#01 Inégalités des chances face aux études supérieures

[Baromètre Unly 2019]

Unly
Unly.org
Published in
3 min readNov 5, 2019

--

Le paysage de l’éducation supérieure n’est pas représentatif de notre société

En France, une personne active sur deux occupe un emploi d’ouvrier ou d’employé, le reste de la population se partage les professions intermédiaires et les postes de cadre (source INSEE).

Une présence égalitaire de leurs enfants sur les bancs de nos facultés, grandes écoles ou autres institutions de l’enseignement supérieur s’avèrerait légitime pour révéler les meilleurs talents. Pourtant, l’effectif des établissements de formation supérieure ne reflète pas la mixité sociale de notre pays. En France, 4 étudiants sur 10 sont des enfants de cadres ou professions intellectuelles supérieures, qui ne représentent pourtant que 17,5% de la population générale. À l’inverse, les enfants d’ouvriers sont sous représentés dans le paysage éducatif.

Les enfants d’ouvriers qui composent plus de 21% de la population française représentent moins de 6% des étudiants. Dans un amphi type de 300 élèves, 15 étudiants sont issus de familles d’ouvriers pour 120 de familles de cadres.

Des inégalités croissantes avec le niveau de formation

Les inégalités de représentation des CSP modestes et aisées se creusent à mesure que la durée de formation s’allonge. Il est intéressant d’analyser ce phénomène plus en détail en comparant l’origine sociale des étudiants avec leur niveau d’études, du Bac +2 au doctorat.

Source : Baromètre Unly 2019

Plus le niveau d’études est élevé, plus les enfants de cadres sont surreprésentés. En parallèle, les enfants d’ouvriers et d’agriculteurs disparaissent presque du paysage éducatif : les étudiants issus de famille d’ouvriers représentent moins de 4% de l’effectif total des Bac + 5.

Des étudiants héritiers ?

Autre preuve que l’origine sociale influence l’orientation scolaire : l’analyse des niveaux d’études des parents révèle que 51% des étudiants ont des parents diplômés du supérieur (Bac +3 ou plus). Une fois encore, les écarts se creusent à mesure que l’on s’élève dans le niveau d’études : c’est dans les formations les plus longues que les étudiants ayant des parents non diplômés du supérieur sont le moins nombreux. Ce phénomène de reproduction des inégalités fait perdurer la panne de l’ascenseur social.

“Je viens d’un milieu pauvre (modeste dirait-on poliment), et j’ai beaucoup été épaulé par mes professeurs et mes amis. Je dois beaucoup et à beaucoup de personnes. Je me bats pour financer mes études grâce à des bourses conséquentes et des revenus issus de jobs étudiants.”

Lucas, étudiant ingénieur

Le choix de son orientation selon son milieu social

La famille dans laquelle on naît a une forte influence sur l’orientation. En analysant en détail les relations entre le choix d’orientation et les origines sociales, on constate que les étudiants issus des CSP les plus modestes sont surtout présents dans les formations paramédicales et sociales, et de technicien supérieur. En revanche, ils sont largement sous représentés dans les classes préparatoires, les écoles nationales supérieures (ENS), les écoles de commerce, d’art, d’architecture ou d’informatique. 2,6% des enfants d’employés et ouvriers déclarent détenir un diplôme d’enseignement supérieur, contre 12,6 % des enfants de cadres et de professions intermédiaires.

On observe ici la réalité de l’autocensure qui s’opère auprès des jeunes d’origine sociale modeste. Les filières d’excellence, assurances d’un début de carrière profitable, peuvent paraître inaccessibles, tant par leur coût que par leur sélectivité, et sont assez peu connues des étudiants issus des foyers les plus modestes.

Le phénomène d’autocensure ici observé suggère que le manque d’information au moment de l’orientation renforce la fracture sociale dans l’éducation supérieure.

Pour en savoir plus sur l’égalité des chances dans l’éducation supérieure, rendez-vous jeudi prochain pour le prochain chapitre de l’étude ou bien téléchargez le dossier complet de Unly.

--

--