À Ile exceptionnelle, course exceptionnelle ?
L’île de la Réunion se situe dans l’océan Indien, une petite terre française qui s’emploie à bousculer les clichés habituels des îles tropicales allant du volcan actif aux plages accueillantes en passant par les fameux “cirques”. Faisant partie du patrimoine mondial, sa diversité offre des sensations relaxantes et des émotions remplies d’adrénaline.
Le Grand Raid est une course d’ultra-trail généralement organisée fin octobre qui doit se boucler en moins de 66 h. Départ le jeudi à 21 h et arrivée le dimanche à 15h40 maximum. Elle fait partie d’un événement sportif d’envergure mondiale qui est réparti en 4 courses mythiques sur des sites extraordinaires :
- Le Grand Raid ou Diagonale des fous (160km dont 9400m de dénivelé +)
- Le Trail de Bourbon (105km dont 6140m de dénivelé +)
- La Mascareignes (72km dont 3900m de dénivelé +)
- Le Zembrocal trail en relais (173 km dont 11050 m de dénivelé +)
La première édition de la Diagonale des fous a eu lieu en 1989. A l’époque, la course ne portait pas le nom du “ Grand Raid” mais celui de “ la Marche des Cimes” avec une distance de 120 km dont 5400m de dénivelé+. Cette course ne comptait que 500 coureurs, tous pratiquement locaux de l’île. Un an plus tard le nom change pour devenir “la Grande traversée” avec 126km dont 5000m de dénivelé +, mais déjà le double de coureurs. C’est seulement en 1994 que cette course prend le nom définitif du “Grand Raid”. Le parcours et le dénivelé augmenteront d’année en année attirant de plus en plus de monde. En 2019 ce sont d’ailleurs 2748 fous de 41 nationalités différentes qui s’élanceront sur le départ.
Le Grand Raid est considéré comme la 6e course en ultra-trail la plus difficile du monde, elle est composée d’une piste qui parcourt les terrains vagues de lave rocheuse, la forêt tropicale dense, les parois rocheuses verticales et quelques villages reculés, avant de replonger dans une jungle presque impénétrable. Le Grand Raid de la Réunion est aujourd’hui connu comme l’une des deux épreuves d’ultra-trail les plus mythiques au côté de l’Ultra-Trail du Mont Blanc.
Si cet évènement a aussi vite fonctionné, c’est parce que les Réunionnais ont pris conscience qu’en allant découvrir leur île à travers les sentiers, ils découvriraient aussi une identité très marquée qui leur appartenait. Réputée pour son extrême difficulté, la Diagonale des fous est devenue, avec le temps, un élément du patrimoine de l’île et la fierté des réunionnais. L’île est tournée vers sa montagne. Elle était le refuge des esclaves en fuite. Dans l’inconscient collectif, cette histoire est gravée. La population s’identifie fortement à cette épreuve qui est plus qu’une simple épreuve sportive. Elle renvoie à son histoire et à une forme de liberté. À chaque mois d’octobre, toute la Réunion vibre aux rythmes des exploits des raideurs.
On peut dire que La Réunion a été précurseur en matière de trail et d’ultra. L’histoire l’a donc installée au sommet, aidée par un territoire exceptionnel. Les caractéristiques de cette île au bout du monde et la chaleur de ses habitants ont joué un rôle majeur dans la promotion de cette course. La différence de la Diagonale des Fous par rapport aux autres ultras à l’échelle internationale, c’est la chaleur humaine et l’ambiance qui se dégagent de la course. Vivre un départ sur cette île est unique et marque toute une vie de trailer. La dureté de la course est un autre élément marquant.
La tenue de ces événements mobilise des centaines de personnes, notamment des bénévoles sur lesquels s’appuie le comité d’organisation. Ainsi, comme écrit sur le site du Grand Raid, « pour chaque coureur, qu’il soit un champion volant aux foulées impressionnantes ou un simple quidam déterminé à connaître les limites de ses forces et de sa volonté, les bénévoles choient, soignent, nourrissent, abreuvent, réchauffent, consolent, encouragent… ». Ces personnes seront appelées à contribuer à la bonne tenue du poste afin de permettre le passage des compétiteurs dans les conditions les plus optimales et garantir la sécurité.
La communication autour de cet évènement sportif a grandi avec la notoriété de l’évènement. La popularité de cette course est née au sein d’un groupe d’initiés se transmettant l’information de bouche à oreille. La montée des réseaux sociaux a étendu l’information de ce petit groupe d’initiés à un plus large public de sportifs. L’association a alors bien évidement mis en place un site internet, et s’est associée avec le fournisseur de téléphonie mobile locale “SFR” pour permettre le suivi en direct des coureurs (balise GPS) permettant un suivi live de l’évènement. Très rapidement un nouveau partenariat avec le groupe Canal+ a permis le lancement d’une chaîne de télévision locale (Canal Grand Raid) dédiée à l’événement, pour suivre la course en live pendant les 3 jours et accessible à l’ensemble des réunionnais pour se sentir au cœur de la course.
La première participation en 2010 de Kilian Jornet, leader mondial d’une discipline qui se professionnalise en Europe, fait alors passer le Grand Raid dans une autre dimension en même temps qu’elle sonne la fin des espoirs réunionnais sur l’épreuve.
La venue de plus en plus de nationalités étrangères a permis une plus grande couverture médiatique par des chaines spécialisées couvrant et retransmettant l’évènement au moins au niveau national. YouTube a aussi joué un grand rôle dans la promotion de cet évènement, en effet de nombreux coureurs ont partagé des moments de leurs courses, des conseils sur leur préparation, attisant de plus en plus l’envie des autres coureurs.
Aujourd’hui le Grand raid a trois canaux de communication : sa page Facebook qui regroupe environ 70 000 personnes, donnant une variété de contenus tels que le partage de vidéos et photos, la création d’articles web à propos de la course, la publication de carrousels et des partages de publications d’autres pages Facebook parlant de la Diagonale des Fous. Des retransmissions en direct à la radio, des affiches ornant les rues … nombre d’éléments attestent de l’immense médiatisation dont fait l’objet le Grand Raid à la Réunion, témoignent d’une île qui se met littéralement au diapason de l’événement.
