Interview dans Notre Temps

Les retraités bénéficieront aussi de la baisse de 10% de l’impôt sur le revenu de toutes les tranches

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Y a-t-il urgence à reporter l’âge de départ à la retraite, alors que les travaux du Conseil d’orientation des retraites constatent une amélioration de la situation du régime général?

Ce que constate le Conseil d’orientation des retraites, c’est en effet une situation des régimes de retraite qui s’améliore nettement grâce à la réforme des retraites que nous avons menée en 2010. Mais il faut poursuivre le mouvement d’augmentation de l’âge de la retraite parallèlement à l’augmentation de l’espérance de vie. Tous nos voisins européens repoussent l’âge de départ à la retraite, nous ne pouvons pas rester à l’écart de ce mouvement si nous voulons garantir la pérennité du régime par répartition. Je propose de le faire en deux temps: 63 ans en 2020 et 64 ans en 2025.

La réforme des retraites de 2010 a débouché sur une forte hausse du nombre de chômeurs âgés. Ne craignez-vous pas qu’un nouveau recul de l’âge légal de la retraite dans une période de chômage massif ait les mêmes conséquences?

Le Conseil d’orientation retraites note que le taux d’emploi des 55–64 ans a fortement augmenté depuis 2010, et que leur taux de chômage a augmenté comme celui des autres classes d’âge. Ce dont souffre notre pays, c’est d’un taux de chômage global beaucoup trop élevé, ce qui touche tout le monde.

Supprimerez-vous le compte pénibilité qui permet, notamment, d’anticiper le départ à la retraite des personnes concernées?

Le compte pénibilité, inventé par le gouvernement actuel, est une usine à gaz pour les entreprises, et n’établit pas de lien systématique entre départ anticipé à la retraite et état de santé dégradé. Il faut revenir à la logique de la réforme de 2010, et accorder le droit au départ anticipé, sur avis médical et non au travers de critères administratifs.

Les régimes spéciaux de retraite doivent-ils être supprimés?

Oui, les Français n’acceptent plus des différences qui n’ont plus de raison d’être dans le monde actuel.

Vous voulez libéraliser totalement le cumul emploi retraite, mais de nombreux seniors finissent leur carrière au chômage, comment favoriser leur retour à l’emploi ? Jusqu’à présent les dispositifs mis en œuvre n’ont pas vraiment permis d’inverser la tendance à l’éviction des seniors du monde du travail?

Encore une fois, le taux d’emploi des 55–64 ans augmente fortement, il était de 40% en 2010 et il est maintenant de 50%: c’est en augmentant l’âge de la retraite qu’on améliore l’emploi des seniors. Quant au cumul emploi-retraite, je l’ai largement favorisé par la réforme de 2009 et il s’est fortement accru depuis lors, apportant des libertés nouvelles aux retraités. Il faut aller au bout de la logique et l’autoriser pleinement.

Certaines mesures ont particulièrement pénalisé les retraités les plus modestes : la suppression de la demi-part fiscale des veuves, par votre gouvernement en 2008, ou la fiscalisation des avantages familiaux accordés aux parents de familles nombreuses, par l’actuelle majorité. Reviendrez-vous sur ces mesures?

Il faut tout d’abord rétablir la vérité sur la demi-part dite des veuves car, contrairement aux idées reçues, ce dispositif n’a jamais été supprimé. Le régime de la demi-part supplémentaire a été créé en 1945, afin d’aider les veuves de guerre sans pension de retraite. Dans le contexte de la crise de 2008, nous avons su sauver les retraites et l’épargne de nos concitoyens. Le régime de la demi-part a alors été réservé aux personnes qui avaient effectivement élevé seules un enfant, pendant au moins cinq ans. Près d’un million de personnes bénéficient aujourd’hui du dispositif de la demi-part.

En 2014, l’actuelle majorité socialiste, dans le délire fiscal qui la caractérise, a fiscalisé les majorations de pension de retraite prévues pour les retraités ayant eu au moins trois enfants. Dans le délai d’une année, quatre millions de foyers ont alors vu leur impôt augmenter en moyenne de 300€! Comme cela ne suffisait sans doute pas, une nouvelle taxe sur les pensions de retraites a été créée: la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie, qui vient s’ajouter à la CSG et à la CRDS.

Mon programme est simple: baisser les impôts pour tout le monde, y compris pour les retraités. Les retraités bénéficieront donc aussi de la baisse de 10% de l’impôt sur le revenu de toutes les tranches.

Par ailleurs, s’agissant des impôts locaux, le régime actuel de maintien des exonérations totales pendant deux ans sera revu: la durée de l’exonération sera étendue et les collectivités auront également la possibilité de pouvoir décider de leur maintien, au-delà de cette période.

Comment rendre du pouvoir d’achat aux retraités?

Je m’engage à ne pas geler les pensions — je rappelle que la France a été l’un des rares pays d’Europe à ne pas le faire au plus fort de la crise budgétaire en 2010–2011. J’estime en effet que le pouvoir d’achat des retraités doit être protégé.

Vous voulez exonérer de taxation les successions en ligne directe jusqu’à 400 000€. Quel est l’intérêt pour l’Etat de se priver de ces ressources?

Il faut avoir une vue d’ensemble: en France, nous avons l’ISF, la fiscalité de l’épargne la plus défavorable d’Europe et enfin, du fait des mesures prises depuis 2012, un régime des droits de succession qui s’est considérablement durci.

De manière générale, je souhaite donc que notre fiscalité du patrimoine ne soit plus déconnectée de celle de nos principaux partenaires européens. En Italie, seule la fraction du patrimoine au-delà de 1 million d’euros fait l’objet d’une taxation et à un taux extrêmement faible. En Allemagne, l’abattement pour les successions en ligne directe est de 400 000€ par part. Il n’y a aucune raison d’avoir un régime qui soit plus défavorable.

Aujourd’hui, de nombreux retraités modestes renoncent à des soins en raison du montant des mutuelles, prendrez-vous des mesures afin d’alléger ce coût?

La généralisation de la complémentaire d’entreprise, mise en œuvre par le gouvernement actuel, conduit à accroître la segmentation du marché de la complémentaire santé et va augmenter fortement le coût de la complémentaire pour les retraités. Or, pour les retraités les plus modestes, le coût de la santé (cotisation complémentaire plus reste à charge) dépasse déjà 10% de leurs revenus. Il y a donc un risque que de nombreux retraités doivent renoncer à leur complémentaire.

Pour cette raison, je propose d’améliorer sensiblement l’aide à la complémentaire santé, ce chèque santé versé aux ménages qui n’ont pas le droit à la CMUC parce que leurs revenus sont au-dessus du plafond. Je propose d’y consacrer 300 à 400 millions d’euros, en priorité destinés aux retraités les plus âgés, pour qui les tarifs des complémentaires sont les plus élevés.

Comment réduire le reste à charge des personnes hébergées en ehpad ?

Face aux enjeux de la dépendance, nous voulons d’abord permettre aux Français de vivre le plus longtemps et dignement possible à domicile. C’est la raison pour laquelle je propose l’exonération totale de charges sur les emplois familiaux. Je souhaite créer une aide à l’hébergement pour les personnes âgées dépendantes en maison de retraite, récupérable sur les successions, dont le niveau varierait en fonction des revenus. Son coût global sera de 500 millions d’euros. Parallèlement, nous devons préparer un grand plan de création de places dans les maisons de retraite, pour anticiper l’arrivée aux âges les plus élevés des premières générations du baby-boom, à partir de 2025.

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