Témoignage membre #7 A.I.MERGENCE, l’émergence de l’Intelligence Artificielle

Usine IO
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6 min readJul 4, 2016
L’E-4 le robot de surveillance d’A.I. MERGENCE

Présentation de Théophile Gonos, fondateur de A.I.MERGENCE

J’ai entamé mon cursus universitaire en physique à Paris VII (Jussieu à l’époque) car j’ai toujours eu une passion pour l’astrophysique et le domaine spatial. J’étais aussi attiré par l’informatique et la robotique qui pouvait être une autre voie pour accéder au domaine spatial.

J’ai fini par me spécialiser en intelligence artificielle et en robotique modulaire à la fin de mes études — robots identiques qui s’assemblent afin de pouvoir former de plus grands robots et accomplir des tâches complexes. Puis j’ai voulu faire un doctorat à l’étranger et me suis retrouvé à Edimbourg en Ecosse où j’ai pu faire une thèse en robotique biomimétique (imitation du vivants).

A mon retour en France, même si j’étais toujours intéressé pour travailler dans le domaine spatial — ou faire de la recherche en collaboration avec l’ESA (l’Agence Spatiale Européenne) — je voulais aussi avoir une expérience dans le privé. J’ai alors travaillé pour une entreprise d’informatique sur un système de gestion d’énergie de parcs informatiques, là encore, lié à l’I.A. J’ai commencé au même moment à réfléchir à des utilisations de la robotique pour différents services aux personnes.

Comment est né le projet A.I.MERGENCE ?

J’ai commencé à développer mon premier projet d’entreprise après ma thèse avec un ami de la faculté sur la fabrication d’un robot de surveillance de nourrissons (détection de comportements inhabituels et symptômes de mort subite chez les bébés de 0 à 2 ans) mais nous étions alors deux jeunes chercheurs et nos connaissances entrepreneuriales étaient limitées. Finalement nous avons dû abroger ce projet à sa phase de recherche sans avoir développé l’aspect gestion de l’entreprise et du réseau.

Cette première expérience m’a néanmoins permis d’acquérir des réflexes et des connaissances sur la logique du marché. Je voulais relancer un projet robotique mais cela ne m’intéressait pas de créer un robot ludique, je souhaitais créer un robot utile.

C’est en visitant des maisons futuristes dotées des derniers équipements de domotique et de sécurité de l’époque que j’ai eu une révélation : « Est-ce que nous ne pouvions pas mettre tout ça dans un robot moins cher que tout le monde pourrait installer dans sa maison » ?

S’en suivirent une multitude d’analyses de marchés, d’études de faisabilité, la création d’un réseau de connaissances, de compétences, des points majeurs qui me manquaient lors de ma première tentative entrepreneuriale.

Qui sont les A.I. MERGENCE ?

La plupart des gens travaillant chez A.I.MERGENCE sont plutôt des « techniciens ». Nous sommes quatre permanents : mon associé, Serge Gongora, qui a un profil ingénieur commercial et a travaillé durant des années comme chef produit dans une boîte d’équipement électrique, Nathan Piasco qui sort tout juste de Polytech Paris et s’occupe de la partie vision du robot, David Vigouroux notre architecte en algorithmique qui a travaillé pendant 7 ans dans le domaine de la défense aéronautique avant de nous rejoindre, et enfin moi, docteur en robotique biomimétique.

En ce moment, l’équipe peut également compter sur la présence de quelques stagiaires et apprentis : Sylvestre et David qui s’occupent de la mécatronique, Joanna qui travaille avec nous sur la reconnaissance faciale et vocale, ainsi que de Laura qui s’occupe de la communication.

Qu’est-ce que l’E-4 ? Comment fonctionne-t-il ?

L’E-4 est un robot de surveillance qui n’a pas besoin d’installation préalable pour être opérationnel.

Contrairement aux équipements de domotique qui existent sur le marché, le robot est prêt à l’utilisation au premier allumage dès le premier appairage au smartphone de l’utilisateur.

A partir de là, le robot va commencer à analyser son environnement et à apprendre à différencier et reconnaître les différents visages autorisés à être dans son périmètre.

Lorsqu’il détecte un visage ne figurant pas dans sa base de données, le robot va demander à l’utilisateur s’il s’agit d’un visage familier en lui envoyant un message, l’alertant ainsi de la présence d’une personne inconnue dans le lieu surveillé.

En plus de la fonction de surveillance applicable en cas d’effraction, l’E-4 détient également une fonction préventive puisqu’en faisant ses rondes, le robot est capable de détecter des anomalies dans la maison (fenêtres ouvertes/cassées, bruits suspects, inondations, incendies, présence d’animaux étrangers, …) de les analyser (capteurs et prise de photos) et de prévenir le propriétaire par message ou bien par l’activation d’une alarme si le téléphone de référence est hors d’atteinte.

