Vidéo. Les 6 évasions de prison les plus spectaculaires de France

Quand le verdict tombe, il y a les condamnés qui acceptent de passer une grande partie de leur vie en cellule. Et il y a ceux qui ont une seule obsession : retrouver leur liberté, coûte que coûte, menant une vie de fugitif. Jusqu’au retour, parfois, à la case prison. Alors que Redoine Faïd est une nouvelle fois en cavale, retour sur les évasions françaises les plus bluffantes.

The upday team
Le blog d’upday
6 min readJul 27, 2018

--

par Aurélie Lalanne, journaliste à upday France

Hélicoptère Alouette ayant permis à Redoine Faïd de s’évader le 1er juillet de la prison de Réau, en Seine-et-Marne (GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP/Getty Images)

Cavaler pour être libre. C’est en partie à cause du cinéma d’action que les évasions de prison fascinent autant les médias que l’opinion. Souvent périlleuses et rocambolesques, elles démontrent la témérité d’un individu pour retrouver un de ses droits fondamentaux : la libre circulation. En prendre pour “perpét”, c’est soit accepter, s’adapter voire se sur-adapter à un nouvel espace-temps, ou s’enfuir par tous les moyens. Hélicoptères, explosifs, stratagèmes bien rodés… plusieurs détenus français ont réussi à dompter la surveillance carcérale pour retrouver le goût de la liberté. Prêts à tout par amour, par amitié, par la soif de vivre, jusqu’à la récidive. À l’instant où nous publions cet article, à l’été 2018, c’est le braqueur Redoine Faïd qui donne du fil à retordre aux enquêteurs. Ce feuilleton estival pose beaucoup de questions : qui étaient ses complices ? À quel prix a-t-il pu orchestrer son évasion ? Va-t-il devoir réaliser un nouveau braquage pour se refaire ? Toutes restent en suspens. À travers son portrait et ceux de ses prédécesseurs, voici ces détenus tous risques qui ont réussi à se faire la belle.

Albert Spaggiari, le cerveau du “gang des égoutiers”

  • Casier judiciaire : arrêté pour le vol de 46 millions de francs (29 millions €) à la Société Générale de Nice les 16 et 17 juillet 1976 après avoir creusé des tunnels à hauteur d’hommes pour faciliter le passage des sacs remplis de billets. Les braqueurs ont dîné et passé la nuit dans la salle des coffres, ont décoré les murs d’une série de photos pornographiques, avant de laisser cette signature : “Ni armes, ni violence et sans haine”.
  • Évasion : arrêté le 27 octobre 1976, à l’aéroport de Nice, Albert Spaggiari est incarcéré à la prison de Nice. Cinq mois plus tard, alors qu’il se trouve dans le bureau d’un juge au 1er étage du Palais de justice à Nice pour une audition, il se jette par la fenêtre. Tombant sur le toit d’une voiture, il parvient à fuir à moto avec des complices. Il passera les douze années suivantes en cavale en Amérique du Sud avant de mourir en Italie le 8 juin 1989, sans jamais avoir été rattrapé.

Pour aller plus loin : Les égouts du paradis -sans haine, sans arme et sans violence, roman signé d’Albert Spaggiari / Le film

Michel et Nadine Vaujour

  • Casier judiciaire : braqueur connu pour ses cinq évasions, Michel rencontre Nadine alors qu’il est fugitif depuis sa double fuite de la prison de Châlons-sur-Marne. Il finit par se faire arrêter en 1981 pour un vol à main armée. Incarcérée, Nadine accouche à la prison de Fresnes. Ils se disent “oui” le 27 mai 1982. La mariée est libérée le soir même.
  • Évasion : le 26 mai 1986, Nadine qui a pris des leçons de pilotage, se rend à l’aérodrome de Saint-Cyr-l’Ecole où elle emprunte un hélicoptère. Direction : la prison de la Santé, en plein cœur de Paris. Une fois l’hélicoptère placé en vol stationnaire au-dessus de la cour de l’établissement, elle lance à Michel une canne à pêche munie d’un crochet et une arme. Ils s’échappent avec succès et se réfugient dans la Drôme. Quatre mois plus tard, leur cavale amoureuse prend une tournure tragique : lors d’un braquage, Michel Vaujour est gravement blessé d’une balle dans la tête et retourne derrière les barreaux. Sa femme, elle aussi arrêtée, est condamnée à 18 mois de prison. Ils se sépareront quelques mois plus tard.

