Du design et du cinéma

Rémi Garcia
We Are Outsiders
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4 min readJan 12, 2021

Cet article est un extrait de ma newsletter sur le design : DEEX, dans laquelle j’explore les tenants et aboutissants du design et la formalisation d’un design moins “startupien” et plus ouvert.

Si ça t’intéresse tu peux t’abonner ici : https://mailchi.mp/62681fdde936/deex-2

L’autre jour je suis tombé sur cette vidéo du Fossoyeur de films

Dedans, il compare le blockbuster “d’aventure égyptienne” Gods of Egypt à un pendant plus ancien, La Momie premier du nom.

En comparant les deux films, il démontre que depuis une quinzaine d’années, l’industrie du cinéma tend à s’industrialiser de plus en plus.

Une industrie dont l’objectif est de faire toujours plus d’argent.

Le risque est limité au maximum.

Le rendement est optimisé.

Les productions sont algorithmisées.

Passées sous les tirs de la data et du screen test pour devenir des produits les plus lisses possibles et adaptés à des publics soit très larges soit très spécifiques (voire un peu des deux dans le pire des cas).

L’objectif n’est plus de faire des films mais des contenus.

Contenus produits massivement et à la chaîne dans le but de gaver les contenants que nous sommes.

Tout ça pour obtenir un monopole culturel ou monétaire.

Or bien faire nécessite de prendre du temps.

Prendre le temps de peaufiner son travail.

De penser les détails.

De préparer ses mises en scènes.

Sauf que le temps, ils ne l’ont pas.

Alors les films font juste leur job à grand coup d’effets numériques et de dynamisation de l’image par le cut à outrance.

Tout n’est tourné que sur fond vert et là où 1 ou 2 plans auraient suffit, on se retrouve en avoir 7 juste pour une séquence banale.

On en fait des caisses pour masquer les faiblesses d’écriture et de préparation des scènes ou tout simplement pour saturer le cerveau du spectateur et lui montrer qu’on sait faire du cinéma.

Le problème n’est pas technique.

La majorité des réalisateurs savent faire leur boulot et sont accompagnés de techniciens largement compétents.

Non, le problème est plus profond et comme le dit le si bien le Fossoyeur :

Un cinéma de bon techniciens mais qui manquent de vision et surtout qui sont poussés au cul par des impératifs de rendements qui n’ont plus aucun sens.

Étrangement en regardant cette vidéo, j’ai eu la sensation qu’il parlait du métier de designer.

Il est difficile de ne pas voir les parallèles.

Aujourd’hui le design se perd dans la technique.

On ne jure que par la méthode, les données et les tests.

L’objectif est de produire à moindre frais des solutions optimisées au maximum sans prendre le moindre risque.

Il faut que ça aille vite, que ça rapporte.

Et tant pis si c’est mauvais (ou inutile).

On ne fait pas les choses pour les bonnes raisons.

Dans les grandes structures, chaque chef se bat pour garder en vie son projet (et donc son budget) même si le dit projet ne sert à rien ou est déjà fait d’une autre façon par une autre équipe.

On ne pense qu’à la vitesse et à l’amélioration continue sans se soucier si l’ensemble reste cohérent.

Les startups pensent que toutes difficultés doit avoir une solution même si c’est absurde.

Pas de problème pour apporter de la valeur mais personne n’a vraiment besoin d’un abat-jour connecté qui sait tout seul quand il doit s’allumer.

Ou la gamelle pour chat connecté qui rationne la quantité de nourriture en fonction du poids de l’animal et avec reconnaissance faciale pour être sûr que c’est bien lui qu’on nourrit et pas le chat du voisin.

Il y a sûrement des sujets plus importants à traiter.

Mais ce sont des niches à exploiter.

Des niches qui peuvent faire gagner de l’argent facilement.

Encore une fois ce qui vaut pour le cinéma, vaut pour le design.

Il ne suffit pas d’avoir de bons techniciens.

Il ne suffit pas de faire pour que ça ait de l’intérêt.

Il ne suffit pas d’appliquer les règles du design pour faire du bon design.

Il ne suffit pas que ça rapporte pour que ce soit utile.

Il ne suffit pas d’aller vite pour réussir.

Je ne doute pas que tout le monde ait de bonnes intentions.

Enfin personne n’a vraiment envie de faire les choses pour de mauvaises raisons.

On peut se tromper.

Intégrer une doctrine mal adaptée (comme ce que j’ai raconté dans les épisodes 1 et 2 de cette saison)

C’est pour ça qu’il faut changer de système.

Revenir à des fondamentaux.

Créer de nouvelles voies.

Se rappeler que le design c’est avant tout une proposition.

De l’importance de la vision dans un projet.

Que les visions sont toujours personnelles.

Qu’il faut laisser du temps aux choses.

Que le solutionnisme n’est pas la réponse.

Qu’il faut redonner du sens.

Casser les codes pour innover.

Prendre des risques.

Qu’il y a le numérique mais aussi tout le reste (papier, objet, service,….)

Que le design c’est surtout donner du sens dans la simplicité.

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Rémi Garcia
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Designer d’expérience un peu rebelle, passionné d’éducation, touche-à-tout, illustrateur et auteur à ses heures perdues. Geek dans la vraie vie.