La mousson et le climat: Quelles sont les prévisions météo?

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4 min readOct 25, 2018

Par Laura O’Connor | English version

Au moment où j’écris ceci, les vents d’Asie du Sud-Est ont changé de direction, apportant l’air humide de l’océan et provoquant des averses torrentielles sur de nombreux villes et villages : nous sommes au plus fort de la saison de la mousson (variant d’une région à l’autre, elle dure généralement de la mi-juillet à la mi-août). Il s’agit d’une période de pluies intenses qui inonde le sol des pays d’Asie du Sud et du Sud-Est, du nord de l’Amérique du Sud et, dans une moindre mesure, du nord de l’Australie et de l’Afrique de l’Ouest.

Autrement dit, près de la moitié de la population mondiale vit dans une région touchée par cette intense saison des pluies, qui fait partie de la vie intensément sensible -mais pourtant vitale- dans ces régions.

En Inde, l’un des pays les plus touchés (ainsi que les pays voisins), 75% des précipitations annuelles sont fournies pendant la mousson. Cela signifie, bien sûr, une arrivée en eau potable, mais aussi de l’eau pour la baignade, pour la récolte et la préparation des aliments, pour l’énergie hydroélectrique et pour d’innombrables autres utilisations liées à l’eau. La saison de la mousson est en fait une bouée de sauvetage pour l’agriculture qui permet d’ assurer chaque année les moyens de subsistance et la survie de nombreuses régions et communautés du monde.

La dépendance profonde à l’égard des moussons signifie qu’il suffit d’ un léger changement dans le calendrier ou dans la quantité de précipitations pour générer des conséquences chaotiques et mortelles.

Les régions touchées par les moussons, en particulier les communautés rurales et agraires, sont confrontées à une menace venimeuse — le changement climatique.

Les moussons sont déclenchées par un contraste de température entre les masses continentales et les océans, ce qui cause une inversion des régimes de vent, entraînant une augmentation des précipitations, que nous appelons une mousson. Or, à mesure que les températures augmentent en raison du changement climatique, les moussons sont modifiées et les niveaux de précipitations sont altérés. Les moussons deviennent ainsi de plus en plus imprévisibles et irrégulières, provoquant des périodes de précipitations réduites dans certaines régions, en particulier dans les régions du sud de l’Asie. Ce phénomène, ayant été documenté par les chercheurs, risque de s’aggraver à l’avenir.

Si l’on se penche désormais sur le Vietnam , en 2016, les précipitations réduites suite à l’intensification du phénomène El Niña, induites par le changement climatique, ont provoqué une insécurité hydrique pour 2 000 000 personnes et des dégradations sur 600 000 hectares de cultures, provoquant une crise humanitaire sans précédent. Des situations similaires ont été reflétées dans les pays asiatiques voisins, y compris la Thaïlande, le Myanmar, l’Inde (où environ 300 millions de personnes ont été touchées) et d’autres régions fortement peuplées.

Cette sécheresse s’est poursuivie en 2017, créant une insécurité alimentaire à long terme à la suite de ces deux saisons consécutives de mousson faible.

Alors que le changement climatique s’intensifie, les saisons de la mousson deviennent de plus en plus irrégulières et imprévisibles, ayantdes conséquences catastrophiques et parfois mortelles.

Tel qu’indiqué précédemment, le problème principal reste l’irrégularité croissante des moussons, qui alternent entre des périodes de sécheresse accrue, parfois suivies d’une saison de mousson imprévisiblement intense. Cette année, les niveaux de précipitations ont augmenté, marquant des niveaux plus élevés que la normale. Cela crée des inondations dévastatrices et des glissements de terrain, endommageant les communautés qui ont déjà été rendues vulnérables après les pertes économiques ressenties par les périodes de sécheresse passées.

Déjà 511 personnes ont été tuées en Inde à la suite de ces catastrophes naturelles, ainsi qu’un million de têtes de bétail. 81 146 hectares de cultures et 55 000 maisons ont été quant à elles endommagées ou détruites. Les camps de réfugiés au Bangladesh ont également été presque détruits, créant de nouveaux problèmes humanitaires pour les populations déjà vulnérables. En outre, les niveaux de pluies irréguliers créent des problèmes mortels pour les communautés touchées, qui ne peuvent que s’aggraver à mesure que le changement climatique s’intensifie.

À la fin de juillet 2011, de graves inondations de mousson ont inondé Bangkok et plusieurs provinces de Thaïlande, touchant plus de deux millions de personnes. Photo ONU / Mark Garten.

Ainsi, la question reste : quelle est la solution? Alors que la recherche sur le changement climatique cherche à formuler des prédictions éclairées sur l’intensité de la mousson afin de bien préparer ces communautés, la recherche et l’éducation sur le changement climatique sont également importantes pour des solutions à long terme. Comprendre les causes et les effets des saisons de mousson irrégulières est une étape fondamentale à la création d’un plan d’action à long terme contre le changement climatique. Il est également important de noter que, même si les moussons ne peuvent affecter qu’une partie du monde, il doit s’agir d’une initiative mondiale contre le changement climatique.

A propos de UN CC:Learn

UN CC:Learn est un partenariat composé de plus de 30 organisations multilatérales qui aide les pays à renforcer l’apprentissage sur les changements climatiques, d’une manière systématique et axée sur les résultats. A l’échelle mondiale et nationale, UN CC:Learn soutient le partage des connaissances, promeut l’élaboration de matériels pédagogiques et la formation et la sensibilisation du public.

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