La Bombe de Frank Harris

Il y a quelques semaines, je me suis rendu à Paris pour réaliser une interview pour mon association Tous les possibles.

En me rendant à le capitale, j’ai effectué un tour à la librairie Gallimard situé au 15, Boulevard Raspail.

À l’origine je me rendais à la librairie pour acheter L’ignorance de Milan Kundera. J’ai fini par acheter un autre ouvrage à la sortie du magasin.

C’était La Bombe de Frank Harris.

Le Massacre de Haymarket Square

La Bombe est un ouvrage majeur de la littérature américaine.

Le journaliste et romancier Frank Harris revient sur le Massacre de Haymarket Square, survenu à Chicago le 4 mai 1886.

Dans La Bombe, Frank Harris retrace le déroulement des événements par le biais d’un personnage de fiction nommé Rudolph Schnaubelt, qui serait le lanceur de la bombe.

Rudolph Schnaubelt est allemand. Il ne supporte plus l’autorité paternelle et décider de quitter l’Allemagne pour les Etats-Unis d’Amérique.

Comme d’autres migrants européens, il arrive à New-York avec quelques sous pour pouvoir se nourrir et se loger.

Pendant plusieurs mois, il y connaîtra des mois difficiles et ne parviendra pas à trouver un emploi pour subvenir à ses besoins.

Il participera finalement à la construction du Brooklyn Bridge de New-York. Malgré une rémunération confortable, la construction de ce pont est difficile pour les travailleurs qui sont dans des caissons sous-marins pouvant provoquer la paralysie des membres inférieurs et la mort, du fait de l’utilisation du procédé Triger de fondation par air comprimé.

Ce travail difficile l’amènera à travailler sur la construction de routes dont il va tirer des bénéfices dans un premier temps, avant de progressivement se faire exploiter par son supérieur.

Rudolph se rend alors compte que le système capitaliste dont les américains vantent le mérite, exploite et broie les travailleurs, plus particulièrement les migrants européens comme lui.

Une grande partie des profits qu’il est en droit de lui revenir lui échappe. Il va alors devenir journaliste pour une gazette allemande et y parler de la condition des travailleurs aux Etats-Unis.

Entamant une carrière de journaliste, il s’enfuit vers Chicago où il va faire la rencontre d’une fille dont il va tomber éperdument amoureux, Elsie, mais aussi et surtout des anarchistes Louis Lingg, August Spies, George Engel, Adolph Fischer et Albert Parsons.

The Haymarket Martyrs

Louis Lingg va devenir le mentor de Rudolph.

Rudolph va progressivement trouver un sens à son existence et prendre part à cette lutte pour améliorer les conditions des travailleurs qui réclament la journée de huit heures.

Lorsque nous voyons de tout petits enfants franchir, les uns contre les autres, les portes de l’usine — de pauvres gosses dont les os ne sont même pas encore complètement formés, quand nous les voyons arrachés à la chaleur du foyer et jetés dans les geôles du travail, où leurs frêles petits corps se transmuteront en or, enrichissant le butin du millionnaire ou ornant les épaules de quelque aristocratique Jézabel.

Les travailleurs non-européens sont les premières victimes des répressions policières, ce qui va susciter la révolte et mener à l’attentat du Haymarket Square.

Rudolph acceptera la proposition de Louis Lingg de lancer la bombe sur les policiers venus réprimander les manifestants.

S’ensuit un procès où les policiers arrêteront des innocents, dissimuleront des fausses preuves, etc.

La cause de l’attentat est politique, la classe bourgeoise et l’autorité policière masqueront les raisons pour leurs intérêts.

À la suite de cet attentat, Rudolph se réfugiera à Liverpool en Angleterre, puis dans sa ville natale en Allemagne où il reviendra sur son parcours, les raisons de l’attentat, le récit de la lutte, celle de Louis et de ses compères.

Il écrira aussi de nombreux articles où il dénoncera les faux-procès qui concernent ses amis.

Je vins au monde, y luttai, y travaillai, et suis revenu là où je suis né. Un voyage, un combat — quelques doux baisers et la pression d’une main amie- voilà ce que la vie a signifié pour moi. L’on démarre dans l’existence avec une certaine réserve de vitalité : qu’on la dépense en trois ans ou en soixante n’a aucune importance. Ce qui importe, c’est ce que l’on a fait, ce qu’on a accompli. A-t-on souffert, a-t-on eu du plaisir ? Cela ne compte pas, non plus que le temps qu’on a mis à mener son œuvre à bien.

Je vous invite à lire ce roman à l’écriture limpide et dont le récit politique ne vous laissera pas indifférent.

On se retrouve demain pour mon retour sur le dernier ouvrage de Barbara Stiegler.

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