Mortaza de Bobines du Monde

#acteursduchangement #18

Tido — tell it differently !
Tido Media
4 min readSep 7, 2017

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Julia Madec : “Comment aimes tu qu’on te présente ?”

Mortaza Behboudi : “Je m’appelle Mortaza, j’ai 23 ans, et je suis actuellement Etudiant en France en Master de Relations Internationales à la Sorbonne. A côté de mes études, je suis journaliste et photographe indépendant et je publie notamment des articles sur Mediapart, sur l’œil de l’Exilé et je collabore avec quelques médias français et russes dans le cadre de piges ponctuelles. Je suis également bénévole dans une vingtaine d’associations à Paris.

Je suis quelqu’un de très curieux, et cela m’a beaucoup aidé lorsque je suis arrivé en France en Juin 2015. Je ne me suis pas dit « Je suis demandeur d’asile, je ne peux rien faire ». J’avais ma carte de presse, je suis allé en conférences de presse sans me poser de question. 3 semaines après mon arrivée, j’étais accueilli à la Maison des Journalistes, qui fournit un soutien et un lieu sûr aux journalistes qui ont dû fuir leur pays d’origine à cause de leur travail.

J’ai obtenu le statut de réfugié le 21 décembre 2015, le jour de mes 21 ans : une journée assez mémorable car l’après midi même j’ai su que j’étais accepté à l’Université Paris 1.”

Mortaza à l’Unesco, dans le cadre de la journée mondiale de la presse

J : “Quel est ton rôle au sein de l’organisation Bobines du Monde ?”

M : “Je suis chargé de partenariats. C’est mon ami Behzad, Président de Bobines du Monde, qui m’a proposé d’être membre. J’ai notamment mis en place le partenariat avec la Mairie de Paris pour projeter l’avant première de notre film qui s’appelle « France Terre d’Amour ». Au début, les gars de l’équipe ne pensaient pas qu’on pourrait faire une soirée de lancement à l’Hôtel de Ville. J’ai écrit à l’adjoint… et cela a été possible. Pour moi, tout est possible, il faut essayer !”

J : “Comment en es-tu venu à faire ce film ?”

M : “Ça a commencé en Janvier 2017, lors d’un voyage d’études à Athènes pendant 10 jours. Je suis allé dans les camps de réfugiés pour filmer la situation. J’ai collecté toutes les vidéos et j’en ai fait un documentaire qui s’appelle « Attendre » (The Waiting). Il y avait des bénévoles français et j’ai parlé avec cette fille, Sarah. L’attente, dans le camp de Skaramagas, à une heure d’Athènes, est constante, avec 15 bénévoles seulement pour 3000 réfugiés.

Avec les autres membres de Bobines du Monde, on voulait donner la parole à ces gens là, pour qu’ils racontent leur histoire. On s’est alors dit : “pourquoi pas en faire un film ?” On voulait faire des projets comme ça pour que les réfugiés aient la parole. Mon premier documentaire a ensuite été sélectionné pour participer au festival de Cannes 2017 dans la catégorie des courts-métrages hors compétitions.”

J : “Qu’est ce que tu veux changer dans la société ?”

M : “Il est impossible de comprendre la réalité et ce qui se passe en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Yémen, dans certains pays d’Afrique… sans avoir la contribution des voix locales et des reporters locaux. Allez vers ceux qui viennent d’arriver. C’est une belle expérience, une chance d’apprendre et de les conseiller, et on peut ainsi comprendre leur situation, la réalité et pourquoi ils sont là. C’est un « win-win ».

Je voudrais aussi changer la façon dont on perçoit les personnes réfugiées plus globalement — les gens ne viennent pas par choix. Et ça peut arriver à tout le monde.”

J : “Qu’est ce que ton travail t’apporte ?”

M : “C’est une expérience pour moi. Je ne pensais pas pouvoir faire des choses comme ça en tant que demandeur d’asile ou personne réfugiée. Ce n’est pas mon choix d’être ici en France, mais je veux en apprendre un maximum.

C’est aussi la rencontre avec les gens, le côté humain, relationnel. Ça m’intéresse beaucoup. Parler avec des gens de n’importe quel profil, écouter les gens, être entendu. Je comprends maintenant quand je parle avec des Syriens, des Erythréens… ça m’intéresse beaucoup d’apprendre des choses sur les pays africains aussi par exemple. En fait j’adore apprendre, toutes les heures, toutes les minutes…”

Une partie de l’équipe de Bobines du Monde

J : “Peux tu nous décrire un aspect génial de l’avenir souhaitable ?”

M : “J’aimerais bien travailler dans la communication humanitaire, pour informer et apprendre des choses sur le terrain. Il y a des problèmes partout : enfants soldats, mariages forcés… il faut continuer à informer les gens sur ces situations.

Et toujours apprendre des choses. Pour moi, c’est ça la vie. Apprendre… et enseigner sur le développement humain. Ce sera la thématique de mon PhD que je commence l’année prochaine à Harvard.”

J : “Qui, selon toi, devrait être le sujet de notre prochain portrait ?”

M : “Lucile Froitier du Jesuit Refugee Service !”

Signé : Mortaza Behboudi, action man ; Julia Madec, wonderwoman.

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Média collaboratif où se retrouvent des histoires sur l’asile qu’on n’a pas l’habitude d’entendre …