Opinion et facteurs de méfiance des français vis-à-vis des médias

De nos jours, les français cherchent de plus en plus à s’informer, à s’intéresser à l’actualité. Et pourtant, la confiance envers les médias traditionnels baisse de plus en plus chaque année. En effet, de très forts doutes subsistent sur l’indépendance des journalistes : 69% des sondés pensent que les journalistes ne sont pas indépendants des partis politiques et du pouvoir, et 62% d’entre eux partagent cette opinion vis à vis de leurs pressions financières, d’après une étude réalisée par Le Journal de Dimanche. Ces doutes se font alors ressentir sur la confiance de la population française envers les médias. D’après une étude du baromètre Kantar / Lacroix sur l’évolution de la crédibilité de ces médias, 2019 est l’année où le taux de français ayant confiance en la télévision plus particulièrement est le plus faible avec 38% de crédibilité.

Parmi les médias d’information les plus influents en France, Le Monde est le premier média en lequel les français ont le plus confiance, et BFMTV le dernier, d’après une étude de L’Express. Or on remarque que les notes de confiance sont tout de même très faibles (la plus haute : 6,36/10), ce qui traduit une importante méfiance des français envers ces médias traditionnels.

Les facteurs de méfiance envers les médias sont aujourd’hui divers et variés. En effet, ils peuvent être directs comme indirects, par le biais par exemple des réseaux sociaux, qui favorisent grandement la diffusion d’infox (ou « fake news »), et ce notamment sur Facebook ou Twitter. Ceci conduit à une nette confusion du lectorat français : 67 % des personnes ayant répondu au sondage ont exprimé leurs difficultés quant à la manière de distinguer le réel du faux sur internet.

Concernant les facteurs directs, certains médias sont liés à de grands groupes et grandes entreprises relativement influents, appartenant souvent à des personnalités puissantes (hommes politiques, hommes d’affaires…). Peut-on alors dire qu’ils sont réellement « intellectuellement indépendants », tels qu’ils le déclarent ? Les français se posent en effet des questions sur l’objectivité des médias pour multiples raisons.

Pour commencer, les médias télévisés n’expriment parfois qu’un unique point de vue aux téléspectateurs : en effet, l’objectivité n’est pas toujours au rendez-vous. Par exemple, lors de l’invitation d’experts sur un plateau télévisé, le choix des invités, selon leur influence, leur domaine de prédilection, ou bien encore selon leurs idées et celles qu’ils diffusent, est un élément crucial du message porté par l’émission. De ce fait, le public français se méfie car l’information est facilement manipulable. En effet, il est important de prêter attention aux personnes invitées et à leurs paroles, et si celles-ci sont toutes d’un même avis sur certains sujets, les français auront tendance à de plus en plus se questionner vis-à-vis de la fiabilité des médias.

Prenons pour exemple Alain Minc, ce dernier a invité sur son émission tv en juin 2008 Daniel Cohen qui est pour lui « le meilleur économiste français », pour parler du début de la crise éco de 2008. Cohen déclare alors sur direct 8 que « la crise financière est apriori passée, (…) le risque que la crise financière dérape en crise systémique où les banques tomberaient comme des dominos semble écarté ». Les économistes intervenant à la télé réalisent alors une grosse erreur de diagnostic, car en septembre 2008 a lieu une immense crise financière qui fait basculer dans l’extrême pauvreté 64 millions de personnes dans le monde. On constate alors l’homogénéité des opinions qui a pour cette fois-ci engendré la remise en cause de la parole des experts qui passent à la télé par les téléspectateurs.

Ce phénomène d’homogénéité des idéologies est également renforcé par le fait que la hausse des coûts de production oblige les quotidiens à s’allier ; apparaissent alors de véritables « empires de presse », détenus par certaines personnes. Si le nombre de propriétaires de journaux continue à diminuer, la pluralité des opinions exprimées s’en trouvera encore limitée.

En conclusion, l’opinion française à l’égard les médias se dégrade de plus en plus au fil du temps, et va même jusqu’à connaître de fortes baisses de popularité, comme pendant l’année 2018 avec la crise des gilets jaunes. La population manifeste une réelle méfiance envers l’information divulguée en France, et cela se traduit par une remise en cause partielle, voire totale de l’intégrité des médias. Les sources de ce questionnement sont nombreuses, qu’elles soient directes ou non, et impliquent par exemple les réseaux sociaux et les infox qui s’y propagent, ou encore les liens qui existent entre de grandes sociétés et les personnes intervenant sur les plateaux télévisés. Malgré tout, les journalistes pourraient un peu plus insister sur le fait qu’ils sont des professionnels et qu’ils doivent ainsi suivre un code de déontologie, en communiquant sur ces éléments, cela permettrait éventuellement de rassurer les français sur la qualité de leur travail.

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