La revue de presse du 25/06/2018

Pierre Jothy
The Digital Warehouse
11 min readJun 27, 2018

Actualités de la marche solidaire | « Immigration — le risque du grand renoncement » |Un jeune exilé se suicide à Croisilles | Mini-sommet du 24 juin avec 16 Etats membres de l’UE et Juncker | Le Parlement hongrois a voté un ensemble législatif qui criminalise l’aide aux migrants. | Nouveau rapport de Médecins du Monde et du centre Primo-Levi sur la santé mentale des exilés | Nouveau démantèlement à Grande-Synthe |Plus de 200 migrants se sont noyés en Méditerranée centrale en deux jours | The Guardian publie une liste des 34 361 migrants morts sur la route de l’Europe | Les mineurs aussi sont placés en centre de détention en France | Migrants : « Le gros des opérations de secours est fait par des navires marchands ou militaires » | Interview du défenseur des droits sur l’accueil des exilés | USA : l’administration qui a séparé les enfants de leurs parents n’a rien prévu pour qu’ils puissent ensuite se retrouver

Actualités de la marche solidaire

> Dimanche 17 Juin : Villeneuve-Saint-Georges — Paris > Article La Croix
Les organisateurs de la marche ont participé à différents événements à Paris :
- travail avec le Comité des Sans papiers 75, pour organiser les étapes prochaines, car ils vont rejoindre la marche pour les prochaines étapes.
— manifestation devant le Sénat le 19 juin à l’occasion du passage en première lecture du détestable projet de loi Asile et Immigration
— rencontre mercredi matin avec la Commission nationale Consultative des Droits de l’Homme
— participation jeudi, sur la place de la République, à la Journée Internationale des Réfugiés..

> Jeudi 21 Juin : Paris- Sarcelles > 170 marcheurs
>Vendredi 22 Juin : Sarcelles — Clermont-de-l’Oise > plus de 120 marcheurs
> Samedi 23 Juin : Clermont-de-l’Oise — Compiègne > plus de 90 marcheurs et 300 personnes à l’arrivée.
> Dimanche 24 Juin : Compiègne — Noyon > plus de 200 personnes à l’arrivée à Noyon
> Lundi 25 Juin : Noyon — Ham

si vous souhaitez participer à l’étape Calais — Londres de la Marche le 8 juillet, il convient de s’inscrire rapidement pour pouvoir réserver les bus !

« Immigration — le risque du grand renoncement »

Suite aux dernières actualités aux Etats-Unis, en Italie et en Hongrie, la Voix du Nord se demande si « La peur de l’immigration a tant pénétré les peuples que la tentation d’abandonner des sentiments, qu’on croyait acquis comme des réflexes relevant « d’une décence commune », gagne nos sociétés. La question de l’immigration doit être prise très au sérieux, d’abord en évaluant son ampleur précisément. Nous ne sommes pas menacés d’un grand remplacement si nous sommes capables d’imposer nos valeurs et nos modes de vie à ceux que nous accueillons. Et nous ne sommes pas menacés d’un grand renoncement si nous refusons les atteintes à la dignité de tous, immigrés compris. »

Un jeune exilé se suicide à Croisilles

Selon les informations de La Voix du Nord un jeune ghanéen résident d’un centre d’accueil à Croisilles dans le nord de la France s’est suicidé. Selon le directeur de La Vie Active, M. Alexandre, qui gère le Centre d’accueil et d’examen des situations (C.A.E.S.), « son long périple jusqu’à Calais l’avait marqué. »

Mini-sommet du 24 juin avec 16 Etats membres de l’UE et Juncker

Le mini-sommet européen s‘est tenu dimanche autour du président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, et des dirigeants de seize pays européens dont la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche, la Grèce ou encore l’Espagne. Selon le journaliste de Libération, Jean Quatremer, « l’Union européenne risque d’adopter dans l’urgence de mauvaises solutions qui pèseront durablement le sort des réfugiés et des migrants juste pour ramener dans le droit chemin la CSU allemande. » alors que dans le même temps « il n’y a pas de «crise des migrants», le nombre d’arrivées en Europe ayant retrouvé son niveau d’avant 2015 (-77% en Italie par rapport à l’année dernière). »

Avant ce mini-sommet le Premier Ministre espagnol rencontrait le Président français samedi, pour élaborer une position commune sur la situation migratoire.

