Radikale Stille zur mühelosen Selbstverleumdung

Uwe Hoche
Universal Wonderbag
3 min readNov 28, 2017

(Un silence radical facilitant le mensonge dirigé vers soi-même.)

Parfois le silence est rédempteur, parfois il est traitre. C’est dans ce silence traitre, lorsqu’il est radical, qu’il devient aisé de se mentir à soi-même.

Avec l’âge, viennent ces moments radicaux, sans espoir, mais pleins de fausses promesses que l’on se fait à soi-même. Le silence écoute, patiemment. Il avale jusqu’aux plus infâmes des paroles en l’air, mêmes, et surtout, celles jamais prononcées à haute voix. Ces projets d’une autre vie, plus authentique, plus vraie. Mais au fond, on sait que le seul vrai moment authentique dans une vie humaine, sera le dernier. Juste avant que la dernière lueur de vie s’éteint, que le temps s’apprête à se figer, l’esprit humain doit vivre le vrai moment, l’ultime conscience de ce que la vie représente. Cet instant est, à coup sûr, la seule instance divine dans l’univers.

Nous pouvons toujours nous mentir en nous inventons d’autres dieux, d’autres instants délicieusement “vrais”, la seule et unique vérité est “je meurs donc j’ai été”.

Pour rendre le silence radical, il suffit de prendre soudainement conscience de sa présence. Pas juste la perception de l’absence de bruits, mais bien celle, beaucoup plus froide de sa présence positive et matérielle. Le silence n’est jamais réellement vide. Le silence n’est qu’un contenant formidable que notre esprit se dépêche de remplir. Il n’en est pas plus ennemi que le non-silence, car il autorise la perception de ce qui d’habitude est masqué. Néanmoins, puisque c’est notre esprit, avec tous ses mécanismes automatisés de pensées et d’émotions pré-formatées, qui assure le remplissage de cet espace disponible, bien souvent ce qui est trouvé à l’intérieur n’est autre que l’image projetée de nos mensonges et de nos faux semblants.

Plus le silence est vaste et plus il est radical. Plus il est radical, plus aisé il devient de se mentir à soi-même. Jusqu’au moment où la conscience, la perception intuitive et sublime de ce caractère radical du silence apparaît. Cet instant T qui révèle la surface réfléchissante du silence, celle qui miroite notre visage avec ses maquillages de clown triste et de putain désespérée. N’est-il pas amusant que pour qualifier le silence nous lui appliquons des étiquettes comme “lourd” ou “pesant” ? Si le silence était vraiment vide, pourquoi serait-il pesant ?

“clear statements of a new kind”, acrylic sur papier, 50 x 65cm, 2017

En fait, ce qui rend le silence lourd, ce qui lui donne son poids, c’est bien notre conscience. Quand j’ai été enfant, comme beaucoup d’autre je présume, la soudaine perception de ce silence me remplissait d’une peur immense. Cette peur d’être tout seul, abandonné par ma mère, plongé dans le vide. Puis avec les années on nous apprend à remplir l’espace qui nous entoure. Et plus nous grandissons, plus nous le remplissons. Au point où certains, dont moi-même, un jour se trouvent avec un espace (appelons le “espace vital”) totalement encombré avec des idées, des objets, des projets, des souvenirs et des désirs de tout genre. Alors on se met à essayer de faire le ménage, de ranger les choses utiles à gauche et les inutiles à droite. On se dit “il faut que je me débarrasse des affaires inutiles”. Seulement, ce faisant nous rendons de nouveau l’espace vide et froid, propice à la réapparition de la peur.

C’est un peu tard pour courir vers les jupons de ma mère qui a ses propres peurs à gérer ces temps-ci. Alors que faire? Chez qui prendre conseil ou chercher consolation? Dieu? La science?La philosophie? N’est-ce pas justement ce qui a encombré l’espace vital?

J’ai vidé mon espace. Pas complètement. J’ai gardé ce qui me semble essentiel. Mais mon espace est assez vide et propice à l’echo. Alors parfois, quand j’écoute le silence, il devient pesant, lourd, retentissant. Seulement, je refuse de le remplir avec les mêmes inepties et bibelots sans valeur qui s’y trouvaient auparavant. Je veux le remplir de choses choisies qui ont une vraie valeur. D’objets que j’ai construit tout seul, d’amis que j’ai choisis, de souvenirs agréables ou au moins importants pour moi. Il me faudra certainement beaucoup de temps avant de donner au vide autour de moi une apparence plus cozy, moins angoissante, mais j’ai l’impression, pour la première fois de ma vie de prendre en main mon existence.

Mon silence radical sera rempli par de la bienveillance tout aussi radicale, par de l’amour et par de la franchise envers moi.

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Uwe Hoche
Universal Wonderbag

I paint emotions and rediscover living one day at a time. It took me more than 50 years to find out that happiness is all around us ... NAMASTE