Trump n’éteindra pas ma flamme

Tristan Kochoyan
TurnThePowerOn
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3 min readNov 10, 2016
Ce texte était au départ un post Facebook (lien en bas), puis je l’ai envoyé par e-mail à tous les amis de Power:On. Finalement je le poste ici, en espérant qu’il puisse atteindre le plus de personnes possible, qui se battent pour changer le monde. On ne lâche rien !

Fired up, ready to go.

C’est fait. Trump a gagné. Je suis sidéré. Cet homme va à l’encontre de tout ce en quoi je crois, et je me suis littéralement réveillé avec un très gros mal de crâne. On aurait tôt fait de vaciller dans le désespoir en pareil instant. Mais je suis convaincu que nous devons faire exactement l’inverse.

Voici quelques mots que j’aimerais partager avec vous.

Il y a 4 ans, j’ai décidé de lancer ma startup pour apporter l’électricité au habitants les plus pauvres de la planète. Ça fait maintenant plus d’un an que le réseau de Power:On fonctionne à Igbérè. Mais croyez-moi quand je vous dis que rien — vraiment rien — ne s’est passé comme prévu. Ces projets, dans des régions pauvres et isolées, sont toujours compliqués. Sans parler des problèmes techniques, on a toujours tort de penser que nos solutions intéresseront vraiment les gens. Comme on dit : “Your solution is not my fucking problem”.

C’est ce qui fait la beauté de l’entrepreneuriat et de ce projet en particulier. Si ce qu’on fait ne convient pas aux gens, on fait faillite. C’est radical, c’est simple, il n’y a pas de juste milieu. Il faut de l’écoute, un dialogue constant pour vraiment comprendre. Et c’est là que ça devient intéressant. C’est dans ces moments qu’on réalise qu’il faut abandonner ces putains d’Excel et les prez Powerpoint, et que je kiffe de ne pas bosser à La Défense.

« Mon papa m’a abandonné à ma naissance, ma mère et moi. Je n’ai vraiment pas eu de chance parce qu’à 10 ans je l’ai perdue, elle aussi. Je suis donc resté avec mon oncle. Ses enfants allaient à l’école, mais pas moi : comme je n’avais pas de père, je n’avais pas le choix. J’allais souvent travailler au Nigéria. Une fois, j’ai réussi à économiser et j’ai pu acheter un vélo. Mais quand je suis revenu au village, mon oncle l’avait vendu pour aller boire. Depuis, j’ai enfin pu partir de chez cet homme, et ça va beaucoup mieux. J’ai aujourd’hui deux femmes, et mes huit enfants vont à l’école. Les affaires marchent très bien, je vends de l’essence et des motos d’occasion. Grâce à l’électricité, je peux vendre jusqu’à 23h30. Je vais aussi pouvoir construire et louer quelques maisons pour les gens de passage, avec le courant, ça marchera bien. » Humans Of Igbérè — Jérôme

Abraham a besoin d’électricité pour faciliter son travail dans ses pépinières de teck. Zaché aimerait que son fils travaille avec nous. Jérôme est un orphelin qui s’est battu toute son enfance contre un oncle abusif, mais qui est devenu un des meilleurs entrepreneurs du village. Quant à Evelyne, c’est à la mort de son mari qu’elle a décidé de suivre des formations pour lancer son propre business. Son chiffre d’affaire est passé de 20.000 à 50.000 FCFA par jour avec l’électricité, une petite fortune ici.

« Être une femme seule ici n’est pas facile, mais à la mort de mon mari j’ai décidé de ne pas baisser les bras. J’ai suivi des formations pendant plusieurs années et je gère aujourd’hui la plus grande boutique du village. Je suis aussi très impliquée dans la tontine mise en place avec les femmes d’Igbérè. On se serre les coudes. Les affaires marchent bien, et j’ai commencé la construction d’une buvette et d’un atelier pour un moulin qui pourront fonctionner grâce à l’électricité du réseau. » Humans Of Igbérè — Evelyne

On a tous des instants de découragements, de fatigue, des envies d’abandon. J’ai parfois l’impression que nos belles histoires saoulent en fait tout le monde. Le chemin est encore si long rien que pour atteindre les 20.000 inscrits sur le site, et je n’ai toujours pas de salaire depuis 2012… Et le monde autour de nous semble devenir complètement fou ! La haine, le mépris, le racisme, le sexisme permettent désormais à un apprenti despote d’accéder à la Maison Blanche.

C’est dans ces moments là qu’il faut se rappeler de pourquoi on fait ce qu’on fait, et pour qui on le fait. Nos belles histoires, les récits des Humans Of Igbérè, ils sont avant tout pour moi. Ils sont la preuve que tout ce temps n’a pas été perdu. Et qu’il faut y croire. Et j’y crois vraiment.

Il se trouve que je crois aussi que nous tous, Humans from all over the world, devons absolument nous battre contre tout ce que Trump représente, pour montrer que ses valeurs ne sont pas celles que nous voulons voir prospérer dans le monde. Nous devons, aujourd’hui plus que jamais, nous engager pour de belles causes et partager notre énergie positive. C’est comme ça qu’on changera le monde. Fired up, ready to go!

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Tristan Kochoyan
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