Pour le Monde la conclusion du mini sommet a été que « Tous les pays européens sont désormais d’accord pour renforcer les frontières extérieures de l’UE, mais ils continuent de se diviser sur leurs responsabilités dans la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l’Europe, comme de ceux s’y trouvant déjà. Et ce malgré la chute massive des arrivées sur les côtes européennes constatée depuis 2016. » La France et l’Espagne défendent l’idée de centres fermés pour le débarquement dans des ports réputés « sûrs », dans ou hors de l’UE. L’Italie quant-à-elle défend l’idée de centres dans les pays de transit, de remise en cause des principes de Dublin (le pays d’arrivée est responsable de la gestion des demandeurs d’asile arrivés sur son sol), et de financements accrus pour les pays africains pour réduire l’émigration clandestine.

A la suite du mini-sommet entre les 16 pays européens en vue de préparer le conseil européen des 28 et 29 juin, Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche CNRS au CERI-Sciences-Po fut interviewée par 20 Minutes :

« Le régime d’asile européen est dans l’impasse. Mais au-delà, c’est la politique migratoire européenne qui est dans une impasse… Il faudrait une remise à plat globale de ces politiques. Il n’y aura pas de solution tant que ce système bloqué persiste… Depuis les années 1990, les projets se multiplient, par petites touches, sans rien régler. Car tant que les gouvernements auront peur de leurs électorats, rien ne pourra changer.
Comment, pour les gouvernements, mettre en place une politique migratoire à l’échelle européenne ?
Tout d’abord, faire en sorte que des milliers de personnes ne meurent plus dans la Méditerranée. Cela passe par le respect de la loi, par la solidarité entre les pays européens, par le partage du fardeau des pays en première ligne que sont l’Italie, la Grèce ou Malte. A mon avis, il faudrait pénaliser financièrement les pays qui refusent les migrants. Il manque une fermeté quand d’un côté, des pays reçoivent des fonds européens mais de l’autre ne veulent rien entendre d’une politique migratoire européenne. Enfin, je suis favorable à rouvrir l’immigration pour les métiers en tensions. Car ne nous mentons pas, aujourd’hui les emplois en tension sont occupés par des sans-papiers. Cette politique permettrait d’éviter que des personnes ne risquent leur vie, et parfois la perdent en mer. »

Le Parlement hongrois a voté un ensemble législatif qui criminalise l’aide aux migrants.

On retrouve dans Le Figaro les spécificités de cet ensemble législatif critiqué par les nations unies : « L’ensemble législatif prévoit, entre autres, de sanctionner d’une peine allant jusqu’à un an de prison toute personne portant assistance à une personne entrée illégalement en Hongrie depuis un pays n’appartenant pas à l’espace Schengen, sauf si la vie de l’intéressé est menacée par un danger immédiat. Une personne soupçonnée d’aider les demandeurs d’asile pourra également se voir interdire de se rendre à moins de huit kilomètres des frontières hongroises. Ces dispositions s’appliqueront aussi bien aux particuliers qu’aux ONG. Considérées par le gouvernement comme les «organisateurs de l’immigration illégale», celles-ci sont le cœur de cible de l’ensemble législatif. La veille, le Parlement a effectivement voté en faveur de la création d’une taxe de 25% sur les ONG soupçonnées de venir en aide aux migrants.

Le Parlement a également approuvé ce mercredi un amendement constitutionnel qui stipule qu’aucune instance ne peut porter atteinte à la «composition de la population» hongroise. La défense de la culture chrétienne devient également une obligation pour toutes les institutions de l’État. L’objectif est de rendre inconstitutionnelle l’imposition de quotas de migrants par l’union européenne » toujours selon Le Figaro.

