Une française à la conquête de l’Ouest

Le monde vu d’en bas
Putod Claire
Published in
3 min readNov 23, 2016

Déjà 5 ans qu’Emmanuelle Walter a rejoint Montréal pour y poser ses valises. Connue pour ses talents de journaliste, elle s’est faite sa place dans ce nouveau pays grâce à son livre « Sœurs volées », une enquête journalistique sur un féminicide autochtone au Québec. Rencontrée au coin d’une rue dans le Mile End, elle se livre sur ses projets en cours, ses doutes à son arrivée, et tous ses à cotés qui font d’elle une femme remarquée.

Entre engagement professionnel et vie privée

Emmanuelle, de son petit surnom « Emma », est une femme passionnée. Et elle se revendique comme tel. Environnement, climat social, minorités ethniques, ses revendications sont clairement engagées. Arrivée avec ses trois enfants « sous le bras » dirait-elle, le Québec est un choix sans raisons « Par envie de découvrir, d’apprendre, de changement, je n’avais ni a priori ni attentes. J’avais juste envie de venir. » Elle arrête le journalisme et se reconverti. Auteure toujours, scénariste à l’occasion, et documentariste parfois, elle fait aussi des articles pour quelques médias en tant que journaliste indépendante. Quand on lui demande quels sont ses projets à venir, elle répond sans méandres « Je ne sais pas ». Car Emma, c’est une femme qui vit au jour le jour. Elle avait déjà fui le stress parisien pour se réfugier à la campagne, se considérant davantage comme une Nomade qu’une femme d’affaires. Elle a notamment été l’épouse jusqu’à l’année dernière de David Dufresne, co-fondateur de Médiapart et initiateur des webdocumentaires. Il a aussi été le moteur qui l’a poussé à écrire son livre. Encore en France, elle s’intéressait déjà aux questions autochtones d’Amérique du Nord. C’est seulement une fois sur place qu’elle s’est rendue compte de l’immensité du problème.

Derrière la journaliste, l’auteure

Le 2 Novembre 2014 sortait « Sœurs volées », une enquête sur deux sœurs amérindiennes Maisy Odjick et Shannon Alexander, disparues depuis 2008 sous le silence général. Emmanuelle a longtemps réfléchi sur la finalité de ce livre. Quel impact ? Quelle critique à venir ? A la base, elle n’espérait rien ; elle redoutait : « J’avais peur qu’on me dise de me mêler de mes affaires, de commencer par regarder ce qu’il se passe en France. » Elle avoue avoir préparé une ribambelle de réponses à toutes les possibles remarques que l’on aurait pu lui faire. « Tout le monde me disait que la seule chose que je pouvais espérer c’était une interview à Radio-Canada». L’intérêt d’un regard étranger sur la question a finalement eu du sens. « C’est génial car des journalistes québécois n’auraient jamais fait ce livre » lui ont même dit des confrères Montréalais. Sa démarche était humble, et cela s’est retrouvé dans son travail. Une suite du livre est en train d’être adapté en documentaire, dont elle est la scénariste.

En novembre sortira son prochain récit de voyage dans la baie James, avec comme seul indice la présence d’un député québécois autochtone à ses côtés. Après celui-là, Emmanuelle ne souhaite plus traiter des questions amérindiennes : « Je ne veux pas devenir la spécialiste sur le sujet. Je préfère laisser la place aux autres pour dire ce qu’ils ont à dire. Je continuerai de m’y intéresser mais de façon personnelle. »

--

--

Le monde vu d’en bas
Putod Claire

Vision du monde qui nous entoure. Révéler les valeurs de chacun. Donner à voir les oubliés.