Mes enseignements du Vivatech 2018

Vincent Guilloux
WedR
Published in
6 min readJun 5, 2018

#1 Vivatech et la Politique

Le jour d’avant, alors que les stands étaient en train d’être montés. Le président français, Emmanuel Macron, a profité de l’occasion pour réunir les géants de la Silicon Valley présents dans la capitale pour l’événement (ou c’est l’événement qui a profité de la venue des géants) nommé « Tech for Good ». Des invités de marque étaient présents : tels que les dirigeants et dirigeantes de Microsoft et d’Uber, d’Alphabet, d’Apple (Angela Ahrendts), de Google (Jacquelline Fuller), d’IBM (Virginia Rometty) ou de Deliveroo(Will Shu). La France a même réussi à faire prolonger le voyage européen de Zuckerberg qui était de passage à Bruxelles pour être auditionné par l’Europe le 22 mai dernier.

Photo : Le Figaro

Emmanuel Macron, comme à son habitude, a alors réitéré la nécessité de l’engagement de ces géants auprès de la France.

« Je veux faire de notre pays celui qui pense le monde que vous êtes en train de construire », a-t-il déclaré

Pour répondre à notre président, Microsoft et Facebook ont annoncé de nouveaux investissements en France, dans l’intelligence artificielle. Quant à Uber et Deliveroo, ils ont pris des engagements pour une plus grande protection sociale de leurs collaborateurs.

Le lendemain, lors de l’inauguration du salon Vivatech, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de placer la France au cœur de l’écosystème mondial de l’innovation et d’évoquer le RGPD comme le moyen deréconcilier la technologie et le bien commun. Le secrétaire d’État en charge du numérique, Mounir Mahjoubi, est venu aussi sur le salon accompagner de membre du gouvernement pour présenter ses 100 propositions visant à simplifier la vie des entrepreneurs comme l’assouplissement du “French Tech Visa”, ce dernier permettant aux jeunes pousses françaises de recruter des spécialistes venant de l’étranger.

Mounir Mahjoubi a aussi profité du salon pour annoncer l’intronisation de Kat Borlongan comme nouvelle directrice de la French Tech. Avec deux axes majeurs :faire émerger des champions européens internationauxet simplifier la vie des entrepreneurs”.

Photo : Maddyness

Si les dirigeants des géants de la tech restent très masculins, Viva technology a bien mis les femmes à l’honneur qui représentaient 40% des speakers et avaient même une matinée dédiée le samedi 26 mai consacrée aux femmes.

#2 Ambition Internationale

Le cru 2018 du salon Vivatech a vu l’émergence d’une dimension davantage internationale : avec la présence considérable de startups et de speakers internationaux. Preuve en est, sur les 1600 startups présentes lors du salon, près de la moitié provenait de l’étranger ; où elles étaient notamment présentes sur les stands des corporates. Toutefois on ne savait pas réellement la raison de leur présence sur ces grands stands corporates. Avaient-elles été sélectionnées au travers des challenges Vivatech ou alors travaillaient-elles concrètement avec les corporates ?

Les startups étrangères étaient aussi présentées sur des stands dédiés. L’Afrique était spécialement mise à l’honneur : matérialisé par la présence d’une centaine de start-ups africaines, un pavillon dédié au Maroc et à la Tunisie et différentes conférences abordant des problématiques diverses.

Stand du Maroc, Vivatech 2018

Concernant les grands groupes étrangers, ils étaient représentés par les mastodontes de la tech comme Google, IBM, Alibaba, ou encore HP qui avait fait venir des cosmonautes et Facebook avec son stand végétalisé. À noter, peu d’industriels étrangers étaient présents à l’exception de Volkswagen qui nous invitait à se reposer dans leur stand dans un esprit lounge.

Stand Volkswagen, Vivatech 2018

Du côté speaker, l’anglais était prépondérant, alors que le français s’entendait majoritairement dans les couloirs.

Aussi, la presse étrangère était présente avec le site d’informations technologiques américain TechCrunch qui organisait son populaire hackathon. Cependant, la plus grosse couverture de Vivatech sur cette presse anglo-saxonne l’a été pour relayer les propos d’Éric Shcmidt (présent depuis 2016) principalement sur la question de l’AI et de son opposition aux opinions d’Elon Musk !

Hackathon TechCrunch, Vivatach 2018

#3 Les Startups et le salon

Même si certaines startups (coucou Agorize, 2spark, Snips, Klaxoon) avaient leur stand dédié. La plupart étaient dispatchées sous les bannières corporates, de pays ou régions sans réelles thématiques. Seuls certains groupes comme Bouygues et Manpower présentaient des startups dans leurs verticales spécifiques.

Stand Bouygues, Vivatech 2018

De fait pour suivre un sujet particulier, la navigation dans le salon entre les différents stands était difficile. Pour contrer ceci, Hub Institute organisait des expéditions et nous guider dans le dédale des couloirs et des stands du salon.

D’ailleurs cette non-représentation des stands par thématique était une problématique déjà énoncée lors de la présence Frenchtech au CES. Or, Kat Borlongan compte bien changer cet état de fait :

« C’est maintenant une question de lisibilité. Tout le monde a vu ce qu’il s’est passé au CES, je pense que je n’aurai pas besoin d’imposer quelque chose très “top-down” par rapport à ce sujet. On va aller vers une équipe de France. L’enjeu est de préserver les communautés derrière. »

— Kat Borgolan.

#4 Grands groupes

Pour finir notre tour de ce Viva Technology 2018, il nous faut évoquer l’intérêt du salon qui consiste à apporter le thème de l’innovation au cœur des décisionnaires des grands groupes ; qui se doivent de présenter de nouvelles innovations et leurs travaux sur le sujet.

Chose intéressante les C Level des grands groupes étaient aussi présents sur le salon à l’instar de Sébastien Bazin (Accor) qui déambulait en compagnie de Maud Bailly dans le salon (avec qui j’ai fait mon moment selfie), Ian Rogers CDO de LVMH, Philippe Wahl qui est venu voir le stand de la poste, l’occasion de s’entretenir de leur vision d’innovation.

mon moment selfie du salon

Parfois, les rôles s’inversent à Vivatech. Les grands groupes se retrouvent aussi à jouer les startups. Comme l’équipe de Michelin sur le Stand de Matmut pour présenter une nouvelle application conjointe pour la conduite améliorée.

Pour finir Vivatech est un événement qui est très centré sur l’open innovation, néanmoins cela ne demeure que la partie émergée de l’iceberg innovation. Quand sa face cachée est en réalité la grande question de l’innovation interne des grandes entreprises, question qui doit les porter à se transformer. Je retiendrais ainsi une discussion avec Eric Chaniot CDO de Michelin qui me disait que l’innovation est disruptive pour un grand groupe, car elle est disruptive pour les employés.

La Task Force de WedR et notre nouvel ami bibendum en hommage à la bonne parole d’Eric Chaniot!

Cet article a été écrit à 4 mains avec Julien Laügt.

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