La sous-représentation des femmes dans le sport

“Les femmes constituent 52 % de l’humanité, demander 50 % des retransmissions, ce serait déjà un compromis, on pourrait se mettre d’accord sur ce chiffre.” Marlène Shiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a déclaré ceci en janvier dernier devant le CSA lors de la 3ème édition du “Sport Féminin Toujours”.

Le développement du sport féminin

Ces dernières années, le sport féminin s’est fortement développé. Bien que ce dernier soit moins physique, moins technique et moins spectaculaire en comparaison au sport masculin tel que le football il suscite tout autant l’intérêt des téléspectateurs. Il y a toujours une comparaison faite entre les différentes disciplines sportives même si elles sont moins présentes dans des sports collectifs comme le volley-ball ou le hand-ball, dans lesquelles le sport est moins “physique”, ce qui permet plus d’échanges, ce qui n’est pas déplaisant pour les spectateurs. Dans les pratiques telles que la natation ou l’athlétisme les courses restent toujours aussi trépidantes quel que soit le sexe des participants.

Le succès de médiatisation de la coupe du monde de foot féminin

Un des évènements important de ces dernières années dans la médiatisation du sport féminin a été la coupe du monde de foot féminin qui a eu lieu en France en juin 2019. En effet, elle a été la plus regardée de l’histoire avec plus d’un milliard de téléspectateurs et 12 millions de personnes en France pour le quart de final (la France ayant perdu contre les USA). La retransmission télévisée a été un vecteur du développement de l’audience de l’évènement. On se retrouve peu à peu avec une réduction de l’écart au niveau de la retransmission télé avec le sport masculin même si il reste tout de même des progrès à faire sur ce point là.

Les inégalités encore existantes dans le milieu sportif

Bien que la pratique du sport féminin progresse, il existe toujours des inégalités, en particulier au niveau des salaires ou primes de tournois. En France, les femmes reçoivent des salaires beaucoup moins élevés que les hommes, et en particulier dans le football.

Le montant des primes reçues par les femmes est dix fois moins élevé que celui des hommes. Le football n’est pas le seul sport dans lequel les inégalités des salaires persistent. On remarque des différence notables dans plusieurs sports comme dans le basket-ball ou le rugby, hormis le tennis où le salaire des vainqueurs est identique entre les femmes et les hommes. L’écart des salaires s’explique en partie par le fait que certaines disciplines sportives restent dans les catégories “d’amateurs” alors que d’autres sont “professionnelles”.

On constate que les choses bougent également au niveau international comme dans le basket américain ou dans le milieu des sports de glisse avec la Ligue Mondiale de Surf (où les femmes ont le même salaire que les hommes).

La question des salaires n’est pas l’une des seules inégalités qui existent. Récemment, l’équipe de foot féminine de Bréquigny (quartier de Rennes) est entrée sur le terrain avec comme seul équipement le maillot fourni par la Fédération Française de Foot. Les femmes ne reçoivent pas les mêmes équipements sportifs que les hommes qui, eux, reçoivent également shorts et chaussettes.

De gros écarts persistent encore aujourd’hui

On fait face à une sous-médiatisation du sport féminin : il y a seulement 7 % de représentation alors que 70 % des gens le disent aussi intéressant que le sport masculin. En 2020, la retransmission des épreuves de sport féminin à la télévision représentait 18 % du nombre total de compétitions sportives diffusées en clair, contre 7 % en 2014. Le volume horaire et le nombre de téléspectateurs du sport féminin sur les chaînes en clair (hors la chaîne l’Equipe) a été multiplié par 3 entre 2011 et 2019. Le renouvellement des présidents dans les fédérations sportives s’est accompagné d’une féminisation globale des instances dirigeantes.

De plus, la journée internationale du sport féminin (le 24 janvier) a vu le jour suite au constat de la sous-médiatisation du sport féminin.

On remarque une réelle évolution dans le monde du sport féminin, même s’il reste tout de même du progrès à faire.

Les évolutions de la place des femmes dans le sport

Certes, il y a eu du progrès ces dernières années tant avec la présence des femmes dans les fédérations que les nouveaux sponsors ou encore les sportives célèbres, mais le sport féminin reste encore en retrait.

En France, en 5 ans, le nombre de filles et de femmes licenciées a augmenté de 40 %. 45 % des filles abandonnent le sport à l’adolescence, pour les raisons suivantes : elles font face à une sectorisation des sports par genre, il n’y a pas assez de filles dans le rugby, et a contrario il y a une surreprésentation de ces dernières dans les sports de glace ou l’équitation. Alors que seulement 35 % des garçons abandonnent une pratique sportive à cet âge là.

Il y a de plus, un réel problème au niveau des infrastructures sportives (vestiaires séparés, douches…). Les filles sont victimes du plafond de verre c’est à dire qu’elles restent dans les catégories basses car on estime qu’elles ne sont pas assez compétentes physiquement et qu’elles n’ont pas leur place dans certains sports à haut niveau.

L’intérêt économique de la médiatisation du sport féminin

L’exposition médiatique du sport féminin donne accès à des retombées économiques, ce qui favorise la visibilité, cela amène les annonceurs à s’intéresser davantage et cela génère également plus de droits télévisés.

Selon un sondage Odoxa, publié en 2019, 80 % des français veulent voir plus de sport féminin à la télévision. Aujourd’hui, le sport féminin représente 20 % des retransmissions à la télévision.

Ces ressources complémentaires doivent permettent par la suite d’améliorer ou de construire de meilleures infrastructures qui vont permettre aux clubs de sport de rassembler plus de jeunes licenciés, qui permettra sur le long terme une contribution à l’effet JO (accompagner dès le plus jeune âge les “pépites” du sport et perpétuer la performance sportive en France). Il faut laisser le sport féminin s’imposer dans cette logique de la retransmission sportive.

Les changements de la société permettent de faire évoluer les questions autour de la place de la femme dans le milieu sportif. Bien que nous soyons dans une période où la démocratisation du sport féminin se fait de plus en plus ressentir, il reste tout de même des efforts à fournir.

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