5 choses que j’aurais aimé savoir quand j’ai commencé ma carrière de designer
Le product design est une profession qui est relativement récente et rares étaient les ressources disponibles il y a une dizaine d’années pour progresser. Je partage dans cet article ce que j’ai appris (souvent en faisant des erreurs) et qu’il m’aurait été précieux de savoir plus tôt. En espérant que ces leçons puissent bénéficier à ceux et celles qui commencent aujourd’hui leur carrière de product designer.
Tout ne se passe pas dans Figma (ou Photoshop, à l’époque 👴)
Voici une histoire assez connue : son protagoniste se réveille un jour avec une idée d’application, télécharge un logiciel de création d’interface, bidouille 2/3 écrans, se rend compte à quel point il est satisfaisant et facile de donner forme à une idée et se dit que ce serait sympa de gagner sa vie de cette façon. Ces outils, qu’ils s’appellent Figma, Sketch ou Photoshop (🦖), sont bien souvent la porte d’entrée à une carrière de designer.
Une fois qu’on a dompté ces logiciels, on n’aura pourtant que gratté la surface du métier de product designer. Pour pouvoir définir quelles interfaces construire et pour s’assurer qu’elles seront efficaces, un designer doit passer une significative partie de son temps à rencontrer ses utilisateurs.
Ces rencontres servent divers objectifs :
- Essayer de comprendre les motivations des utilisateurs, les frustrations qu’ils rencontrent et ainsi définir précisément quels problèmes il faudra résoudre.
- Mettre les designs dans les mains de vraies personnes et observer si les prototypes qui ont été réalisé apportent bien une solution à ces problèmes.
En supplément de ça, les compétences en design ne sont pas les seules à développer pour devenir un bon designer. Il faut également travailler sur :
- son sens business pour bien saisir les objectifs, se servir de la data et comprendre l’impact qu’a son travail.
- ses connaissances techniques, discuter efficacement avec des développeurs, comprendre leurs contraintes et parfois s’adapter en fonction.
- sa communication pour mieux convaincre, s’appuyer sur le storytelling pour faire passer ses messages.
- …
Cette infographie, réalisée par Andrew Allen résume bien l’état d’esprit à adopter pour progresser dans ce métier.
Savoir écrire est le cheat-code ultime
Lors de mon expérience chez BlaBlaCar, son cofondateur Frédéric Mazzella avait coutume de dire : “essayez déjà de résoudre le problème avec du wording, si vous n’y arrivez pas changez l’interface existante et ne créez une nouvelle feature qu’en dernier recours”. Beaucoup de problèmes de compréhension d’une application peuvent être résolus en changeant du texte. Bonne nouvelle : si vous lisez cet article, il y a de fortes chances pour que vous ayez appris à écrire dans votre enfance et vous avez du coup les outils nécessaires pour ce genre de tâches.
Au cours de chaque projet, il vous faudra non seulement designer avec des composants d’interface (boutons, checkboxes, images…), mais aussi avec des mots pour façonner les intitulés de boutons et les messages d’erreurs les plus clairs et les plus utiles. Il vous arrivera aussi de devoir écrire la documentation et les spécifications les plus complètes possibles afin d’éviter à vous et aux développeurs de nombreux allers-retours lors de l’implémentation de vos designs.
John Maeda, l’ancien président de la prestigieuse Rhode Island School of Design l’avait mentionné dans son rapport annuel en 2017 : “Forget coding: writing is design’s unicorn skill”. Savoir écrire permet aussi de mieux raconter, d’être plus convaincant et de mieux structurer votre pensée ; des atouts précieux à glisser dans votre manche pour faciliter votre vie de designer.
Vous ne ferez rien tout seul
La valeur du design réside dans le fait d’améliorer ou de faciliter l’utilisation d’un service ou d’un produit. Cela nécessite de construire. Sans ça, vous n’aurez que des mockups à ajouter sur votre compte Dribbble. À moins d’être un Rémy Bricka du design, vous aurez besoin d’être entouré pour donner vie à vos projets. Avec les data-analysts, vous irez chercher des signaux qui vous mèneront aux sujets qui méritent l’attention de l’équipe. Avec les product managers, vous avancerez main dans la main pour définir des problèmes à résoudre et développer des solutions pertinentes. Enfin, avec les développeurs, vous construirez pièce par pièce ces solutions en prenant en compte vos contraintes mutuelles.