Nouveau rapport de Médecins du Monde et du centre Primo-Levi sur la santé mentale des exilés

Dans ce rapport intitulé « La souffrance psychique des exilés, une urgence de santé publique. » il est question d’un aspect souvent oublié des décideurs politiques : la santé mentale des exilés. Pour Antoine Ricard, Président du Centre Primo-Levi «La santé mentale des exilés est un sujet invisible mais qui est matriciel : il va affecter tout le parcours de la personne, sa capacité à faire valoir ses droits, à s’intégrer»

Dans son rapport sur l’intégration remis en février, le député LREM Aurélien Taché pointait «l’importance d’un accès effectif à la santé, notamment à travers la prise en charge du stress post-traumatique», mais aucune mention n’en était finalement faite dans le projet de loi asile et immigration selon Libération

Pour Delphine Fanget, chargée de plaidoyer de l’organisation Médecins du monde et membre du comité de rédaction du rapport, et citée par Politis, la prise en compte de ces personnes est « une urgence de santé publique […] la première violence constatée est celle du non-accueil, lorsque les exilés se rendent compte qu’ils sont rejetés. Il est ensuite effarant de voir des choses qui sont de l’ordre du harcèlement et de la persécution policière, par exemple la destruction de matériel comme des tentes. […] C’est une politique d’invisibilisation et d’épuisement. »

La spécialiste parle même d’un « choc de désillusion » : « Il y a une désillusion entre ce à quoi les exilés s’attendaient en arrivant ici et les violences auxquelles ils sont confrontés. Nous parlons de rejet, de persécution policière mais aussi de violence administrative, institutionnelle. Perdus, ils ne comprennent pas les procédures d’intégration, où faut-il déposer les demandes d’asile, comment se faire expliquer les choses, pourquoi ils ne sont pas accueillis. Même ceux qui réussissent une procédure de demande d’asile vivent dans des conditions extrêmement dures, notamment économiquement parce qu’ils n’ont pas le droit de travailler. »

Une situation qui selon elle empire du fait des politiques migratoires répressives qui ont un impact direct sur la santé des exilés mais aussi des personnes qui les soutiennent.

Nouveau démantèlement à Grande Synthe

Jeudi dernier, les autorités ont décidé d’organiser un démantèlement partiel du camp de Grande-Synthe. ils n’ont évacué que 80 personnes sur les 250 présents (250 !), uniquement des hommes seuls, les familles sont encore là.

Plus de 200 migrants se sont noyés en Méditerranée centrale en deux jours

Plus de 200 migrants se sont noyés en Méditerranée centrale en deux jours, ce qui porte à plus de 1.000 le nombre de ceux qui sont morts depuis janvier sur cette principale route migratoire reliant l’Afrique à l’UE, a indiqué jeudi l’ONU selon 20 Minutes.

The Guardian publie une liste des 34 361 migrants morts sur la route de l’Europe

Dans cette enquête d’une ONG néerlandaise reprise par le Guardian, il a été répertorié 34 361 personnes qui ont perdu la vie sur la route pour venir jusqu’en Europe, sans compter tous les décès dont personne n’a eu la connaissance. La liste de ces personnes (dont beaucoup n’ont pas été identifiées) a été publiée dans leur numéro spécial pour la journée mondiale des réfugiés, le 20 juin. Il est donc important de garder à l’esprit que ces estimations sont bien en dessous de la réalité.

Les mineurs aussi sont placés en centre de détention en France

Suite à la polémique aux Etats-Unis autour de la séparation des enfants de leurs parents, la Voix du Nord publie un article sur la situation des mineurs en France. Même s’ils ne sont pas séparés de leurs parents, 304 enfants étrangers ont été placés en centre de rétention en 2017 et déjà plus de 70 l’ont été depuis le début de l’année.

