Esdes Business School (crédit photo : Christian Jacquet)

Les 3 idées à retenir du congrès de la Conférence des Grandes Écoles de 2019

Jérémy Ruet
Unly.org
Published in
7 min readOct 14, 2019

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J’ai participé pour la première fois au congrès de la Conférence des Grandes Écoles (CGE). Cette édition 2019 s’est déroulée à Lyon dans la prestigieuse École Normal Sup et dans les locaux de l’Esdes Business School.

L’association, qui fédère les établissements les plus désirables de l’éducation supérieure, a axé cette rencontre sur la thématique “Nouveaux métiers, nouvelles compétences : quelles attentes des entreprises ?”.

J’ai participé à cette édition de mon point de vue d’acteur de l’éducation supérieure mais aussi d’entrepreneur et employeur de jeunes talents. Voici les 3 idées clés qui ont retenu mon attention.

1/ Jeunes diplômés : cherchez les valeurs de votre employeur !

Quel plaisir de découvrir à quoi ressemble le job idéal d’un jeune diplômé. Finalement avec ma trentaine passée, je me sens assez proche de cette génération qui, comme je l’ai fait, n’hésiterait pas à quitter un confortable poste de banquier pour se lancer dans une activité qui crée du sens pour la société.

Alors qu’est ce qui compte pour un jeune diplômé qui doit choisir un emploi ?

Visiblement plus tellement le salaire. Le sens donné au travail, le cadre et les échanges entre pairs importent plus. Face aux possibilités le jeune diplômé sera plus sensible à la cause portée par l’entreprise et à son impact sur son environnement. Il attachera également beaucoup d’importance à être libre dans sa manière d’exprimer sa productivité.

Le nomadisme (à ne pas confondre avec le télétravail) lui permet de pouvoir travailler avec autant d’efficacité d’un salon, d’un espace de coworking, d’un train ou d’ailleurs. Des attentes relationnelles vis à vis de ses supérieurs sont également formulées et s’apparentent plus à une relation “tutorale” que “managériale”. En d’autres termes il souhaite acquérir compétences et responsabilités dans un cadre de liberté et d’inspiration.

Très naturellement notre organisation de travail chez Unly s’est structurée pour répondre à ces attentes qui sont partagées par les trois co-fondateurs. Nous avons parfois essuyé les plâtres de cette liberté productive dans laquelle la frontière entre liberté individuelle et intérêt collectif doit être trouvée. Mais dans l’ensemble, nous constatons avec plaisir que le nomadisme place l’entreprise dans un état d’esprit de flexibilité et de confiance qui profite à tous, tant au niveau de l’efficacité des équipes que de la motivation de chacun.

Nous avons toujours ressenti que le sens de notre travail et la mission sociale de Unly étaient une source d’attractivité, de motivation et de satisfaction personnelle pour tous nos collaborateurs. Cette cause centrale nous a permis de placer des valeurs communes au coeur du lien établi entre les membres de notre équipe. Privilégier leur progression et leur épanouissement personnel nécessite d’accepter que cette évolution se réalise ailleurs qu’au sein de l’entreprise. Je ne comprendrai jamais le DRH qui s’acharne à compliquer le départ d’un collaborateur mais je compatis sur le challenge qui l’attend pour adapter son organisation à cette nouvelle vague d’attentes des jeunes recrues.

2/ Entreprises et recruteurs : sortez du cliché de la voix royale !

Les entreprises (surtout les grandes) aiment bien recruter dans les grandes écoles. La sélectivité via les concours d’entrée est l’assurance d’un candidat ayant une “tête bien faite”.

En revanche l’intelligence n’est pas synonyme de performance au travail. Face à l’évolution rapide des métiers, les compétences recherchées ne se limitent plus à ce qu’un candidat sait (hardskills) mais plutôt à comment il fait les choses (softskills). Les softskills les plus recherchées sont l’autonomie, l’esprit collectif et la détermination.

Selon les entreprises françaises, voici les compétences jugées importantes lors du recrutement d’un candidat :

Ces compétences se développent souvent à l’extérieur de l’environnement scolaire, d’où l’importance de valoriser les profils variés et divers. Les grandes écoles l’ont bien compris en ouvrant de plus en plus leurs portes aux admissions parallèles.

Paradoxalement je perçois un décalage important entre les attentes de compétence des recruteurs et leurs croyances sur le recrutement :

Concernant le recrutement des diplômés des Grandes écoles, le passage par une classe préparatoire est-il un facteur important pour vous ?

