Robots, Big Data, Intelligence Artificielle : Libération ou Aberration ?

Pascal BERNARDON
Usages Collaboratifs et Savoirs
6 min readApr 27, 2017

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Le Forum Changer d’Ère organise régulièrement des conférences très intéressantes. En général elles se déroulent au Cube ou à la Cité des Sciences; à cette occasion, nous étions conviés au Palais de la Découverte, un lieu tout à fait approprié pour échanger autour d’un sujet d’actualité qui pose question sur l’évolution de notre humanité.

Véronique ANGER DE FRIBERG anime cette rencontre. Elle a convié un panel de personnalités diversifiées pour couvrir le plus largement possible les différents points de vues sur l’impact sociétal dû à l’arrivée des robots, l’utilisation du Big Data et des algorithmes d’intelligence artificielle.

Les panélistes
Les panélistes

La conférence est lancée par Éloi CHOPLIN , il en profite pour annoncer la date pour la 5ème édition du Forum Changer d’Ère. Cette année il faut réserver votre journée du 13 juin 2017. Les inscriptions seront ouvertes avant le début mai.

Éloi CHOPLIN passe la parole à Bruno MAQUART, président d’UNIVERSCIENCE. Il nous présente les manifestations exceptionnelles organisées pour les 80 ans du Palais de la Découverte. Le point d’orgue de ces manifestations auront lieu le week-end du 20 mai 2017.

La conférence est retransmise en direct sur la chaine TV du Forum Changer d’Ère. La salle où se déroule cette rencontre est quasi remplie, 150 personnes se sont déplacées pour suivre ces regards croisés sur les impacts de l’intelligence artificielle pour notre humanité.

Photo des panélistes
Photo des panélistes

Regards Croisés

Véronique ANGER DE FRIBERG entame un tour de table en posant la question centrale de cette rencontre.

Robots, Big Data, Intelligence artificielle : Libération ou Aberration ?

Joël de ROSNAY entame le débat. Le scientifique identifie 3 craintes :

  • la suppression du travail
  • Transformer l’humain en esclave
  • Interface entre le cerveau humain et l’IA

Les 2 premières ne sont pas les plus dangereuses pour notre humanité. Ces craintes ont été les mêmes à chaque évolution tangible de notre civilisation, en revanche elles n’ont jamais été totalement vérifiées.

Par contre, la troisième inquiète très fortement, Joël de ROSNAY. Des entreprises, comme GOOGLE, expérimentent des implants pour permettre une transmission des informations traitées par le cerveau humain directement aux algorithmes.

Un des objectifs de ces expérimentations est d’accélérer la transmission des pensées entre l’homme et la machine. En effet, le cerveau humain traite 1 To de données à la seconde. La parole permet de formuler environ 150 mots à la minute.

Cette connexion directe accélérerait considérablement les traitements.

Dans cette hypothèse, serons-nous toujours des humains ?, ne risquons pas que notre cerveau soit hacké ? Une réflexion profonde doit-être menée !

Comment créer un futur souhaité ? Pour Joël de ROSNAY Il faut être :

  • mieux responsabilisé
  • dans le mouvement de l’évolution
  • des veilleurs responsables et actifs
  • garants de nos valeurs humaines

La seconde paneliste à s’exprimer est LAURENCE DEVILLERS.

La chercheuse travaille sur Affective Computing. Cette discipline s’appuie sur l’intelligence artificielle pour interpréter et comprendre la voix, les gestes, les mots et la vision des humains par des robots.

Elle suit les travaux de Google qui travaille sur la compréhension de ce qui se passe dans le cerveau humain.

Elle estime que l’intelligence artificielle n’est pas assez aboutie pour remplacer totalement les humains. En revanche, elle milite pour developper rapidement les axes suivants :

  • Former les personnes à l’intelligence Artificielle pour qu’elles matérialisent les impacts envisageables au regard de notre humanité
  • Mettre des règles sociales dans tous les traitements basés sur de l’intelligence artificielle
  • Mettre des règles éthiques pour préserver les libertés individuelles et collectives.