Pour aller plus loin : “La Fille de l’air”, film réalisé par Maroun Bagdadi avec Béatrice Dalle

Antonio Ferrara, dit “ Nino” ou “La Pioche”

  • Casier judiciaire : ex-braqueur de fourgons blindés, Antonio Ferrara est incarcéré depuis juillet 2003 après sa spectaculaire évasion de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), pour laquelle il a été condamné à 12 ans de prison et a déjà purgé 15 ans de détention en continu.
  • Évasion : le 12 mars 2003, une dizaine d’hommes cagoulés et lourdement armés ont pris d’assaut la maison d’arrêt de Fresnes. Antonio Ferrara y occupait depuis deux jours une cellule du quartier disciplinaire, proche du mur d’enceinte, où il s’était fait volontairement transférer. Après avoir mitraillé les miradors et fait sauter une série de portes blindées, le malfaiteur retrouve sa liberté. Coût de l’opération musclée : 800.000 euros. “Ces hommes (…) sont venus aider un ami. Enfin, pour finir, parce qu’il n’y a rien d’autre à ajouter, j’aimerais reprendre les mots de notre poto : ‘Tout a un prix sauf l’amitié’”, explique son complice Malek Bouabbas dans son roman “L’Evasion de Fresnes” (Ed. Don Quichotte).

Les bandits corses, ou le gang de la “Brise de mer”

  • Casier judiciaire : les trois hommes fichés au grand banditisme ont été mis en examen pour “association de malfaiteurs” et “tentative d’extorsion de fonds en bande organisée et infraction à la législation sur les armes”.
  • Évasion : il sont sortis par la grande porte, sans aucune effraction le 31 mai 2001. Ce jour là, trois fax sont transmis au greffe de la prison de Borgo (Haute-Corse). Ces documents semblent parvenir du cabinet juge des libertés d’Ajaccio ordonnant la remise en liberté de Francis Mariani, Pierre-Marie Santucci et Maurice Costa, détenus depuis près d’un an. Aucun des fax n’a été vérifié. Il s’agissait pourtant bien de faux. Le trio corse n’a jamais été rattrapé, mais chaque membre a été tué dans des règlements de compte.

Jean-Pierre Treiber

  • Casier judiciaire : le garde forrestier est soupçonné d’avoir assassiné Géraldine Giraud, fille de Roland Giraud et Maaike Jansen, et son amie Katia Lherbier dont les corps ont été retrouvés au fond d’un puits à Villeneuve-sur-Yonne.
  • Évasion : le 8 septembre 20019, six mois avant son procès, Jean-Pierre Treiber s’est évadé de la maison d’arrêt d’Auxerre (Yonne) alors qu’il travaillait dans un atelier : il y remplissait des cartons de fournitures scolaires ou de bureau. Pour s’échapper, il s’est caché dans le chargement d’un camion. Il a été arrêté après plusieurs mois de cavale et s’est suicidé en 2010.

Redoine Faïd, le “Roi de la belle”

  • Casier judiciaire : la cour d’assises de Paris a condamné le malfaiteur à 25 ans de réclusion pour le braquage raté qui a coûté la vie en 2010 à la policière municipale Aurélie Fouquet. Redoine Faïd a été condamné deux fois aux assises en 2017 à 10 ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Séquedin en 2013, et à 18 ans de prison pour l’attaque d’un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011.
  • Évasion : le 1er juillet 2018, le braqueur récidiviste s’est évadé en hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne) grâce à trois complices qui ont pris en otage le pilote. Une opération digne d’un film d’action comme en témoigne cette vidéo. L’appareil partiellement incendié, a été retrouvé à Gonesse (Val-d’Oise), entre les aéroports du Bourget et de Roissy-Charles-de-Gaulle. Le 24 juillet. Redoine Faïd a été repéré dans une voiture remplie d’explosifs abandonnée dans le parking souterrain d’un centre commercial. à Sarcelles. Des traces ADN du multirécidiviste et de son frère ont été retrouvées dans le véhicule. Redoine Faïd est-il déjà sur un nouveau coup ? Enquête à suivre.

--

--