Chacun sa route, chacun son chemin ! — Tour de France J1
Retour sur deux mois d’immersion terrain
Laura, reporter embarquée dans le Tour de France Ticket for Change nous raconte l’expérience au plus proche des participants. Chaque jour, vivez le Tour #TfC16 dans les yeux des graines d’entrepreneurs et suivez leur évolution !
Jour 1. Ça y est, c’est le grand jour ! Sac sur le dos et Ticket (for change) à la main, ils sont cinquante, impatients d’embarquer pour une aventure entrepreneuriale qui va sans doute impacter leur avenir professionnel. Tous ont une idée de projet pour résoudre un problème de société, tous souhaitent la concrétiser pour préparer le monde de demain. Au programme : un Tour de France de 10 jours à la rencontre des pionniers du changement pour passer de l’idée à l’action.
Après trois jours de lancement début juillet et deux mois d’immersion terrain où les participants ont pu interviewer les potentiels utilisateurs et bénéficiaires de leurs projets, les voilà à nouveau réunis à Lyon pour débuter le tour. Les 50 entrepreneurs du cru 2016 sont au rendez-vous ce 25 août, accueillis par une équipe tout aussi motivée au siège du Groupe CEGID.
Autour du café-croissant de bienvenue, je croise la pétillante Peggy. Débordante d’enthousiasme, cette jeune maman de 36 ans est déterminée à profiter pleinement de ces 10 jours pour attaquer sa rentrée sous le signe de l’action.
Originaire de Normandie, Peggy quitte le nid familial après son bac et travaille pendant quinze ans à la gestion de grands magasins de prêt-à-porter. Mais ici l’humain est laissé en arrière plan. Secrètement elle aspire à autre chose. Elle reprend alors ses études. Master Ingénierie et Conseil en Formation en ligne de mire, elle touche du doigt le principe de l’économie circulaire et travaille notamment sur un projet d’ouverture d’une ressourcerie. L’idée de changer de vie la travaille et dans le même temps, elle se marie, met au monde une petite fille et s’installe dans une belle maison.
Et puis un jour tout fout le camp. Plus question de gaspiller son énergie à un job vide de sens. Elle prend alors un nouveau départ, avec sa fille aujourd’hui âgée de 3 ans et son petit chat. D’abord s’installer ailleurs, là où elle se sent bien. Ce sera Saumur. Puis adopter un mode de vie plus sain. Vélo, marchés locaux, bons produits. Une “sobriété heureuse”, en somme. Enfin, se construire une vie professionnelle alignée avec son mode de vie. Dans laquelle elle peut s’épanouir en tant que femme. Forte, indépendante et engagée.
C’est décidé, elle servira le développement durable et local de sa région d’adoption. Elle a observé que la bio-méthanisation (procédé qui transforme de la matière organique en gaz) était une solution durable et propre pour la production d’énergie. Elle a aussi observé que bien souvent, on se sert de fruits et légumes encore consommables en guise de matière organique. Une aberration ! Son idée : récupérer auprès des restaurateurs des biodéchets et les échanger contre les produits consommables dont se servent les usines de méthanisation, qu’elle transformera en aliment (conserve, jus, glace). Tout le monde y trouve son compte !
Wow. Quelle pêche ! Peggy y croît dur comme fer, c’est une solution qui va porter ses fruits. :)
Ces deux mois d’immersion terrain inclus dans le programme TfC ont été pleins de belles surprises et l’ont d’ailleurs confortés dans son idée. Elle a notamment rencontré une ingénieure agronome sur l’étal du marché et qui se trouve être très intéressée pour lui donner un coup de main. Peut-être une future partenaire? Mmmh. Il se passe de bien belles choses lorsqu’on se laisse porter par le hasard de la vie.
Elle me livre également ses doutes, ses questionnements : « si mon projet n’aboutit pas d’ici à un an et demi, date butoir de mes indemnités de chômage, j’ai peur de devoir tout abandonner pour pouvoir gagner ma vie. Le temps passe tellement vite. » Des doutes, Peggy n’est pas la seule à en avoir. Je m’immisce discrètement dans un cercle de partages d’apprentissages suite à ces deux mois et récolte les confidences de plusieurs participants. « Je suis paumée, j’ai des idées dans tous les sens, j’ai besoin de me recentrer pour aborder l’avenir de manière plus sereine. » « C’est pesant d’être seul, j’ai de gros choix à faire et j’y arrive pas. » « Je croyais être très avancée mais en fait non, quand je parle de mon projet les gens ne comprennent pas. » « Certaines rencontres m’épuisent, j’ai besoin d’être plus forte, plus déterminée. » « Ça fait du bien de me livrer à vous, sans être jugé. »
Heureusement, Ucka* est là pour rassurer nos graines d’entrepreneurs. « On vous a envoyé en mission, on vous récupère maintenant, vous arrivez avec des météos différentes. On va vous aider à transformer tout ça en apprentissage. Ces difficultés font partie du processus. » Être entrepreneur, c’est savoir accepter le chaos puis surfer sur la vague, improviser. Tout est question de posture !
Jean-Michel Monin, directeur général de la Fondation CEGID, fier partenaire de l’aventure, vient donner une dose d’inspiration à nos futurs acteurs du changement : « si on ne nous prépare pas à laisser venir le hasard, on ne prendra pas le risque de bouger les lignes de ce qu’on a déjà accompli. Tout réside dans l’agilité, la capacité à tout moment de profiter d’une rencontre, d’un paramètre qui va tout chambouler. On a tous des itinéraires différents, et si on a l’audace, l’agilité et l’idéal, on pourra déplacer des montagnes. »
« Le mode improvisé est comme le flux de la vie : une suite de carrefours à multiples voies et il ne tient qu’à nous d’emprunter un nouveau chemin. »
Olivier Maurel** donne le mot de la fin qui résume un peu l’apprentissage du jour : « accueillons l’inconnu » !
L’aventure promet d’être pleine de rebondissements. Et vous, quel conseil donneriez-vous à nos aventuriers ?
- Ucka Ludovic ILOLO est chorégraphe d’entreprise. Il utilise le mouvement comme outil pédagogique. Il a fondé O In Motion.
** Olivier Maurel est praticien en processus d’intelligence collective. Il a fondé Co-gîtons.