David Melki
Want More Work
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4 min readMay 4, 2016

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Entretien avec Candice Gasperini, co-fondatrice de BRICOOL

Qu’est-ce que BRICOOL ?

Bricool se positionne comme la conciergerie petits et gros travaux. Le terme conciergerie est galvaudé mais il exprime parfaitement l’idée d’accompagnement et d’implication minimale pour le client. Nous cherchons dans notre réseau le ou les prestataires correspondant à son besoin, nous comparons les devis afin de nous assurer d’avoir un prix intéressant et compétitif, nous le conseillons et l’accompagnons jusqu’à la finalisation de son chantier.

Y a t-il la vision d’un fondateur à son origine ? Quel était l’ADN de votre société ?

L’été dernier alors que je venais d’acheter un appartement, je me suis trouvée désemparée au moment d’entamer les travaux. Par où commencer ? Qui appeler ? Comment s’assurer d’avoir des prix honnêtes ? Emilie, mon associée, avait de son côté des petits travaux, elle n’avait aucune envie de devoir encore solliciter ses proches, ses amis.

Nous avons dès lors analysé les services existants, rien ne répondait à notre besoin, à savoir : « je n’y connais rien aidez-moi ! » Et surtout je n’avais pas le temps de m’occuper et de rechercher le bon prestataire. Entre les marketplaces qui fonctionnent à l’enchère inversée et les sites multi-devis pour lesquelles il faut avoir un minimum d’expertise, nous ne trouvions pas l’intermédiaire de confiance. Celui qui assure le prestataire fiable correspondant à la demande et qui garantit des prix justes. Cela paraît simple mais dans un secteur aussi déréglé avec des intervenants habitués aux mauvaises pratiques c’est une gageure !

Nous avons l’habitude de dire que nous nous adressons à tous les « outsiders du bricolage », à savoir tout ceux qui ne savent pas faire ou n’ont tout simplement pas le temps. Nous avons une clientèle urbaine mais nous nous adressons aussi bien aux trentenaires actifs qu’aux personnes âgées ou personnes en situation de handicap qui ont particulièrement besoin d’être rassurés.

Quels sont les événements marquants de son histoire, ses grandes évolutions ?

Nous nous sommes rencontrées Emilie et moi au Wagon, le meilleur bootcamp de France, 9 semaines intensives pour apprendre à coder. Notre rencontre a été un véritable coup de cœur amical. Nous avons ensuite cherché un projet sur lequel nous pouvions nous associer. Ca a pris près d’un an car nous souhaitions vraiment trouver le sujet pour lequel nous ressentions un vrai « pain point ». Nous avons dès lors commencé par coder une plateforme toutes les deux. Et puis nous avons rencontré Oussama Amar de The Family, un tournant décisif. Oussama nous a immédiatement conseillé de cesser de coder et de commencer par tester notre service. Il est inutile de proposer une plateforme si elle ne correspond pas aux usages clients. Sentir son marché pour comprendre comment s’y adapter puis construire au fur et à mesure en fonction les briques du produit une à une. Le célèbre « test & learn », le meilleur conseil qui nous ait été donné.

Quelle est la politique d’entreprise que vous entretenez avec vos collaborateurs ?

Nous sommes une jeune startup, ce qui exige un mindset particulier, la flexibilité est le fondement de BRICOOL. Avec nos collaborateurs (et même lorsqu’ils sont freelances) nous ne fonctionnons pas sur un mode hiérarchique vertical. Chaque membre doit agir en véritable entrepreneur et mettre à profit des autres la connaissance qu’il a de son domaine d’affaires afin de développer des idées novatrices.

Quel est votre rapport au CDI ?

Nous n’en sommes pas encore là. Nous serons prochainement en phase de levée de fonds, nous parlerons CDI à ce moment là. Outre nos collaborateurs, la question du CDI s’est posée avec nos prestataires. Souhaitions-nous les intégrer en interne comme c’est le cas des « sauveteurs » de Save ? L’avantage est bien entendu d’homogénéiser le service, de pouvoir former les recrues, d’éradiquer les mauvaises pratiques. L’inconvénient évidemment, nous le connaissons tous, c’est le coût. Mais pas seulement. Nous avons rapidement constaté que nombre de nos prestataires avaient fait le choix de quitter le salariat pour se mettre en auto-entrepreneur. Proposer un CDI nous paraissait être un recul sur ce secteur. Peut-être changerons-nous d’avis dans l’avenir mais pour le moment cela nous semble être le bon choix.

Etes-vous positionnées sur un secteur à turnover important, si oui quelles en sont les principales raisons ?

En effet. C’est une des causes d’échecs de certains de nos équivalents américains. En outre, notre secteur est particulièrement concurrentiel. Dès lors comment fidéliser les meilleurs prestataires ? Il nous paraît nécessaire de consacrer un budget important à leur onboarding et leur fidélisation. Cela passe déjà par le rapport humain que nous privilégions. Nombre d’entre eux nous ont déjà notifié la différence de notre service à leur égard de nos concurrents. De plus, nous organiserons prochainement des événements réguliers qui nous permettront d’asseoir une notion de « communauté » parmi nos bricoolers. On peut être un travailleur indépendant et se sentir membre à part entière d’une entreprise. C’est une conception du travail nouvelle. Nous souhaitons que nos bricoolers soient heureux et fiers d’être labellisés BRICOOL.

Votre politique RH prend-elle en compte la fragmentation du monde du travail ?

Le bâtiment était déjà « ubérisé » avant l’heure puisque le statut d’artisan ne date pas d’hier. Néanmoins, nous assistons à une nouvelle fragmentation. Disons que nous sommes le fruit de cette évolution car BRICOOL existe en partie grâce à l’émergence du statut d’auto-entrepreneur. Il renouvelle le marché en apportant un souffle neuf à un secteur faisandé. Beaucoup de nos prestataires ont récemment quitté leur poste de salarié dans des entreprises du bâtiment pour se mettre à leur compte. Cela leur permet d’avoir un contact client qu’ils n’avaient pas jusqu’à lors. Mais surtout c’est une plus grande liberté et la satisfaction d’être son propre patron. Pour nous c’est l’assurance de collaborer avec des acteurs qui n’ont pas encore intégré les mauvaises pratiques. Ils sont en outre plus flexibles et leurs charges plus faibles nous permettent de proposer à nos clients des tarifs compétitifs.

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