I’m not an ethnography-driven designer but I do care about people…

Et c’est très bien comme ça.

Rémi Garcia
We Are Outsiders
4 min readAug 13, 2019

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Tout a commencé par un post Instagram de Geoffrey Dorne.

À peine cette phrase avait frappé ma rétine quelque chose s’est débloqué dans mon esprit.

Ceux qui me côtoient et me lisent régulièrement savent que mon point de vue sur la recherche utilisateur oscillent de l’intérêt à la haine farouche.

Je le répète assez souvent mais en 10 ans de carrière, tout l’univers du design a changé. Passant d’une démarche de création à une démarche scientifique.

La démarche UX, User Centric est devenu un espèce de culte à laquelle les designers et entreprises se sont convertis. Pour suivre le courant.

Le monde magique du design ethnographique

L’approche ethnographique dans le design a de nombreuses vertus. Elle permet aux designers d’avoir plus de poids quand ils présentent leurs solutions. Elle permet de mieux comprendre, ou plutôt de comprendre plus en profondeur, certains aspects de la vie des futurs utilisateurs.

Elle permet de voir des choses que l’on aurait pas vu ou tout simplement d’éviter des biais. Mais surtout elle évite l’utilisation de l’intuition pour se ranger derrière les avis mesurés de la démarche scientifique.

Tout ça c’est très bien mais pourtant une part de moi rejette cette idée.

Aujourd’hui, tu n’es pas un vrai UX designer si tu ne fais pas de recherches, d’entrevues ou de tests utilisateurs.Tu n’es alors qu’un simple graphiste (comme si c’était fondamentalement un problème), bon pour faire de l’éxé car tu n’es pas capable de comprendre les vrais enjeux, pauvre créature guidée par tes biais.

Bien sûr je grossis volontairement le trait, mais quand j’entends certains designers parfois nous ne sommes pas loin de cet état d’esprit.

De quoi cette personne à besoin ? Qu’est-ce qu’elle attend ?

Quand je me lance dans un design, ce sont le genre de question que je me pose. Avant même de produire quoi que ce soit.

C’est une sorte de routine. Je me renverse sur ma chaise, mains derrière la tête, les yeux vers le plafond. Alors je lance le film dans mon esprit. J’imagine la vie de la personne pour qui je travaille.

Scène par scène, j’explore les scénarios possibles. Va-t-elle plutôt aller dans cette direction ? Ou alors dans une autre ? Va-t-elle faire ceci ? Comment va-t-elle réagir face à ce paramètre ? Que ce passe-t-il si je le modifie ? Je liste mentalement tous les points de blocages qu’elle peut rencontrer. Je teste toutes les options.

Tous ces scénarios sont basés sur ma propre expérience, sur l’observation des personnes qui ont pu croiser ma vie de près ou de loin. Mais aussi sur des années de lectures d’articles sur le comportement des utilisateurs, de psychologie cognitive, d’ergonomie, de biologie et j’en passe.

Chacune de ses informations et de ces exercices de pensées n’ont qu’un seul but : Comprendre mieux les gens pour qui je fais du design.

Exactement la même ambition que le design ethnographique, juste pas la même méthode.

L’ethnographie, un outil parmi d’autre

Cependant les exercices de pensées ont des limites. Il est impossible de tout savoir et de tout déduire. Malgré les grandes capacités empathiques de l’humain, il vient un moment où on fini par bloquer.

C’est là qu’intervient la recherche utilisateur dans mon process de design. Quand je bute sur un sujet. Je pars alors à la recherche d’études sur le sujet qui me bloque pour recueillir les données qui me manque pour aller au bout de l’équation.

C’est comme cela que je considère l’approche ethnographique. C’est un moyen pour obtenir les informations qui me manquent pour pouvoir proposer la meilleur expérience possible à une personne. Et ce moyen n’est ni plus, ni moins indispensable que tous les autres outils dont dispose un designer.

Apporter de la valeur

Est-ce que ça fait de moi un mauvais designer ? Je ne pense pas (mais peut-être que je me trompe). En tout cas jusqu’à maintenant cette démarche à été plus que suffisante pour me permettre de faire mon métier et apporter la bonne valeur à un utilisateur.

Car tout le but est là. Je ne fais pas du design pour mon bon plaisir. Je fais du design pour créer un moment de magie dans la vie des gens. Pour résoudre un problème. Pour les aider. Et c’est bien la seule chose que j’ai en tête.

Et je reste persuadé qu’il y a plus d’une façon de faire. La recherche en est une, les exercices de pensées en sont une autre.

Nous sommes tous des humains et plus j’étudie les sciences cognitives (et la biologie évolutionnaire), plus je me rends compte que nous sommes tous identiques et différents à la fois.

Nous suivons tous les mêmes règles, nous avons tous les mêmes envies. C’est juste que nous les faisons vivre de façon différentes, unique et personnelles. D’une façon qu’aucun designer ne pourra aborder précisément pour chaque individu.

I’m not an ethnography-driven designer but I do care about people….

Et c’est très bien comme ça.

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Rémi Garcia
We Are Outsiders

Designer d’expérience un peu rebelle, passionné d’éducation, touche-à-tout, illustrateur et auteur à ses heures perdues. Geek dans la vraie vie.