Six mois de présidence Macron : quel était le bilan de Sarkozy et Hollande à la même période ?

Les six premiers mois d’Emmanuel Macron ont été marqués par des mesures fortes, audacieuses et pas toujours populaires, avec à la clé une baisse significative dans les sondages. Mais où en étaient ses prédécesseurs à l’Elysée au même stade ? Nous avons décidé de vous rafraîchir la mémoire.

The upday team
Le blog d’upday
4 min readNov 8, 2017

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CHRISTOPHE SIMON (Getty)

Réforme du code du travail, baisse des APL, hausse de la CSG, suppression de la taxe d’habitation, plafond de la Légion d’honneur… Emmanuel Macron, plus que jamais président jupitérien, aura joué sur tous les tableaux dans son premier semestre de mandat. Au risque, parfois, d’irriter.

Dernière preuve en date : selon un récent sondage Ifop-JDD, la côte de popularité du chef de l’Etat est passée en-dessous de la barre des 50%. Un chiffre qui traduit l’effet de réformes aussi audacieuses qu’impopulaires et de déclarations clivantes, mais qui pour autant n’a rien d’alarmant au vu des résultats de ses prédécesseurs. Voyons où ils en étaient à la même période.

Nicolas Sarkozy

Le soir de son élection à l’Elysée, le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy invite ses amis prestigieux, artistes et grands patrons, à un fastueux dîner au Fouquet’s. Voilà qui annonce la couleur pour l’ancien maire de Neuilly. Une image dite “bling-bling” qui lui collera à la peau tout au long de son mandat, d’autant que quelques semaines après la mise en place de son gouvernement, il ira passer quelques jours sur le yacht du milliardaire Vincent Bolloré.

Et au-delà du côté “m’as-tu-vu”, Nicolas Sarkozy se pose en “hyperprésident”, actif sur tous les tableaux (et plateaux), au risque de marcher sur les plates-bandes de ses ministres (issus de tous les horizons politiques). Une sorte de Macron avant l’heure. Au cours des six premiers mois de son mandat, de multiples chantiers seront mis en oeuvre, conformément au programme ambitieux du candidat Sarkozy : réforme de l’enseignement supérieur, défiscalisation des heures supplémentaires, crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt immobilier, création du revenu de solidarité active (RSA), bouclier fiscal, lutte contre la récidive…

Problème : le programme est coûteux. Très coûteux. Certaines mesures valent entre 4 et 5 milliards d’euros chacune. Cela tombe d’autant plus mal qu’à l’été 2007, la crise financière commence à se faire sentir, paralysant peu à peu l’économie mondiale. Et, dans le même temps, le budget de l’Etat. La situation est donc gelée et les ambitions présidentielles mises à mal.

Sur le plan international comme pour tout le reste, Nicolas Sarkozy prône un interventionnisme acharné. Quelques semaines après son élection, il effectue plusieurs voyages en Afrique, notamment dans les pays francophones et la Libye. En juin, il organise la conférence de Paris destinée à régler la situation délétère au Darfour. Ainsi, malgré le coup de frein de son gouvernement sur le plan national, le président parvient à garder un taux de popularité assez élevé.

Popularité après 6 mois de mandat : en décembre 2007, un sondage Ifop portant sur les six premiers mois d’activité du président indiquait que 51% des Français étaient encore satisfaits de son action.

François Hollande

Dès le début de son mandat, en mai 2012, François Hollande se place en porte-à-faux de son prédécesseur. Lui n’est pas un hyperprésident, mais un président “normal”. Un homme proche de son peuple.

Et ses premiers pas sont conformes à son agenda de président anti-sarkozyste. Le héraut du Parti socialiste enclenche tout de suite ses grands chantiers, en accord avec ses soixante promesses de campagne : début du débat sur le mariage pour tous (voté au printemps 2013), retraite à 60 ans pour les carrières longues, charte de déontologie (selon laquelle les ministres doivent déclarer leur patrimoine), réforme de l’ISF (avec une tranche à 75%), revalorisation du Smic et de l’allocation de rentrée scolaire, création des emplois d’avenir…

Mais si dans les premiers mois, le président s’applique à respecter ses promesses dites “de gauche”, les effets de la crise le forcent à prendre le parti de la rigueur (avec notamment une hausse de la CSG) pour ramener le déficit public à moins de 3%. Dans le même temps, la multiplication des plans sociaux dans l’usine sidérurgique de Florange exigeraient de lui qu’il se retrousse les manches. Au lieu de quoi il part en vacances à Brégançon en juillet 2012.

Ajoutons que le candidat Hollande avait promis de «bloquer» le prix des carburants pendant trois mois. Il y renonce fin août, au profit d’une baisse des taxes de seulement 3 centimes par litre.

Sur la scène internationale, il n’est pas mieux loti. Il poursuit la politique atlantiste de Nicolas Sarkozy (qui, rappelons-le, avait réinscrit la France au sein de l’Otan après quarante ans d’absence), que d’aucuns qualifient de “dérive” car elle le force à agir en président interventionniste. L’armée française est notamment présente au Mali, au Tchad, au Moyen-Orient et bien sûr en Afghanistan. Enfin, sur le plan européen, ses relations avec Angela Merkel sont exécrables, au point que le quotidien Der Spiegel s’inquiète de la pérennité des relations franco-allemandes.

Popularité après 6 mois de mandat : crise oblige, François Hollande est le premier président de la Ve République à ne pas connaître d’état de grâce. Ses chiffres de popularité sont en chute libre dès l’été 2012, et au mois d’octobre, le baromètre BVA indique que seuls 44% des Français jugent son action satisfaisante. Un chiffre qui n’aura de cesse de baisser, pour finalement atteindre un record historique… de 4%.

Matthieu Carlier, journaliste upday

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