Comment s’inspirer des méthodologies Agile pour réfléchir à un nouveau style de leadership et profiter pleinement de la transformation digitale ?

Corentin Maisonneuve
WDS en Français
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4 min readApr 11, 2017

Pour essayer de répondre à cette question nous allons porter notre attention sur deux principes importants de l’Agile et leurs développement à travers les méthodologies Lean puis Lean startup.

Ces deux aspects sont les suivants : un pilotage par la valeur et une co-création, en tant qu’équipe, incluant le client.

Le pilotage par la valeur s’oppose à la gestion classique d’un projet suivant un cycle en V, où l’objet du projet doit être complètement défini avant de pouvoir être passé à l’équipe en charge de l’étape suivante. Le management d’un tel projet consiste alors à essayer d’anticiper de la manière la plus exhaustive possible l’ensemble des risques que l’on pourrait rencontrer et ensuite de faire en permanence des compromis entre la qualité, les coûts ou les délais jusqu’à

sa fin. Avec la méthode Agile, le coût et la date de fin du projet sont fixes. En enchaînant de petits cycles d’itération, le projet se construit progressivement en intégrant les composants ayant le plus de valeur d’abord et en ajoutant ceux ayant moins d’importance progressivement par la suite.

Et la qualité ? Travailler en cycles courts de développement permet d’ajuster le projet au besoin si des difficultés devaient être rencontrées. La co-création joue aussi un rôle majeur. Le client, les personnes qui ont un intérêt dans le projet, font partie de l’équipe et sont présents tout au long du projet pour s’assurer que celui-ci répond correctement à leur besoin. Si cela devait ne pas être le cas, toute l’équipe du projet évalue l’avancement, les problèmes et les ajustements nécessaires afin d’assurer la meilleure qualité possible à mesure des itérations.

La méthodologie Lean a été développée dans un contexte industriel, avec un objectif clair : faire plus avec moins. Cela se traduit par deux notions importantes : éviter le gaspillage et amélioration continue. Nous pouvons dès lors voir le parallèle avec l’Agile. Eviter le gaspillage est une stratégie de pilotage par la valeur. Dans cette méthodologie cependant, éviter le gaspillage prend deux formes, de même importance mais pas nécessairement aussi intuitive l’une que l’autre : éviter la mauvaise qualité (les défauts sont de la production gâchée) et éviter la sur-qualité (ce qui va au delà de ce qui est nécessaire est du gaspillage).

En ce qui concerne l’amélioration continue, elle prend la forme d’un processus de co-création. L’équipe entière est invitée à se poser des questions sur tous les processus et à réfléchir à leurs tâches, en étant soutenue pour ce faire par la hiérarchie de manière à ce que les propositions à quelque niveau que ce soit soit considéré et implémentée si cela devait être bénéficiable.

Transposée à un autre contexte, Lean devient Lean startup. Pas de sur-qualité : on ne met son énergie que dans la construction d’un Produit Minimum Viable, suffisant pour commencer à tirer des enseignements. Bien entendu, puisqu’il s’agit d’une méthodologie Agile, le développement est réalisé par une succession de cycles itératifs courts. L’apprentissage constant permet d’assurer la qualité : on développe, on teste et on tire des enseignements qui influencent la prochaine étape de développement. Afin de tirer le meilleur parti de cette méthodologie, les tests et les enseignements ne doivent pas être basés sur de l’affect, mais plutôt sur des métriques et des raisonnements rigoureux, voir scientifiques. Et comme Lean startup les définis, ces métriques pour être pertinentes doivent pouvoir être corrélées à et influencées par des actions.

Lean startup intègre également fortement la notion de co-création. Mais il a fallu développer une méthodologie qui répond spécifiquement au défi de co-créer avec le public, un client externe qu’il n’est pas aussi facile de faire asseoir dans une salle afin d’obtenir sa contribution directe. C’est pourquoi un aspect crucial de cette méthodologie est de trouver des moyens de confronter son projet à la réalité. Des métriques, mais aussi des interviews, des tests, des analyses sont autant de moyens différents pour s’assurer que son projet répond à un besoin et s’adresse au bon public. Cela permet de continuellement vérifier s’il est pertinent de continuer ses efforts dans la même direction ou s’il est temps de pivoter afin de redevenir pertinent. Pivoter peut s’avérer nécessaire parce qu’on aurait mal compris le besoin initialement, ou bien parce que les besoins ont évolué avec le temps ou encore parce que le context a changé, soit par la présence d’un nouveau concurrent, soit par l’apparition d’une nouvelle technologie par exemple.

Ce dernier point est ce qui fait de la méthodologie Lean startup un framework pertinent à appliquer pour les défis organisationnels. Parce que les conséquences de cette méthodologie veulent que l’on ne se concentre finalement pas à mettre ses efforts dans la création d’un produit, d’un service ou d’un process parfait, ce qui de plus en plus ne pourrait être vrai que pour un court instant. Au contraire elle engage à mettre en place un système où les décisions, l’analyse, basée sur des mesures pertinentes, impliquant tous les acteurs et parties prenantes et qui se traduit par une forte capacité d’adaptation.

L’adaptation est ce qui fera la force d’une équipe ou d’une entreprise. Le défi aujourd’hui est la transformation digitale et le rythme toujours plus effréné de l’innovation. Le défi de demain pourra être différent. Savoir ce à quoi l’on doit prêter attention pour s’ajuster permet de maintenir une organisation qui sait intégrer le changement de manière dynamique, un prérequis pour qui souhaite rester leader.

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Corentin Maisonneuve
WDS en Français

Member of We Design Services a team of innovation and management scientists, product and service designers, entrepreneurs, visionaries and business consulting.