Alain d’UpUp-Communities (Une Bonne Action)

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6 min readJun 9, 2020

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Rachel (R) : “Comment aimes-tu qu’on te présente ?”

Alain (A) : Je m’appelle Alain Kheeroo. Je suis entrepreneur social : j’ai dirigé une entreprise d’insertion, je suis engagé dans le mouvement associatif et dans tous les projets issus de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).

R : Pourrais-tu nous présenter ton projet en quelques mots… Pour une personne qui n’a jamais entendu parler de toi, pourrais-tu également faire la distinction entre Une Bonne Action et UpUp-Communities ?

A : Un jour, j’ai rencontré une dame qui fouillait dans les poubelles. Elle est tombée dedans et la poubelle s’est renversée. Elle essayait de récupérer les restes d’un supermarché car sa retraite ne lui permettait que de payer son loyer. Dans la même journée, je suis allée à Porte de la Chapelle. J’y ai vu des personnes qui vivaient dans des conditions précaires, faisaient la queue pour se nourrir et trouver un endroit pour dormir.

J’ai alors réuni 2 amis, et nous avons collecté un peu d’argent pour acheté des kebabs. Nous avons expliqué notre démarche au gérant qui a doublé les quantités. Nous nous sommes mis en route pour Porte de la Chapelle. Seulement, nous avions déjà distribué tous les sandwichs avant d’arriver là-bas. C’est comme cela qu’a vu le jour Une Bonne Action.

La mairie du 2ème arrondissement de Paris nous a soutenu et nous a permis de récupérer les restes des cantines scolaires. Avec un bénévole, nous avons commencé à organiser des distributions de repas. Ensuite j’ai fait appel à des organisations que je connaissais. J’ai ainsi pu avoir des trousses d’hygiène, des vêtements. Mais nous manquions de bénévoles. D’autres associations faisaient appel à nous : nous avons fourni Emmaüs, Utopia56, Médecins du Monde. Nous avons ensuite commencé à avoir beaucoup de produits alimentaires et de plus en plus de volontaires.

Rattaché à Une Bonne Action, UpUp signifie « Un produit — Un projet »

Suite à une ou deux saisons, je me suis dit qu’après leur avoir donné à manger et de quoi se vêtir, il fallait trouver un moyen de les former. Cela est valable pour les personnes réfugiées mais aussi pour les chômeurs de longue durée. J’ai voulu créer des activités, qui leur permettent d’avoir des horaires et de se réunir. C’est ce qui a donné naissance au programme UpUp-Communities dont la finalité est de trouver des financements et donc créer une communauté autour d’un projet. Rattaché à Une Bonne Action, UpUp signifie « Un produit — Un projet ». Nous créons des ateliers de production d’objets de décoration ou de cadeaux qui vont être fabriqués à partir de matières premières recyclées, c’est-à-dire de matériaux qu’on trouve dans la rue. Il y avait une autre question : celle de la création d’activité dans leur pays d’origine en travaillant avec des artisans qui ont un savoir-faire mais qui n’arrivent pas à gagner leur vie. Par exemple, à Madagascar, ils créent des tableaux qu’ils n’arrivent pas à vendre. Ils les fabriquent à partir de matières premières locales. Ainsi, nous récupérons ces tableaux et grâce des matériaux utilisés, nous fabriquons un cadre qui va permettre de le valoriser. C’est une manière de stimuler l’activité là-bas tout en alimentant la nôtre. Les deux parties vont avoir besoin l’une de l’autre.

Pour créer des objets, il faut les vendre. C’est pourquoi, nous mettons les objets en prévente. Nous avons établi un tarif unique de 30€ qui finance l’organisation de l’atelier. Cela garantit la pérennité de l’entreprise. Nous avons, au sein de notre équipe, une designer qui va proposer aux acheteurs plusieurs produits pour savoir lequel ils préfèrent et orienter notre production. Nous avons aussi à cœur de développer la partie écologique en proposant aux clients d’acheter des produits locaux. Par exemple, si nous avons des clients intéressés par le même produit à Marseille, nous allons essayer d’y implanter un atelier. On bénéficie d’un réseau international, dont je fais partie, qui promeut nos projets à grande échelle.

