Le King Hallyday nous a quittés
LA star du rock français s’en est allée à l’âge de 74 ans. L’artiste aux 42 disques d’or, qui a passé 59 ans de sa vie à chanter sur scène, laisse ses fans des premières années yéyé aux générations bercées par ses tubes électrisés, littéralement endeuillés. Avec ses yeux de chat, sa crinière soleil, sa voix de velours, son jeu de jambes, son visage perlé par la sueur; lui seul savait “allumer le feu”. Afin de rendre un bel hommage à l’idole des jeunes devenue une vieille canaille, capable de jouer dans une petite salle comble à Faim-lès-Moutiers comme dans un Stade de France plein à craquer, la rédaction d’upday vous retrace les moments forts de sa carrière. Rock’n’roll attitude !
par Aurélie Lalanne, journaliste upday France
Sur les traces du King
C’est dans les années 50, dans la célèbre salle parisienne du Golf Drouot, que les jeunes artistes et ferrus de rock’n’roll se réunissent pour découvrir les riff américains. Jean-Philippe Smet reprend alors des chansons d’Elvis Presley et passe quelques auditions sans lendemain.
C’est à l’âge de 20 qu’il entre dans la lumière : le 30 décembre 1959, l’interprètation de “Party” de son chanteur fétiche (titre traduit par “Viens faire une partie”) à l’émission de radio “Paris Cocktail” lui vaut d’être remarqué par le duo d’auteurs-composition Jil et Jan. Ces derniers le présentent à Jacques Wolfsohn de la maison de disques Vogue. L’année suivante, le premier disque de Johnny Hallyday -pseudonyme emprunté à l’ami de sa cousine Lee Halliday — est dans les bacs, avec une faute de frappe. Quelques mois plus tard, il enregistre “Souvenirs souvenirs”, son premier succès que voici : (attention, images d’époque).
À plein tubes
Son premier 33 tours “Hello ! Johnny” sort au tout début des années 60. Un titre de bonne augure pour le jeune guitariste dont le nom va tourner sur toutes les platines pendant les décennies qui suivront. De “Da dou ron ron” à “Pour moi la vie va commencer” pour ce qui est des années yéyé à “Noir c’est noir”et “Je suis né dans la rue”, Johnny se taille sa place sur le hit parade français. Parce que vous n’auriez pas le courage de lire jusqu’au bout cet article si par bonheur nous vous listions toutes ses plus belles chansons, voici une sélection composée avec réflexion. On monte le son :
Une bête de scène
Si la voix de Johnny, très singulière, a su traverser les époques, c’est surtout sa présence infatiguable sur scène qui coupe le souffle. Des crises d’hystéries de groupies déchaînées à l’Olympia aux fans convertis arborants le t-shirt à son effigie, ses concerts étaient une expérience incomparable. Avec 183 tournées et 3200 concerts au compteur, Johnny Hallyday n’a jamais déçu. La preuve avec ces extraits de concerts indélébiles.
Face caméra
Western, SF, comédie populaire, film de gangster. Johnny, l’acteur, s’est essayé à tous les genres cinématographiques. Depuis son apparition en tant que simple figurant dans Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot et son premier rôle, dans son propre rôle, D’où viens-tu Johnny ? de Noël Coward avec Sylvie Vartan, Johnny Hallyday a réussi à se faire un nom dans le 7e art avec près de 40 films.
C’est dans les années 80 et aux côtés de son épouse Nathalie Baye qu’il rencontre Jean-Luc Godard. Ensemble, ils tournent Détective. "Je voulais absolument casser mon image, briser le mythe, séparer ma carrière cinématographique du show-business. Il me fallait pour cela Godard ou Pialat. Ce fut Godard, après quoi Pialat n'a plus voulu de moi pour ‘Police’ parce que j'avais tourné ‘Détective’. Godard n'est pas un type rassurant. Il te dit un matin que tu étais à chier la veille, ça te ratatine, tu n'as plus envie que de te barrer, mais c'est une expérience" confiera-t-il. Se suivent des tounages moins douloureux avec Conseil de famille de Costa-Gavras, Love Me de Laetitia Masson où il donne la réplique à Sandrine Kiberlain jusqu’à L’homme du train de Patrice Leconte avec Jean Rochefort. Si le film est un échec commercial (400 000 entrées en France), à 60 ans, son interprétation sera récompensée par le prix Jean Gabin. Quatre ans plus tard, il tourne avec Fabrice Luchini qui incarne un fan dans le film Jean-Philippe. “Je le connais depuis longtemps. Je le vois à tous mes concerts. Nous avons passé des soirées ensemble et je l’avais déjà vu “chanter” mes chansons ! Je l’ai vu monter sur une table en public, saisir une bouteille comme un micro et m’imiter. Ce rôle lui était prédestiné. S’il n’avait pas pu le jouer, je n’aurais pas pu faire le film” affirme Johnny. Mais si on doit retenir un film de sa carrière d’acteur, ce serait “Vengeance” du réalisateur hongkongais Johnnie To. C’est l’histoire d’un père et ex-tueur professionnel, qui arrive à Hong Kong pour venger sa fille, victime de tueurs à gages. Présenté en compétition officielle au 62e festival de Cannes, ce rôle donne à l’artiste une renommée internationale. Ce qui n’était pas gagné d’avance : le metteur en scène ne connaissait pas la star française qui voulait confier le rôle à Alain Delon : “Mes producteurs m’avaient donné des DVD de certains films, et de quelques concerts, raconte-t-il. J’ai tout de suite vu qu’il avait une grande masculinité. Les concerts m’ont fait comprendre l’immensité de sa popularité. Je n’imaginais pas l’idole qu’il était ! Son allure, sa silhouette, sa présence, son visage, et ses yeux incroyables, chargés d’un passé qu’on imagine intense.” Et surtout sans égal.