Comment préparer nos enfants au 21ème siècle, l’ère de la créativité
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Internet est une révolution aussi importante dans l’histoire de l’humanité que l’invention de l’écriture ou que la révolution industrielle. C’est ce qui crée cette rupture forte et enthousiasmante entre le 20ème et le 21ème siècle, une rupture qui n’est pas juste psychologique…
Selon moi, cette révolution change beaucoup de choses aux compétences que nos enfants doivent acquérir aujourd’hui, pour être plus épanouis demain.
Le 20ème siècle : l’ère de l’efficacité
Le 20ème siècle a été dominé par la révolution industrielle dont une des compétences clefs a été l’efficacité. Et pour être efficace, il faut faire le moins d’erreurs possibles. D’où des générations entières, dont je fais partie, formées “à ne pas faire d’erreurs ou le moins possible” et au culte de la perfection — une version extrême.
Puis, une nouvelle technologie est venue bouleverser la donne du 21ème siècle : internet. Parmi les innombrables bouleversements, il y en a un qui nous intéressent dans cet article. La plupart des métiers administratifs, managériaux, industriels, ouvriers et réglementaires, où l’efficacité est une compétence clé, sont voués à disparaître dans les 20 prochaines années.
Non seulement être efficace ou productif va devenir de moins en moins crucial et de moins en moins valorisé, mais en plus, être efficace est totalement incompatible avec le fait d’être créatif, sans doute la compétence du 21ème siècle.
Le 21ème siècle : l’ère de la créativité
Les métiers essentiels de demain seront créatifs — ceux qui créeront le plus de valeur et le plus de richesse. Toutes les études, dont celle de IBM, montrent qu’il s’agit de la compétence n°1 de demain. À ceci s’ajoute l’importance de la créativité pour l’épanouissement de chacun, indépendamment des considérations de réussite sociale ou professionnelle.
Au 20ème siècle, la créativité était réservée aux artistes et à quelques métiers marginaux. Au 21ème siècle, être créatif sera indispensable.
Être créatif, c’est faire des erreurs et des erreurs et des erreurs - donc ne pas être efficace du tout - jusqu’à ce que cette nouvelle chose qu’on le souhaite faire réussisse et ait un impact.
La crise de la créativité
Bonne nouvelle : un enfant nait créatif — selon Torrance, un des théoriciens de la créativité et du divergent thinking. Cette créativité, mesurable d’après le test de Torrance, décroît considérablement dès l’âge de 6 ans, passant d’une note de 84/100 en moyenne à la maternelle, à 15/100 au collège. Quelle chute ! C’est ce que Kyung Hee Kim a appelé la crise de la créativité.
Les principales causes à l’origine de cette crise : le culte de la perfection et de l’efficacité inculqué aux enfants, la culture de la critique et du jugement, la dévalorisation des matières artistiques et créatives à l’école au profit du graal des maths, etc. etc. Au final, les enfants finissent pas avoir peur de se tromper, du jugement des autres et de tenter de nouvelles choses. Boum ! La créativité est ainsi morte. Pas “morte” en réalité, emprisonnée et enfouie.
NB : Regardez ce super talk de Ken Robinson “Do schools kill creativity ?”
Comment libérer leur esprit créatif dès le plus jeune âge
- Favoriser le jeu libre et déstructuré : des moments de jeu sans aucune directive des parents ou des nounous
- Dédier un espace au bazar : un espace où l’enfant a le droit de faire son bazar — une caisse suffit pour tout ranger. Dans cet espace, “ranger” n’est pas important, “casser” n’est pas jugé, “crier et chanter” est autorisé sans restriction (tant pis pour les voisin :-p )
- Créer une atmosphère propice à la créativité : où ce n’est pas grave de se tromper. Quand ils émettent des idées dès l’âge de 3–4 ans, aucune idée ne doit être jugée ou hiérarchisée : “celle-ci n’est pas possible” ou “celle-ci est meilleure que celle-là”
- Encourager la créativité sans la récompenser ou la trophétiser : encourager le processus créatif, celui de l’exploration et de la tentative, sans récompenser la créativité ni valoriser le produit final. Par ex, en évitant d’emporter ou d’accrocher tous leurs dessins. Poser des questions comme : “As-tu fini ?”, “Est-ce que tu t’es amusé ?”, “Qu’est-ce qui t’a le plus plu ?”
- Adopter la règle du “zéro jugement” : être créatif, ça n’a rien à voir avec bien dessiner par exemple (et d’ailleurs, qu’est-ce que bien dessiner ou mal dessiner ?). Ca passe aussi par ne pas corriger une faute de français si l’enfant est en train de raconter une histoire ou de chanter (à un moment il exprime sa créativité)
- Encourager le “Pourquoi ?” : les enfants, dès qu’ils commencent à parler, demandent toujours “Pourquoi ?” à tout et c’est une chose essentielle à la créativité : revenir à la source des problèmes pour y apporter une nouvelle solution
- Favoriser des activités créatives comme danser, chanter, dessiner, peindre et raconter des histoires, mises à disposition de l’enfant
- Faites vous-même des activités créatives comme peindre, sans les inviter à faire de même, ils viendront par eux-mêmes et s’ils ne le font pas, c’est ce n’est pas le bon moment pour eux. Faites-le avant tout pour vous, je parie que vous allez y prendre du plaisir !
Cet esprit créatif leur servira dans tous les aspects de leur vie personnelle, professionnelle, amicale, amoureuse et familiale, surfant ainsi sur le 21ème siècle, maîtres de leur destin et artistes de leur vie.
A propos de l’auteur, Nouhad Hamam
Je suis un hacker de créativité. La mission qui m’anime est de rendre les gens plus créatifs, et c’est l’objet de la newsletter bimensuelle des Kréatifs.
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