Exposition des faits

Le monde vu d’en bas
Putod Claire
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3 min readNov 23, 2016

7 Novembre 2015. Elle pourrait s’appeler Riham, Nooda, ou Amena. Elle habite Douma, en Syrie. De violents bombardements éclatent, son école est détruite, ses copains sont blessés, d’autres gisent au sol. L’approvisionnement est restreint, elle manque d’eau, de nourriture, et de soins. Un nouveau raid aérien, et cette fois c’est son tour.

Son père, pour la dernière fois, la berce sur ses genoux.

Abd Doumany, Douma’s children

L’image pour l’émotion

Une jeune fille pleure, « J’ai vu une photo avec des morts. Je ne m’attendais pas à ça ». Sa mère lui répond : « C’est du photoreportage, c’est normal, ce n’est pas pareil ». Cette photo, c’est Abd Doumany qui l’a prise ; un photographe indépendant de 25 ans installé à Douma, en Syrie. Il considère que photographier le conflit syrien s’est imposé à lui comme un devoir, depuis la première fois qu’il a senti que le gouvernement empêchait son peuple d’être libre. Les gens défilent devant ses clichés au World Press Photo de Montréal ; les émotions se cachent et se confondent. Jean, un visiteur, la quarantaine, trouve qu’il en montre trop : « On n’a pas besoin d’en voir autant ». Il est accompagné par Laurent : « C’est du photoreportage, je suis déjà venu l’année dernière, je savais à quoi m’attendre. » S’y attendre, s’y préparer. C’est un face à face avec des enfants syriens qui laissent les visiteurs muets et immobiles.

Abd Douman, Douma’s children

A la portée d’un photographe

Cette année, les images du photographe sont exposées au World Press Photo de Montréal jusqu’au 2 Octobre, pour lesquelles il a remporté le second prix dans la catégorie Nouvelles générales. Cela fait trois ans déjà que Doumany s’occupe de montrer au monde ce qui se passe chez lui. Tel un porte-parole, il partage avec une émotion rare des clichés qui, sans un mot, se suffisent à eux-mêmes pour exprimer la souffrance que vit son peuple. Il veut faire surgir à la face du monde que l’Innocence meurt chez lui. Considéré comme le festival le plus important pour certains médias, tel que le New York Times, le World Press Photo est une occasion supplémentaire de faire valoir son travail et d’inculquer une prise de conscience de masse sur ce qui se passe en Syrie.

Abd Doumany, Douma’s Children

Syrie, guerre et victimes

Cela fait cinq ans que le conflit syrien a débuté. Dans la province de Damas, c’est Douma qui est considérée comme étant le plus grand bastion de l’opposition. Plus communément appelés les rebelles, ce sont les opposants au gouvernement de Bachar El-Assad, président de la Syrie, ne s’apparentant pas à l’Etat islamique mais provenant d’autres mouvements. D’après le CDVS (Centre de Documentation des Violations en Syrie), 1 740 personnes ont été tuées à Douma dans la première moitié de l’année 2016. Les bombardements gouvernementaux sont incessants, et selon l’OSDH (Observatoire Syrien des Droits de l’Homme) les avions attaquent même les écoles. Toujours selon l’OSDH, la ville détient le record du nombre de décès dans une zone tenue par les rebelles depuis le début du conflit.

Abd Doumany, le photographe, est toujours en Syrie actuellement. Il continue son travail, ou comme il aime à l’appeler : son devoir.

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Le monde vu d’en bas
Putod Claire

Vision du monde qui nous entoure. Révéler les valeurs de chacun. Donner à voir les oubliés.