge), les acteurs semblent s’être bousculés ; beaucoup de rôles ont été distribués, mais pas proportionnellement à la popularité des acteurs.

- Comme pour Tree of Life, Brad Pitt est à la fois producteur et acteur de Twelve Years a Slave. Ça ne peut évidemment pas être la seule raison, mais j’aime me laisser aller à croire qu’il a réitéré l’expérience de la double casquette par admiration et envie de tourner sous la direction du “ Poulain “ comme du “ Maître “, au moins autant que pour le scénario ou l’importance de la cause.

Pour conclure, je me permets d’enfoncer une porte ouverte en vous disant que la meilleure façon de vous faire une idée reste encore d’aller voir le film au cinéma, d’où l’absence de spoilers dans cet article ! Bon weekend et bon film !

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