De son côté, Alain DUPAS précise que depuis plusieurs années des milliers de conducteurs participent aux études de TESLA pour développer leurs voitures autonomes.

Ce sont les êtres humains qui servent de cobayes à l’Intelligence Artificielle pour apprendre !

Ses plus grandes craintes sont que :

  • les algorithmes décident à la place des décideurs humains
  • Les décideurs n’ont pas assez de connaissances sur l’intelligence artificielle pour orienter leurs stratégies

C’est à cet instant que l’avocat Alain BENSOUSSAN prend la parole pour exposer le point de vue juridique.

Il entame sa plaidoirie par un constat alarmant !

Pour l’éthique c’est déjà trop tard !

Il poursuit sa démonstration; à son avis, nous sommes déjà entrés dans l’ère de la mixité entre l’Intelligence artificielle et l’humanité. Il appelle cette période La Robot-Humanité.

Pour l’avocat, la Personne-Robot est un nouvel acteur de notre humanité. Il doit-être considéré comme une entité à part entière avec ses droits et ses devoirs.

Alain BENSOUSSAN rappelle que nous obéissons déjà à l’Intelligence Artificielle sans considérer en être esclave. Les GPS, les algorithmes des sites de commerces ou des réseaux sociaux influencent notre système de pensée, nos choix.

En revanche, il travaille au niveau international pour définir des règles de transparence sur le contenu des algorithmes.

Il estime qu’il faut interdire les codeurs à programmer des algorithmes ne respectant pas les libertés individuelles

Jean-Gabriel GANASCIA pense que la prédictibilité dans le monde de l’information est très difficile à atteindre.

L’histoire nous a montré que les prédictions les plus pessimistes ne se sont pas réalisées

Il pense qu’il faut être prêt à être surpris par le futur. Il rappelle que l’intelligence artificielle participent à des d’applications positives dans la médecine par exemple.

François TADDEI précise que l’usage de l’intelligence artificielle pose le problème de repenser la formation scolaire, universitaire et continue. Il faut refondre totalement la pédagogie, avoir une réflexion éthique et donner du sens à l’Intelligence artificielle.

La rencontre se poursuit par l’éclairage du paléoanthropologue Pascal PICQ.

Sa vision s’appuie, notamment sur les travaux de Gilbert SIMONDON.

Il constate que les algorithmes investissent de plus en plus notre humanité.

Qui aurait pu penser que Twitter allait changer le monde au niveau des

  • élections
  • sentiments
  • etc..

Nous entrons dans la 3ème Co-évolution de notre humanité

Pour illustrer sa pensée, il précise que nous avons perdu 200 cm3 de cerveau par rapport à Cro-Magnon. En revanche nous ne sommes pas pour autant moins intelligent !

Il constate que notre durée de vie moyenne ne cesse d’augmenter et que la structure sociale de la famille est basée désormais sur 5 générations.

Le vrai danger pour notre humanité est de tomber dans le syndrome de la planète des singes

Il faut que nous continuons d’être actif, amoureux, soucieux des autres, de marcher. Notre inactivité physique, sociale et sexuelle entraînerait notre asservissement à l’intelligence artificielle.

Conclusion

Joël de ROSNAY clôture cet échange par 2 idées clés :

Changer le monde en s’appuyant sur l’Intelligence collective et collaborative issue du réseau planétaire où chacun d’entre-nous échange au quotidien.

La singularité de ce cerveau planétaire collectif lorsqu’il va prendra conscience de son existence

Post-Scriptum

Cet article est tiré des notes que j’ai prises en direct sous forme de carte mentale. Elle contient 90% du contenu de cet article. Si vous souhaitez télécharger cette carte mentale, cliquez sur ce lien.

Carte mentale de mes notes prises en direct
Carte mentale de mes notes prises en direct

L’événement a été enregistré, vous pouvez visualiser les vidéos en cliquant sur ce lien.

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Pascal BERNARDON
Usages Collaboratifs et Savoirs

“Être un révélateur du moment présent” La photo est pour moi l’aide-mémoire et le témoignage des beautés de notre planète.