Les nouvelles familles
Je referme à l’instant un livre dont j’ai très envie de partager les idées principales et d’y ajouter quelques pistes de réflexion. Il s’agit d’un ouvrage intitulé “Les nouvelles familles”.
Son auteur, Serge Hefez est psychiatre et psychanalyste. Il est également responsable de l’unité de thérapie familiale à l’hôpital de la piété-Salpêtrière à Paris.
Il nous apporte un éclairage neuf sur la signification de la famille en parlant plutôt “des” familles. En effet, il n’y a plus un seul type de famille, au sens classique du terme: papa, maman et les enfants. On retrouve désormais des familles recomposées, des familles monoparentales, homoparentales…
Pour le thérapeute familial, la famille est “Un groupe humain, charnel, vivant, émouvant, en perpétuel mouvement, qui renaît chaque jour de ses cendres, et qui distribue à chacun des rôles à jouer dans une dramaturgie de la vie quotidienne” “La fabrique de la famille” S.Hefez p.15 éd.le livre de poche
Il explique que tout cela se passe à un moment où la famille n’a jamais été autant au centre des préoccupations des français. Le fait de réussir sa vie familiale revêt une importance capitale pour le plus grand nombre d’entre eux.
J’ai apprécié tout particulièrement sa définition :
“ Les familles d’aujourd’hui ne sont plus régies par des lois extérieures, mais par la paradoxale obligation d’aimer et l’injonction féroce d’être libre et heureux.” S.Hefez p.26 op.cit.
Ce qui selon moi, est intéressant et novateur dans son travail, c’est qu’il parle d’intégrer le “et” au lieu de se baser sur le “ou”. Il propose de ne plus exclure un parent mais de l’inclure au sein de la famille en créant certes, de la complexité mais également tellement de richesse… Des enfants, qui sont autorisés à prendre en compte toutes les facettes de leur famille (Tom et ses 3 papas pour ne citer que lui) vivent très bien cette diversité si elle est assumée et expliquée à l’enfant qui peut donc l’intégrer sans crainte.
L’ouvrage est étoffé d’une tonne de cas pratiques qui permettent de comprendre le travail thérapeutique effectué avec chaque famille.
“ En apportant des nuances à l’histoire familiale, la thérapie a permis à chacun de bouger de la place qui lui était assignée et dans laquelle il s’était figé”. S.Hefez p.43 op.cit.
Il aborde également un point de vue intéressant sur la crise d’adolescence qu’il décrit comme un moment charnière entre ce qu’il appelle “la famille verticale” qui vient de la tradition, ce qui est transmis à l’ado, les valeurs de sa famille, et “la famille horizontale” qui est plus de l’ordre du relationnel et de la communication, de ce qui est réellement vécu au sein de la famille.
“ Dans un premier élan, l’adolescent choisit ou l’un ou l’autre, et le plus souvent, l’autre, son groupe de pairs, en rejetant l’un, sa famille. Avant de revenir, une fois construit, sur un choix plus ouvert, composé d’éléments familiaux, qu’il adopte de son plein gré et des éléments qui agencent désormais sa propre vie.” S.Hefez p.49 op.cit.
En bref, ce livre nous permet de prendre de la hauteur par rapport à la famille dans laquelle souvent, on se retrouve “la tête dans le guidon”. Cela nous empêche de voir ce qui se joue à d’autres niveaux entre les membres de la famille et comme certaines fois, on peut emprisonner les autres ou soi-même dans des rôles devenus obsolètes: “l’aîné, bras droit du père”, “la cadette à qui l’on passe tout”…
Ce qui est étonnant également, c’est de voir comme l’histoire se répète mais d’une manière complètement différente de celle escomptée, comme des soixante-huitards peuvent engendrer des enfants avec un besoin de retour à des valeurs traditionnelles voire même extrémistes, comme en témoigne l’histoire de Lola et de sa maman Françoise.
J’arrête ici mon billet, le but n’étant pas de vous dissuader de lire l’ouvrage …au contraire, il comporte également d’autres problématiques plus dignes d’intérêt les unes que les autres.
Anne Depasse