Il existe d’autres programmes au sein d’Une Bonne Action tels que des collectes de matériel scolaire ou encore de produits alimentaires.

R : Quel est ton rôle au sein de l’organisation ?

A : Je suis Fondateur et Président d’Une Bonne Action et du programme UpUp-Communities.

R : Comment en es-tu venu à faire cela?

Le premier projet était un atelier de production d’objets à Montreuil

A : Il y a une histoire personnelle derrière cet engagement. J’ai vu la pauvreté dans mon enfance. Travailler pour la lutte contre cette pauvreté et aider ceux qui en ont besoin, c’est un give back, une manière de donner en retour par rapport à ce que j’ai reçu. Quand mes enfants ont grandi, il y a une quinzaine d’année, je suis passé dans l’ESS et j’ai dirigé une entreprise d’insertion. On parlait, avant l’ESS, de microcrédit, notamment via Mohammad Yunus et Grameen Bank. Quand cela a commencé, les entreprises d’insertion se sont mises à donner du travail à des personnes ayant des difficultés à accéder au marché : chômeurs de longue durée, personnes en situation de handicap. Au fil des années, les projets se sont développés autour d’événements, les choses évoluent plus vite. On a eu l’arrivée de personnes réfugiées, un appauvrissement des personnes les plus défavorisées, des travailleurs aussi. Je me suis demandé comment je pouvais aider. Le premier projet était un atelier de production d’objets à Montreuil qui a employé jusqu’à 50–60 personnes. L’objectif était de permettre à des personnes éloignées du monde du travail de se remettre le pied à l’étriller. Cela leur permettait également de faire des demandes de logement car il ne s’agissait pas uniquement d’une réinsertion professionnelle.

R : Qu’est-ce que tu veux changer dans la société?

A : Notre projet est de lutter contre la pauvreté, faire de notre mieux pour que les personnes en difficulté d’insertion dans la vie puissent trouver un revenu, aider des personnes à se nourrir, à ne pas s’expatrier au risque de leur vie. Dans le cadre de ces ateliers, nous avons mis en place une école où nous collectons des cahiers pour les enfants des artisans que nous faisons travailler. Une personne qui achète l’un de nos produits est aussi sensibilisée à la récupération des produits (cahiers, crayons non utilisés). Quant à l’écologie, nous utilisons des matériaux recyclés. Nous souhaitons créer un cercle vertueux ici et là-bas.

R : Qu’est ce que ton travail t’apporte?

A : Une grande satisfaction. J’ai constaté que l’Homme n’avait pas besoin de religion ou de doctrine pour faire le bien. Je crois que l’être humain est bon et que, s’il le peut, il donne. Je ne pourrai jamais rendre à la vie ce qu’elle m’a donné mais je sais que beaucoup de personnes autour de moi m’ont donné des coups de pouce (dons de livre). Cela se faisait il y a 50 ans et, aujourd’hui, il en est de même. Ce qui a changé dans la mentalité c’est l’individualisme, mais si nous alimentons cette croyance, ce sera pire. Il faut donner l’exemple. Le give-back est très important pour que nous n’arrêtions pas ce mouvement.

R : Comment participer ?

A : Pour participer, il faut aller sur le site en ligne upupcommunities.com pour découvrir nos projets. Par exemple, pour le tableau, vous pourrez choisir celui de votre choix : le motif et l’encadrement. Il suffira ensuite de procéder à l’achat. Puis, nous vous enverrons un coupon. Si la production n’a pas démarré dans le délai imparti, nous la sous-traiterons à des ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail destinés aux personnes en situation de handicap). C’est une garantie pour s’assurer que les participants bénéficieront du produit qu’ils ont financé. Nous participerons aussi à des foires et salons de l’artisanat ou de l’écologie. Enfin, vous pourrez le faire via nos ambassadeurs qui parleront du projet et notamment de ces collectes humanitaires (en lien avec Une Bonne Action).

R : Qui, selon toi, devrait être le sujet de notre prochain portrait ?

A : Je connais une personne qui fait de l’apprentissage de la langue française, elle s’appelle Dounia.

Signé : Rachel Priest
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