Les chercheurs azuréens propulsés dans l’aventure du véhicule autonome

laurie Chiara
UCA Labs stories
Published in
4 min readDec 7, 2017

--

C’est le scénario anticipé par tous les fabricants automobiles : la voiture autonome. Certaines grandes villes, comme en Corée, réaménagent déjà les autoroutes et des chercheurs du MIT invitent les urbanistes à repenser l’organisation des villes à l’horizon 2037.

Dans le périmètre d’Université Côte d’Azur, le fabricant Renault a installé en 2017 son centre de R&D « Software Labs » à Sophia Antipolis. Dédié au véhicule autonome, ce site s’appuie sur l’expertise des équipes spécialisées dans le logiciel embarqué d’Intel et sur celle des instituts de recherche comme Inria ou le laboratoire I3S. Amar Bouali, responsable du centre de référence de l’IDEX UCA JEDI « Défis du numérique » et chercheur Inria, revient sur la potentielle implication des chercheurs azuréens dans l’aventure du véhicule autonome.

La collaboration avec Renault Software Labs s’est-elle présentée comme une évidence?

Le domaine des véhicules autonomes et connectés est une grande opportunité aujourd’hui. C’est une aventure industrielle qui nécessite des compétences diverses et UCA a des potentialités fortes pour y répondre. Avec Renault Software Labs, c’est tout un système qui est en train d’être mis en place. Une dynamique s’installe en région. Les entreprises ont pris conscience de l’importance de se tourner vers le monde académique pour trouver de nouvelles idées. Nous allons entrer dans une série d’échanges, dans lesquels on va rapprocher les personnes en charge de l’ingénierie des voitures du futur avec des équipes de recherche et d’experts. Nos objectifs consistent en la signature de contrats de collaborations, la réalisation de transferts de technologies, l’ouverture d’études doctorales, de stages, l’extension de l’offre de formation.

Renault annonce la commercialisation de ses premiers modèles en 2020. Travailler avec une échéance aussi brève est-elle une contrainte nouvelle pour la recherche?

En recherche appliquée, nous sommes habitués aux challenges du monde réel. Il n’y a aucune difficulté à travailler sur du court terme. D’un autre côté, nos experts seront en mesure de dire si une technologie « mérite » un peu plus de temps ou pas. Ils donneront à Renault une configuration de ce qu’il est possible de faire ou non.

N’oublions pas non plus qu’un véhicule connecté l’est à quelque chose et à quelqu’un. La Ville, avec ses infrastructures, ses habitants, ses commerces sont donc aussi des acteurs importants.

Nous ne pouvons pas faire l’économie d’une phase de cartographie des compétences, des sujets disponibles, pour pouvoir ensuite provoquer les rencontres avec les bonnes personnes.

Quelles expertises d’Inria sont-elles particulièrement susceptibles d’être sollicitées?

Là où on sait qu’il existe déjà des pré-solutions, nous serons en mesure de prototyper des démonstrateurs. Des questions un peu plus « dures » ou scientifiquement ouvertes, pourraient d’un autre côté initier de la recherche. En tous les cas, nous serons probablement sollicités, en premier lieu, sur les problèmes de sécurité, c’est-à-dire sur la sûreté de fonctionnement. Sur des réseaux ouverts, on peut en effet toujours être la cible d’une personne malveillante. Par exemple, la perte de contrôle sur un drone de grande taille pourrait évidemment provoquer une catastrophe. Mais nous présentons une expertise de haut niveau dans les domaines de la certification, du traitement des données de temps réel, de la modélisation des systèmes critiques, de la cryptologie, ou encore de l’architecture dédiée à la sécurité. Nous pouvons ensuite être amenés à travailler sur le contrôle commande. Il s’agira alors, par exemple, de donner des outils pour calculer en permanence la physique environnante du véhicule, au moyen d’algorithmes très sophistiqués. D’autres thèmes abordés seront certainement ceux de la reconstitution d’images 3D et bien évidemment de l’intelligence artificielle.

Est-il raisonnable d’imaginer dans les décennies à venir une phase de transition, où les premières voitures autonomes seraient simplement équipées d’un mode « pilotage automatique », comme les avions aujourd’hui?

Avant de basculer vers des véhicules totalement autonomes, il est probable qu’il y aura des étapes intermédiaires. Notamment, parce que les premiers engins circuleront avec des véhicules classiques, ce qui peut conduire à des situations délicates. En effet, les algorithmes, par définition, respectent le code la route…Ils pourraient donc être en quelque sorte « trompés » par un véhicule en situation « anormale » et qui de fait ne « s’entendrait » pas avec eux.

Inria a également initié un dialogue avec Airbus Helicopter. Du point de vue du chercheur, les problématiques liées aux drones diffèrent-elles de celles propres aux voitures ?

Les lois de contrôle ne seront pas les mêmes. Un véhicule évolue sur un plan en 2D et un drone en 3D. Les obstacles, les situations d’urgence, les modalités de récupération suite à un problème ne sont pas abordés de la même façon. Les turbulences et les vents ascensionnels, à titre d’exemple, sont des problèmes spécifiques au drone.

--

--

laurie Chiara
UCA Labs stories

journaliste scientifique à Université Côte d’Azur