10 questions pour mieux comprendre la médiation

La médiation est un métier encore méconnu. Pourtant, il peut être d’une grande utilité pour les personnes et pour les organisations. Voilà en quoi il consiste.

Alvaro Echanove
ThirdChair
5 min readNov 19, 2018

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Le médiateur crée un pont de communication entre les parties en conflit

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1. Dans quelles situations peut-on aller en médiation ?

Dans toute situation de conflit susceptible d’être résolue par une entente entre des personnes, des groupes de personnes, des entreprises, des associations, des États...

Des exemples ?

  • Un différend relatif à un contrat dans une relation d’affaires
  • Des frictions au sein d’une équipe de travail
  • Un manque de communication avec un partenaire commercial ayant mené à des pertes financières
  • Un couple divorcé qui se dispute pour la garde d’un enfant
  • Un conflit de voisinage…

La médiation permet de chercher une solution tout en préservant l’équipe ou la relation.

C’est un mode particulièrement adapté pour les situations dans lesquelles une interdépendance forte rend la négociation indispensable.

2. Dans quelles situations ne peut-on pas aller en médiation ?

Dans les situations où la solution n’appartient pas aux parties, notamment dans le domaine pénal.

On ne peut pas s’entendre avec un criminel sur le nombre d’années qu’il devrait passer en prison.

Heureusement, d’ailleurs

3. Concrètement, qu’est-ce qui se passe quand on décide d’aller en médiation ?

Le médiateur rencontre d’abord les parties individuellement.

C’est l’étape des pré-médiations.

On prépare le terrain pour les rencontres plénières : on se présente, on détaille le processus, on répond aux questions.

Les parties sont ensuite prêtes à se rencontrer autour d’une table, en présence du médiateur.

Le médiateur encadre les échanges entre les parties

C’est la médiation proprement dite qui commence.

On exprime nos points de vue et nos intérêts.

On explore toutes les options de solutions.

On négocie.

Grâce au médiateur, qui est garant du cadre, le ton reste respectueux et constructif.

Chacun peut s’exprimer librement, mais chacun s’engage à écouter l’autre.

On chemine vers une entente mutuellement satisfaisante.

4. C’est tout ? On jase ? Les médiateurs sont formés à nous faire parler ?

D’une certaine manière, oui. On dit que les médiateurs sont accoucheurs, dans la mesure où ils aident les parties à donner vie à leur propre solution.

Cependant, ils le font en mettant en place des processus structurés, avec des étapes claires et des règles de communication bien établies. On ne s’improvise pas médiateur.

5. Si vous le dites… Mais alors, comment devient-on médiateur ?

Tout d’abord, on se forme dans les meilleures institutions : Université de Sherbrooke, Programme de Négociation de Harvard, Institut de Formation à la Négociation et à la Médiation de Paris.

Dans ces établissements, on étudie les étapes de la médiation. On apprend l’écoute active. On fait des cas pratiques. On étudie des cas d’école.

On s’exerce à être neutre et impartial. Ensuite, c’est l’expérience qui fait le reste.

6. D’accord. Le médiateur est un professionnel de l’écoute qui nous fait négocier. Mais moi je suis pressé. Ça dure combien de temps, cette affaire ?

Ça dépend de la volonté des parties et de la complexité de l’affaire, mais ça peut aller très vite. L’avantage par rapport aux tribunaux est qu’il n’y a pas de délais administratifs.

Si vous voulez régler, et si votre agenda vous permet d’enclencher rapidement le processus, ça peut être réglé en quelques jours (si l’autre partie se prend au jeu, bien sûr).

La médiation est souvent moins chère et plus rapide que le procès

7. Et les coûts ?

D’une manière générale, ils sont considérablement moins élevés que ceux d’une action en justice ou d’un arbitrage. En outre, les honoraires du médiateur sont partagés entre les parties.

Cependant, vous pouvez toujours choisir de faire autrement.

Par exemple, si une partie a des moyens financiers plus étendus que l’autre, elle peut assumer une plus large part des coûts de la médiation, sans que cela n’affecte l’impartialité du médiateur.

8. Une fois que l’on est engagé dans le processus, on ne peut plus se retirer ?

Vous pouvez vous désister à tout moment.

La médiation est un processus libre et volontaire.

Le principe est celui de la coopération. Ce serait contradictoire et inefficace de forcer quelqu’un à coopérer, vous ne trouvez pas ?

9. Est-ce qu’on peut faire ça discrètement ?

Les parties et le médiateur sont tenus de ne rien révéler de ce qui se dit dans la salle de médiation.

La médiation est un processus confidentiel.

Selon nous, c’est une manière de garantir que la parole soit libérée, pour aboutir à des solutions créatives. C’est également une manière de préserver une réputation en évitant d’attirer les curieux et les bruyants.

L’entente elle-même peut aussi demeurer confidentielle. Cependant, c’est toujours le même principe : c’est vous qui décidez. Si vous voulez que votre entente soit rendue publique, on ne vous en empêchera pas.

10. C’est confidentiel. C’est privé… C’est un peu comme l’arbitrage, non ?

Pas du tout. C’est l’inverse de l’arbitrage puisque la décision vous appartient entièrement et qu’elle n’est pas fondée sur des règles de droit.

Personne ne décide à votre place. C’est une négociation assistée.

La médiation vise à faire émerger des solutions créatives

(On a négocié une onzième question)

11. Et l’entente, elle consiste en quoi ?

C’est un contrat entre les parties.

Sa seule limite, c’est l’ordre public, c’est-à-dire un ensemble de règles immuables de la société, imposées par la loi ou par le juge. Par exemple, l’entente ne peut pas consacrer la vente de drogues ou le trafic d’humains.

Heureusement, d’ailleurs.

En revanche, on peut s’entendre sur

  • des sommes d’argent,
  • un transfert de propriété,
  • des comportements à adopter dans le futur,
  • des règles de communication à respecter,
  • un nouveau partenariat commercial,
  • un don, un pardon,
  • des excuses, une reconnaissance de faute,
  • des valeurs et des principes communs…

On ne vous le répètera jamais assez : c’est vous qui décidez.

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