Ouragan Irma : détruite à 95% il y a un an, où en est l’île de Saint-Martin ?
Par Marine Tesse, journaliste upday France
Ce 5 septembre est marqué par l’anniversaire de l’ouragan Irma, qui souffla littéralement l’île franco-hollandaise de Saint-Martin dans la nuit du 5 au 6 septembre 2017, emportant 11 personnes. Aujourd’hui encore, un paysage de désolation règne sur une bonne partie de “la perle cachée des Caraïbes”.
Vents à 350 km/h, vagues-submersions de plusieurs mètres… il y a un an jour pour jour, l’ouragan le plus puissant de l’histoire atlantique rasait Saint-Martin : 95% du bâti détruit. Depuis, sur 35.000 habitants côté français, 12.000 ont quitté la petite île de 90km2.
Déchetteries saturées, épaves de voitures et détritus, problèmes alimentaires et abris de fortune… Arnaud Gufflet, le président de Solidarité Saint-Martin Moselle, joint par upday, bataille. Son association affrète des denrées et organise depuis la Métropole des chantiers de nettoyage chez les familles qui en font la demande.
A Saint-Martin, 55% de la population est étrangère non francophone -Haïtiens et Dominicains essentiellement-. Sans oublier les nombreux sans-papiers. Les deux quartiers défavorisés se nomment Orléans et de Sandy-Ground. Après Irma, de “nouveaux pauvres” ont rejoint leurs rangs, constate Arnaud. “Il y a ce qu’il faut à manger dans les magasins, mais quand on n’a pas d’argent…”.
Saint-Martin vivant quasi exclusivement du tourisme, après cette année blanche il n’y a “plus d’emplois, plus d’argent”. Alors que la riche voisine Saint-Barthélémy a retrouvé l’essentiel de sa capacité d’accueil, à peine 40% des restaurants et hôtels de Saint-Martin ont rouvert leurs portes. Le retour à la normale n’est pas attendu avant 2 à 5 ans.
“Comment reconstruire avec une aide de 20 millions ?”
Pourquoi cette lenteur ? Un problème d’assurances, déjà. 60% des Saint-Martinois restés sur place n’avaient pas assuré leur logement. Quant aux autres, les experts peinant à se rendre sur une île devenue difficile d’accès, leur indemnisation -et donc leur relogement-, ont été freinés.
Le président de la collectivité territoriale de Saint-Martin, Daniel Gibbs, rappelle qu’il a également fallu attendre “une carte des aléas climatiques pour redéfinir les zones à risques” et “de nouvelles règles sur un territoire sans plan d’urbanisme”, plaidait-il en juin dans les colonnes du Point.
Trois mois auparavant, la députée de Saint-Martin Claire Guion-Firmin (LR) interpellait le Premier ministre Edouard Philippe à l’Assemblée nationale : “Comment reconstruire avec une aide de 20 millions à ce jour sur les 493,6 millions promis ?”.
“Il manque là-bas du personnel qualifié quand il s’agit de lancer les marchés publics et de faire respecter les règles d’urbanisme”
Le délégué interministériel à la reconstruction Philippe Gustin a a indiqué, lundi sur Europe 1, que les indemnisations étaient en effet versées à la collectivité ultramarine projet par projet, afin de conserver un “véritable contrôle sur l’emploi des fonds”. Car “il manque là-bas du personnel qualifié et en nombre quand il s’agit de lancer les marchés publics et faire respecter les règles d’urbanisme à un moment où tout doit être reconstruit”, plaide-t-il. En juin, la Cour des comptes pointait du doigt la collectivité d’outre-mer de Saint-Martin pour ses difficultés dans la gestion de certains dossiers, trop lourds pour elle. Il faut également rappeler que Saint-Martin était identifiée, en février 2017, comme la collectivité la plus corrompue de France avec la Polynésie, selon Transparency international.
Emmanuel Macron attendu de pied ferme
Contacté par upday lundi, l’Elysée indique qu’“aucune visite n’est prévue” à ce jour pour le chef de l’Etat, pris dans l’engrenage d’une rentrée agitée. Le dossier a toutefois été évoqué lors du conseil des ministres du 22 août dernier. Y fut confirmée la tenue d’un comité interministériel, “dans les prochaines semaines”.