Depuis la loi de mars 2016, même si elle a été pratiquée par avant, la rétention des mineurs sans-papiers est devenue légale sans être rendue obligatoire. La loi Asile Immigration, actuellement en discussion en Sénat, devrait perpétuer cette pratique. Jacques Toubon, le Défenseur des droits, estime que “la place d’un enfant n’est pas dans un lieu d’enfermement” (citation France Info)

« Ces centres de rétention sont des prisons qui n’en portent pas le nom, martèle la Cimade. S’il n’y a pas de cellules, il y a des grilles, barbelés, policiers et pas de liberté de mouvement. À plusieurs reprises, notamment en juillet 2016, la France a ainsi été condamnée par la Cour européenne des Droits de l’homme pour des « pratiques dégradantes » à l’encontre des enfants enfermés. » selon la Voix du Nord.

Migrants : « Le gros des opérations de secours est fait par des navires marchands ou militaires »

Selon Le Monde Les navires humanitaires ne représentent que 10 % des prises en charge. Pour autant même sans la présence des ONG, les impératifs du droit de la mer subsistent. En premier lieu, un principe universel, rappelé par la convention de Montego Bay, en 1982 : celui de l’obligation absolue de porter secours aux navires en détresse.

Dans ce même article on retrouve une analyse de la situation des migrants secourus par un navire militaire américain : « Alors que le monde avait les yeux tournés vers l’Aquarius, dont les 629 passagers, secourus dans la nuit du 9 au 10 juin au large des côtes libyennes, ont été finalement recueillis à Valence, en Espagne, après une semaine d’errance, un autre drame est passé largement inaperçu. Mardi 19 juin, deux jours après l’annonce par Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur, que les ports italiens étaient fermés aux navires humanitaires jusqu’à nouvel ordre, 41 migrants ont été secourus par un navire militaire américain, l’USS Trenton, après le naufrage de leur embarcation. Le Trenton est aussitôt entré en contact avec l’équipage d’un navire d’ONG, le Sea Watch 3, pour organiser un transbordement, et aussi coordonner une macabre tâche, celle de repêcher les cadavres aperçus à la surface — les marins américains en ont repéré une douzaine.
Lorsque le navire humanitaire se retourne vers les autorités de Rome pour s’assurer qu’il pourra ensuite débarquer les personnes secourues dans un port italien, il se heurte à une fin de non-recevoir. Sea Watch 3 n’aura donc d’autre choix que de refuser de prendre à son bord les rescapés, tandis que le Trenton, ne disposant pas d’une chambre froide, renonçait à repêcher les cadavres. Après une semaine de péripéties diverses, les rescapés recueillis par le Trenton, ainsi que 480 autres migrants, ont été débarqués en catimini, mardi 19 juin au soir, dans le port de Pozzallo (au sud de la Sicile) depuis un navire de gardes-côtes italiens. Combien de personnes ont été englouties dans le naufrage ? Nul n’en saura jamais rien avec certitude. »

Interview du défenseur des droits sur l’accueil des exilés

Dans une interview pour le JDD relayé par Le Monde, le défenseur des droits Jacques Toubon critique la réponse de la France sur la situation migratoire. Il considère que la France aurait dût accepter l’Aquarius.

Le Défenseur des droits a par ailleurs plus généralement déploré que « la peur » et l’idée « fausse » d’une « submersion » migratoire « guident les opinions et les choix politiques ».

Il a aussi déclaré « Il faut que la vérité et la raison reprennent le dessus sur les préjugés et les émotions pour que soient respectés scrupuleusement les droits fondamentaux », a exhorté M. Toubon.

USA : l’administration qui a séparé les enfants de leurs parents n’a rien prévu pour qu’ils puissent ensuite se retrouver

Comme l’explique par Libération « En vérité, l’administration qui a séparé les enfants de leurs parents n’a rien prévu pour qu’ils puissent ensuite se retrouver. Rien. Parents et enfants se trouvent séparés dans des lieux différents de détention ou de rétention, aux Etats-Unis ou ailleurs, gérés par des administrations différentes, qui ne communiquent pas entre elles. La pression médiatique et politique a réussi, la semaine dernière, à faire reculer Trump : parents et enfants ne seront plus détenus séparément, mais (comme en France, par exemple), ensemble. Mais elle n’a rien prévu pour le cas des familles déjà séparées. »

Christian Salomé, L’Auberge des Migrants
Pierre Jothy, L’Auberge des Migrants
Oscar Léonard, Help Refugees

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