Têtes de lard, huis clos sociologique

« Têtes de lard » est un huis clos dans une boucherie de province. La force de cette pièce tient en ses personnages :

La mère, d’abord, une matrone cupide à l’esprit étriqué. Le fils boucher violent et rustre. Sa fille, une jeune femme paumée prête à considérer n’importe quel looser comme l’homme de sa vie, leur ami d’enfance un acteur raté qui nourrit des rêves de grandeur.

Et au milieu de ce petit monde un porc qui attend son heure…

Plongé dans une sorte de « strip-tease », on assiste à un drame familial dans un milieu dont tous voudrait s’extraire. Malheureusement on échappe pas si facilement à l’hérédité.

Le spectateur est comme face à un bocal, observateur des jeux de manipulations entre les personnages. On prend conscience des déterminismes sociaux et on constate que les plus dépossédés s’entredéchirent souvent au lieu de choisir la voie de la solidarité et des luttes collectives.

Tour à tour oppressé, mal à l’aise ou captivé, on se surprend à rire franchement de situations tragiques et à ressentir de la pitié pour ses personnages complexes et intéressants. Cette pièce en forme de laboratoire sociologique débute comme une comédie et finit en tragédie. Elle raconte ce qu’on ne voit jamais, les instincts les plus vils, les histoires de familles cachées, les secrets trop lourd à porter…

Et ce cochon au centre de l’action, partie intégrante de l’histoire, suscite de vraies questions. Animal sale et répugnant par nature dans l’imagerie collective, il semble regagner en humanité, au milieu de ces personnages.

Quelques longueurs mais des acteurs de talent. Un coup de chapeau à Morgane Bontemps, toujours juste avec une sensibilité à fleur de peau et à Timothée Manesse en Casanova de province, voyou aux entournures.

Un théâtre qui ne laisse pas indifférent.

Adultes et adolescents.

Lundi et mardi 20h30 /vendredi et samedi 22h/ dimanche 19h

Café de la Gare – 41 rue du Temple, 74004 Paris