43% des recruteurs estiment important que le candidat soit passé par une classe prépa (la voix royale). Plutôt étonnant comme croyance, car les profils sortant de cette voie sont très similaires. Toutes personnes ayant participé à un jury d’admission de grandes écoles pourra confirmer que les profils les plus variés avec un capital de softskills important proviennent des admissions parallèles plus que des prépas.

65% des recruteurs pensent que les grandes écoles mettent en oeuvre des mesures en faveur de la diversité. Pourtant toutes les grandes écoles que j’ai rencontrées disposent de solutions.

Cette méconnaissance s’explique sans aucun doute par le caractère parfois trop marginal de la mise en place et une communication trop discrète au sujet de ces dispositifs.

Chez Unly nous n’avons jamais accordé une importance spécifique au diplôme. Nous choisissons les personnes qui agrandissent l’équipe selon 3 aspects :

  • les compétences du candidat sur les missions que nous allons lui confier
  • sa capacité à progresser et à acquérir de nouvelles compétences
  • sa personnalité et son aptitude à s’intégrer à l’équipe

Les profils qui ont apporté leurs compétences à Unly sont par conséquent très divers et enrichissants. Avec notre modeste expérience, nous avons toujours été satisfait de nos recrutements et encore plus fiers de leur parcours réalisés par la suite.

Pour autant je ne pense pas que mon diplôme du Programme Grandes Écoles de Grenoble Ecole de Management m’ait été inutile. Bien au contraire, au delà d’apprendre les compétences fondamentales de la finance je me suis nourri de l’intelligence et de la capacité de travail de mes amis issus des classes prépa comme eux se sont inspirés de l’expérience de mon parcours atypique. Cette diversité de profil est indispensable pour les grandes écoles où des profils diversifiés s’enrichissent les uns les autres. Pour cela il est indispensable d’oser pousser la porte de ces grandes écoles.

3/ Grandes écoles : montrez que vos portes sont ouvertes à tous !

Encore trop peu de jeunes et de parents connaissent les grandes écoles et leurs arguments principaux. Il y a surtout un écart conséquent de connaissance selon le milieu social de l’étudiant.

Les arguments les plus convaincants en faveur des Grandes écoles :

De plus le coût d’accès à ces établissements et le financement sont, sans surprise un frein important à l’accès aux programmes de ces écoles. 48% de français souhaiteraient être mieux informés sur ce sujet.

Voici les sujets sur lesquels les étudiants et leurs parents souhaiteraient avoir plus d’informations concernant les Grandes Écoles :

Aussi brillants et motivés les étudiants soient-ils, certains facteurs font obstacle à l’égalité de chances d’accès à ces grandes écoles :

  • L’information
  • Le réseau
  • L’argent

Unly croit et défend un monde idéal dans lequel chaque jeune aurait les mêmes chances de réussite.

Pour cela il est primordial d’engager l’écosystème des établissements de formation autour du jeune, le plus en amont possible de son choix d’orientation. La communauté d’un établissement (composées entre autres des professeurs, des alumnis, des entreprises) peut s’engager de 3 manières auprès d’un élève.

Le monde idéal de Unly

Mentor en apportant de la connaissance au jeune sur les formations possibles, ses compétences, les débouchés…

Sponsor en apportant des opportunités au jeune comme des offres d’emploi ou de stage.

Funder en apportant des ressources financières, comme des prêts, des bourses, des dons…

La technologie peut permettre à des initiatives, efficaces mais trop souvent marginales, de passer à l’échelle pour nous rapprocher de ce monde idéal auquel nous croyons.

Finalement ce congrès orienté sur les attentes des entreprises était un quelque sorte une miniature des enjeux de notre société selon le prisme des jeunes, des établissements de formations et des entreprises. J’ai beaucoup apprécié la présence des étudiants et leurs participations aux réflexions.

En revanche je crois que la CGE aurait pu renommer l’intitulé de ce congrès : “Nouvelles motivations, nouveaux modes de travail, comment les entreprises devront s’adapter aux nouvelles générations?”. Le changement s’avère long et profond…

L’ensembles des graphiques utilisés dans cet article sont issus de l’étude CGE — Ipsos 2019 : https://www.cge.asso.fr/publications/2019-10-03-etude-cge-ipsos-la-perception-des-grandes-ecoles-et-de-leurs-diplomes/

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Jérémy Ruet
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