De retour au lycée à 34 ans ! 🎒

Jérémy Ruet
Unly.org
Published in
5 min readMar 19, 2020

Le 10 mars dernier, je suis intervenu au lycée Charlie Chaplin auprès d’élèves de terminale confrontés à leurs choix d’orientation. Je me suis porté bénévole pour partager mon parcours et animer un atelier conçu par Article 1, afin d’aider les lycéens à se projeter dans les études supérieures de manière ludique. Je m’étais préparé, mais je ne m’attendais pas à vivre un moment aussi riche en émotions et en apprentissages !

Pourquoi ce retour à l’école ? 📚

Article 1 est une association que l’on connaît bien avec Unly: nos missions sont proches et nous portons des valeurs communes. Article 1 agit pour l’égalité des chances en aidant des jeunes à valoriser leurs compétences et à construire des projets de formation ambitieux.

Il y a quelques temps, Alice Ray m’a proposé de participer à une intervention appelée “Inspire”. J’ai bien entendu accepté et proposé à Hoani, nouveau chargé de développement chez Unly, de m’accompagner.

Voici donc comment 16 ans après l’obtention de mon bac technologique je suis retourné dans un lycée pour témoigner sur mon parcours scolaire “cabossé” devant une centaine de lycéens en Terminale STMG en banlieue lyonnaise.

Un atelier au début difficile … 😅

Après avoir présenté nos parcours, Hoani et moi nous sommes lancé dans l’animation de l’atelier créé par Article 1. Il a été assez simple de trouver nos marques car nous avons retrouvé de nombreux éléments familiers, utilisés en startup pour stimuler la créativité : gamification, persona, storytelling, tout y est.

C’était cependant la première fois que j’animais un atelier pour des dizaines de lycéens. Nous avons compris très vite que l’art d’engager plus des jeunes de 17 à 19 ans à participer à une discussion était subtil — bien que nous ayons agencé la salle différemment et proposé le tutoiement pour faciliter l’échange.

… mais riche en partages et révélations 💬

Heureusement après une quinzaine de minutes la confiance s’est instaurée, permettant aux personnalités de se révéler. Nous avons parlé d’orientation, de choix, des différents types de diplômes et des opportunités correspondantes, et aussi de “soft skills”, ces compétences de savoir-être que l’on développe à travers nos expériences de vie et nos collaborations avec les autres. En l’espace d’un après midi, j’ai pu en détecter des dizaines parmi les membres du groupe. Beaucoup de jeunes lycéens regorgent d’atouts sans le savoir. Lors du dernier colloque de la CGE, les grandes écoles et les recruteurs de grandes entreprises insistaient pourtant sur l’importance de ces compétences pour leurs organisations, j’ai d’ailleurs écrit un article à ce sujet. Je pense qu’il est de notre mission d’acteurs de l’éducation de faire rencontrer le monde de l’enseignement et celui des entreprises.

Quel impact sur l’orientation ? 🧭

Je suis convaincu qu’à 17, 18 ou 19 ans on manque de recul, de contacts, de références et parfois de maturité pour choisir son orientation. Cet après-midi d’atelier me l’a confirmé : les lycéens étaient dans leur semaine de choix d’orientation sur ParcourSup et pour la plupart d’entre eux, il ne s’agit pas d’un choix franc. Une grande partie des lycéens que j’ai rencontré a indiqué choisir par défaut tandis que d’autres optent pour la stratégie de ne pas choisir du tout, pour fuir ce “jeu” de l’orientation aux règles incomprises et au but terriblement flou.

Pourtant, ce choix a des conséquences significatives sur leur employabilité de demain. La fameuse “cohérence du parcours”, si chère à de nombreux recruteurs RH que j’ai croisé, ne s’écrit qu’une fois.

Et moi, il y a 16 ans ? 🤔

Cet après-midi m’a renvoyé à mon propre passé de lycéen. Avais-je moi même abordé cette période clé avec la même passivité ?

En rentrant chez moi, j’ai machinalement ressorti la photo de ma Terminale STT (actuelle STMG). Revoir mes copains de classe m’a aidé à me remettre dans mon mode de pensée de l’époque.

Résultat ? Le jeune Jérémy du Lycée Claude Bernard de Villefranche sur Saône de 2004 avait pas mal de points communs avec le jeune Samir du Lycée Charlie Chaplin de Décine de 2020. Un pragmatisme à toutes épreuves ? Une grande débrouillardise face aux difficultés de la vie ? Oui, mais aussi :

  • Une connaissance très limitée de l’éducation supérieure (les filières, les spécialités, les types d’enseignement…) ;
  • Une absence totale de réseau ne permettant pas de connaître certains métiers, ou l’employabilité offerte par certains diplômes ;
  • Des choix fortement influencés par le groupe et souvent accompagnés d’une méfiance ou d’un rejet de l’autorité ;
  • Une faible confiance en soi-même et en ses capacités.

Difficile dans ces conditions de prendre une décision franche et ferme, non ?

Pour ma part, le choix a été relativement rapide : limité aux filières que je connaissais (n’ayant pas d’intérêt pour les prépas et ignorant l’existence des écoles de commerce) mais surtout aux filières dans lesquelles j’estimais être en mesure de réussir. Ma filière de Terminale étant considérée comme la “voie de garage” du lycée, je ne percevais pas mes chances de réussite comme étant très élevées.

Comme beaucoup de jeunes, j’ai rapidement choisi de me diriger vers un cursus court, le BTS, et de choisir l’alternance : une formation, une expérience et des rencontres qui m’ont permis de me révéler. Pendant 2 ans, je me suis rendu une semaine par mois à 500 km de mon domicile dans un petit centre de formation d’apprentis en Moselle et le reste du temps je vendais du jus de fruit pour Eckes Granini aux hôtels et restaurants de la région Bourgogne Franche Comté. Cette expérience m’a confronté pour la première fois au travail et à l’importance de l’employabilité. Les personnes qui m’ont entourées (tuteur, professeurs, autres commerciaux) ont posé les fondations de ma confiance personnelle et de mon réseau. J’ai par la suite travaillé à l’étranger pour parfaire mon anglais, été admis à Grenoble EM pour me créer des compétences en Finance puis intégré rapidement la Banque Palatine à la sortie.

Pour conclure ?

Ecoles, DRH, dirigeants, je crois que nous avons sous les yeux un vivier formidable de jeunes dotés de compétences recherchées dans nos organismes et notre société. Je crois personnellement qu’il est de notre devoir de lever leurs freins pour les propulser vers les formations qui leurs permettront d’avoir des responsabilités et d’apporter de la valeur à nos organisations.

Longue vie à Article 1 et comptez sur moi et sur les collaborateurs de Unly pour être volontaires lors de prochaine session Inspire !

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Jérémy Ruet
Unly.org
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