Créer de bonnes relations avec l’ensemble des personnes de votre équipe est une des clés de la réussite. En devenant meilleures, chacun se sentira plus libre d’exprimer des idées originales, de se faire mutuellement confiance, … Google a réalisé une étude sur ce sujet et a observé de plus grandes chances de réussir chez les équipes qui avaient de bonnes interactions que chez celles qui étaient un assemblage de personnes plus compétentes.
Autre aspect, il n’est pas nécessaire que toutes les idées viennent systématiquement des designers. Toutes les idées sont bonnes à prendre et c’est toujours mieux de faire fonctionner plusieurs cerveaux plutôt qu’un seul.
Le bon design est mesurable
Le design graphique a toujours souffert d’avoir la réputation d’un métier sur lequel tout le monde pouvait avoir son mot à dire. Quel graphiste n’a jamais entendu de la part d’un client “je préfère le bleu”, “possible de rendre ça plus ‘Apple’ ?” ou le légendaire “plus gros le logo” ? Sous prétexte qu’il existe une expression à propos “des goûts et des couleurs”, cela rendrait un métier réalisé par des professionnels sujet à la subjectivité de tous ?
Fort heureusement, le product design est moins victime de ce phénomène. La raison principale réside dans le fait que les effets d’une interface sont plus facilement visibles que ceux d’un flyer ou d’une affiche. En développement produit, on prend le temps de définir au début de chaque projet quels sont les critères de succès. Ainsi, aussi belle une interface soit perçue, si elle fait chuter votre taux de conversion de 15%, il faudra revoir votre copie. Et lors d’un test d’utilisabilité, si toutes les personnes sollicitées réussissent du premier coup à réaliser les tâches demandées, il est fort probable que vous soyez sur la bonne voie.
Mais alors, est-ce qu’un product designer doit plus se soucier des metrics ou de l’expérience utilisateur ? Question piège, il ne faut pas nécessairement les opposer. Un·e designer pourra t’il/elle se targuer d’avoir améliorer l’expérience si rien n’a changé d’un point de vue business ? Et inversement, si des utilisateurs se mettent à moins utiliser un produit, il y a de fortes chances pour que quelque chose ne soit pas vraiment efficace.
Ce sera toujours plus difficile que ce que vous aurez anticipé
Même pour les petits projets, les efforts nécessaires pour améliorer votre produit seront souvent très importants. Pour s’assurer que l’on va se pencher sur le bon sujet, il est souvent intéressant d’aller interviewer des utilisateurs pour mieux comprendre leurs motivations. Et bien vos difficultés commencent ici, parce que spoiler : les gens mentent pour donner une meilleure image d’eux mêmes (plus de détails dans nos articles sur les 8 biais à reconnaître lors de sessions de recherche utilisateur partie 1 et partie 2).
Une fois après avoir démêlé le vrai du faux et trouvé un consensus sur le problème à résoudre, il faut se lancer dans le design de la solution. Le processus pour arriver à quelque chose de satisfaisant n’est pas des plus intuitifs. Il faut envisager toutes les possibilités et identifier les idées les plus prometteuses. C’est une approche empirique où il faut faire des erreurs pour avancer. La conséquence de ça, c’est que 90% de ce que produit un designer ne verra jamais le jour parce que ces solutions n’auront pas été considérées assez bonnes pour être développées.
Et même une fois cette solution trouvée, pour l’implémenter il faudra s’assurer qu’elle est parfaitement compatible avec ce qui existe déjà (c’est essentiellement pour cela qu’il est plus difficile de faire évoluer un produit existant que de le créer de zéro). De temps à autre un peu de dette technique viendra rendre votre solution impossible à implémenter et il faudra s’adapter. Enfin il faudra designer les états alternatifs comme les cas d’erreurs possibles, les empty states, loading states… Tout ce qui sort de ce qu’on appelle le “happy path”.
Si malgré ce dernier point vous êtes toujours en train de lire et que vous n’êtes pas découragés alors peut-être que vous êtes prêts à vous lancer dans une carrière de designer. The Design Crew propose un programme de Bootcamp à destination de personnes souhaitant se reconvertir dans le product design.
Cette nouvelle formation a été conçue en ayant à l’esprit que certaines choses ne peuvent pas s’apprendre avec des connaissances “académiques” mais plus avec des partages d’expérience. Nous avons voulu ce bootcamp très professionnalisant pour que les futurs designers qui vont le suivre soient prêts à décrocher leur premier job de designer. Plus d’informations sur www.thedesigncrew.co/bootcamp