Mais pourquoi Philip Roth court-il après le Nobel de littérature ?

Le Pulitzer, le Franz Kafka, le National Book Award, et ce jeudi 5 octobre 2017 l’entrée dans la Pléiade… Avec ses 26 récompenses, Philip Roth, un des plus grands écrivains américains du XXème siècle dont les œuvres suscitent autant l’admiration que la controverse, a connu toutes les gloires. Toutes ? Pas vraiment, il ne lui en manque plus qu’une : le prix Nobel de littérature. Récit de rendez-vous manqués.

The upday team
Le blog d’upday
3 min readOct 5, 2017

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Reuters

L’écrivain américain, né en 1933 vient de faire son entrée dans la très respectable Pléiade pour y rejoindre Proust et Tolstoï. Ce qui en fait un des rares auteurs à y être publié de son vivant. Souvent cité parmi les favoris du prix Nobel de littérature, l’écrivain qui a pris sa retraite depuis 5 ans, ne l’a pourtant toujours pas reçu. Est-il considéré comme trop « populaire » ? Ou est-ce que son style à part le rend justement trop « impopulaire » ? C’est, en tout cas, une question qui taraude, depuis quelques années, les auteurs et l’ensemble de la presse.

« Philip Roth aurait dû avoir le prix depuis longtemps »

Chaque année, depuis 30 ans, l’auteur du controversé « Portnoy et son complexe » appréhende le mois d’octobre et voit le prestigieux prix Nobel lui échapper.

En 2008 notamment, Toni Morrison, dernière écrivaine américaine lauréate en 1993, considère que « Philip Roth aurait dû avoir le prix depuis longtemps ». Selon elle, l’académie suédoise pense que les écrivains américains ont quelque chose « d’insulaire ».

En 2011, Tomas Tranströmer, lauréat lui-même, ne comprend pas : « Le Suédois est sadique. Chaque année, il torture Philip Roth en lui faisant miroiter le prix Nobel de littérature ».

L’année suivante, l’événement n’était pas que Mo Yan ait eu le prix Nobel de littérature, mais plutôt que Philip Roth ne l’ait pas eu. Selon Nelly Kapriélian des Inrocks : « l’Académie est un gang de vieux suédois pervers décidés à tuer Philip Roth à petit feu en récompensant à peu près tout le monde et n’importe qui, sauf… lui ».

En 2014, c’est le Français Patrick Modiano qui remporte le Nobel de littérature. Cette fois-ci, c’est la presse anglo-saxonne qui ne comprend pas. Elle soupçonne l’Académie de privilégier les auteurs peu connus, au dépens des écrivains qui vendent beaucoup, comme Philip Roth, dont les œuvres sont toujours aussi vendues.

Cette année, c’est l’écrivain James Ellroy qui s’insurge : « Philip Roth, c’est un génie. On aurait dû lui attribuer le Nobel de littérature plutôt qu’à l’autre saltimbanque, Bob Dylan, et à ses niaiseries nasillardes ».

L’auteur n’était pas le seul à être en colère. Les journalistes fans de Philip Roth étaient, eux aussi, outrés, comme si le chanteur avait volé le prix à leur écrivain favori : “ ils ont choisi un Américain pour bien nous faire comprendre qu’ils ne voulaient pas le donner à Roth”.

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