Cinq conséquences du référendum en Catalogne

Après la victoire écrasante du “oui” au référendum d’indépendance catalan, l’Espagne doit faire face à tout un éventail de défis auxquels elle n’avait jamais été confrontée jusque là. Explications (traduites de l’espagnol) de nos collègues d’upday Espana.

The upday team
Le blog d’upday
3 min readOct 3, 2017

--

Reuters

Le référendum d’indépendance en Catalogne aura fait couler beaucoup d’encre, que ce soit en Espagne ou au-delà. Toute la journée de dimanche, les images des quelque 800 blessés ont circulé à travers le monde, appuyant les thèses des partisans du scrutin. (source: RTVE)

Mais au-delà des urnes en plastique, des collèges électoraux squattés par des familles entières et de la mise en place d’un seul registre électoral, ce sont les évacuations de collèges manu militari qui ont surtout retenu l’attention.

A en croire les officiers de police, ils auraient aussi été victimes d’attaques. On a même pu assister à des affrontements entre les Mossos -la police catalane- et les agents de la Guardia Civil -les forces de sécurité nationales-, comme le montre cette vidéo.

Les résultats publiés par la Generalitat -l’administration catalane-, qui donnent 90% des 2,2 millions de votants en faveur du “oui”, ont des effets secondaires :

- Un Parti populaire affaibli. Le gouvernement espagnol arrive à un tournant : il pourrait perdre le soutien du Parti socialiste s’il venait à appliquer l’article 155 de la Constitution (qui donne le droit au gouvernement d’utiliser toutes les mesures en son pouvoir pour forcer une région à respecter la loi) — une démarche historique. (source: 20 Minutos)

D’un autre côté, Albert Rivera, leader du parti Ciudadanos, a affirmé qu’il réclamerait l’application de cette mesure extraordinaire après la victoire du “oui” –et le Parti populaire ne doute pas qu’il mettra sa parole à exécution. D’autre part, l’instabilité en Catalogne a valu au Parti populaire de perdre le soutien du Parti nationaliste basque pour l’approbation du Budget. (source: El Confidencial)

- Une déclaration d’indépendance imminente et unilatérale. Le Président de la Generalitat, Carles Puigdemont, a annoncé que les premières mesures seraient prises en accord avec la Loi référendum — menant à une déclaration d’indépendance unilatérale. Ce qu’il y a de remarquable dans cette loi c’est que la Generalitat a elle-même violé 20 de ses 34 articles le jour du référendum. (source: El Confidencial)

Malgré tout, le président catalan insiste : “Il serait irresponsable de ne pas suivre cette voie”, et la présidente de la Chambre autonome, Carme Forcadell, a déjà convoqué le Parlement (source: La Sexta).

- Un accord fiscal impossible. L’une des exigences de la Catalogne dans ses négociations avec l’Administration centrale prévoit de prendre le contrôle intégral de la collecte des impôts, comme c’est déjà le cas au Pays basque. Néanmoins, ce point n’est pas viable, car mis en pratique, il représenterait un manque à gagner de 13 000 millions d’euros pour les finances espagnoles, selon les experts (source: El Mundo). Et il mettrait en péril les budgets autonomes, toujours en attente de révision.

- Un pays remis en question par le monde entier. Les médias ont donné au scrutin le nom officiel de “référendum”, pourtant interdit par le Tribunal constitutionnel. Et des célébrités, comme J. K. Rowling, ont fustigé la violence “répugnante et injustifiée” qu’a engendré le scrutin.

Dans le même temps, la Commission européenne a exprimé son soutien à la Constitution espagnole, non sans utiliser des termes forts : “La violence ne peut en aucun cas être la réponse”. Tous ces éléments ont amplifié la cacophonie autour du vote d’indépendance et affaibli le Gouvernement espagnol. (source: Lavanguardia)

- La perte de confiance envers les Mossos: Seuls 319 des 2315 collèges électoraux étaient fermés dimanche, malgré l’ordre envoyé aux agents catalans de tous les fermer avant 6h. La Guardia Civil et la Police nationale ont fustigé les Mossos, qui, empêchés par des familles et des personnes âgées, n’ont pas fermé les urnes. Huit tribunaux ont ouvert une instruction envers les forces locales pour désobéissance. (source: El Pais)

Et, petit bonus, voici les photos qui ont fait le tour du monde.

--

--