Enfin, outre les paramétrages nécessaires à la reconnaissance des visages, l’E-4 est complètement autonome et retourne automatiquement à sa borne de recharge lorsque ses batteries commencent à être vides.

Pourquoi le robot s’appelle-t-il « E-4 » ?

Il s’agit en fait d’un jeu de mot. L’E-4 (prononcé à l’anglo-saxonne : « i-four ») fait références aux « Ephores » : anciens, sages, gardiens de la cité de Sparte durant l’Antiquité grecque. D’ailleurs, le nom de l’entreprise, A.I.MERGENCE est également un jeu de mot. En Intelligence Artificielle, l’émergence est un phénomène comportemental non programmé par l’utilisateur, le robot ayant ainsi un comportement qualifié « d’émergent ».

Avez-vous fait face à des problématiques en particulier lors du développement du projet ?

On fait toujours face à de nombreux problèmes dans une entreprise entre le management et l’administratif, mais l’un des challenges le plus important reste technique. En effet, rendre l’E-4 totalement opérationnel reviendrait à répondre à la majorité des problématiques techniques applicables à la robotique mobile, ce qui en soit est assez surprenant pour une startup et qui nous mettrait à un même niveau technologique que certains grands groupes.

L’autre grand challenge concerne bien sûr le financement qui est relatif à la crédibilité du projet. Contrairement à ce qui s’est passé pour le premier projet, réussir à créer un réseau de personnes impliquées dans l’I.A et la robotique a grandement permis à ce que l’E-4 paraisse plus crédible que les produits de robotique classique. En général dans ce domaine, les investissements tombent alors que le prototype n’est pas encore fini, il y a de nombreux exemples de projets IA/robotiques qui ont été financé après la présentation d’une jolie coque accompagnées de quelques promesses techniques alors qu’à A.I.MERGENCE, nous préférons rester honnête et ne présenter que des fonctions que nous avons réussi à intégrer.

Comment s’est déroulé votre phase de prototypage ?

Les prototypes d’E-4 ont été développés dans les ateliers d’ Usine IO avec l’aide des experts techniques. La raison numéro une d’abonnement à cette structure était la possibilité d’itération entre le test de différents moyens de locomotion, sur la forme du robot, composants électroniques à utiliser ou encore sur les processus mécaniques à intégrer.

Avez-vous été accompagné par des structures en particulier ?

Oui en effet. Avant la création de l’entreprise, j’ai été accompagné par l’EGEE une association d’anciens chefs d’entreprises et la BGE qui m’ont beaucoup aidé sur la partie administrative comme l’écriture du Business Plan et qui m’ont beaucoup conseillé et donné des idées comme lancer une activité de conseil en IA grâce aux compétences internes d’A.I.MERGENCE.

Vous avez participé pour la première fois au salon InnoRobo à Paris il y a un mois et présenté l’E-4 au public, quels sont aujourd’hui vos ressentis ?

Le salon a été un vrai coup de boost pour la société. Nous y avons fait de nombreuses rencontres et obtenus beaucoup de retours à la fois B2B et B2C. Par exemples des fabricants de composants électroniques qui nous demandaient d’intégrer leurs puces et composants au robot ou encore de nombreux particuliers qui exprimaient le besoin de s’équiper d’un E-4. On nous a même dit à un moment que nous étions des OVNIs ici car l’E-4 était l’un des rares robots vraiment utiles et non-humanoïde du salon.

Mais là où le salon a vraiment eu de l’impact, c’est dans le rapport de force qui s’est inversé entre nous et les autres entreprises. Avant le salon, nous étions inconnus et nous essayions d’entrer en contact avec d’autres entreprises afin de mettre en place une éventuelle collaboration. Lors du salon, ce sont les entreprises qui venaient vers nous pour nous demander de travailler avec elles et nous continuons à rencontrer des personnes qui étaient également présentes lors du salon.

Quelles sont les prochaines étapes de votre projet ?

La prochaine étape, c’est le lancement de notre campagne de crowdfunding qui est prévue en décembre/janvier prochain. Notre objectif, comme annoncé précédemment, est d’avoir un produit qui soit vraiment montrable. Certes une vidéo teaser à faire rêver les fanboys sera certainement publiée, mais à côté, nous comptons vraiment mettre en ligne des vidéos tutoriels afin que les gens puissent savoir exactement quelles sont les applications réelles du robot.

En parallèle, nous prévoyons également de participer aux prochains CES en espérant connaître le même succès connu durant l’Innorobo, après quoi nous entrerons dans une phase d’industrialisation et de commercialisation.

Bien sûr, E-4 ne sera pas notre dernier produit et nous envisageons déjà d’autres pistes de développement futurs en robotique et en IA.

En soi, A.I.MERGENCE n’est pas qu’une entreprise de robotique, mais vraiment une entreprise axée autour Intelligence Artificielle en général.

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