Mais, Après Quoi Tu Cours Génération Z ?

Laila Ducher
Weeprep
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15 min readFeb 17, 2016

La génération Z demeure une énigme pour beaucoup de personnes autour de moi. J’ai eu un choc lorsque j’ai commencé à intervenir dans les collèges et les lycées pour promouvoir l’entreprenariat. Après presque 7 ans d’absence dans l’Education Nationale (oui avant j’étais prof !;-), j’ai eu le sentiment que quelque chose a profondément changé. Et je vais vous en faire part dans cet article.

Pour les lecteurs qui suivent mes actualités, depuis quelques mois j’élabore une application qui va permettre d’aider les adolescents à construire leurs projets. Mon application se construit pas à pas, car j’ai besoin de comprendre cette population: qui est-elle? Que veut-elle? Et de quoi a t-elle réellement besoin? Être sur le terrain est ce qu’il y a de mieux pour faire avancer mon projet dans le bon sens.

Avant chacune de mes interventions, j’ai un entretien avec des enseignants et voici ce qu’ils me disent souvent à propos de leurs élèves :

« Mes élèves ne s’intéressent qu’à l’argent, je ne sais plus comment les convaincre qu’exercer un travail qui a du sens et qui est source d’épanouissement est essentiel pour s’investir dans un domaine professionnel »

« Ils veulent gagner de l’argent facilement, sans effort, je suis désemparé, je ne comprend décidément pas ce que ces jeunes attendent de la vie et ce qu’ils veulent faire de leur vie, ils ne croient en rien, et j’ai très peur ! »

Quand j’entends cela je me dis que leur insuffler l’envie d’entreprendre, ne va pas être gagné, car entreprendre n’est pas tous les jours une partie de plaisir, et en plus s’ils ne s’intéressent à rien, comment je vais faire pour les convaincre?

Des questions qui me sont venues après coup : à quoi les élèves sont-ils sensés s’intéresser ? De quoi les enseignants ont-ils si peur ?

Qu’est-ce qui se cache derrière leurs verbalisations récurrentes? Que veulent-ils nous dire ?

Une chose est sûre, quelque chose a changé en profondeur, j’ai écouté avec beaucoup d’attention ces élèves, j’ai échangé avec eux, et j’ai eu comme l’impression que la génération Z va faire exploser nos valeurs traditionnelles en France.

N’ayez pas peur, il fallait bien que cela arrive ! :-)

1. Ces valeurs « sacrées » qui nous séparent

Pour commencer, je ne crois pas en une définition précise des générations. Vous pouvez lire des tonnes d’articles qui vont vous caractériser les comportements de manière précise des différentes générations. Selon chaque auteur (qu’ils soient sociologues, anthropologues, psycho-sociologues) cette définition sera différente. Il n’y a donc pas d’unanimité autour de ces définitions. Elles ne sont que théoriques à mon sens car elles peuvent être aisément contredites avec des exemples précis.

Parler de la génération Y, dont je fais partie est très à la mode, bientôt les Y vont passer dans la catégorie des « vieux », et on zappera sur la génération suivante les Z, et on tentera encore de la caractériser précisément, au risque encore de se tromper sur toute la ligne.

La génération Z, car il faut bien lui donner un nom est multiple et ce que je vais énoncer à son sujet n’est pas une définition mais des éléments qui peuvent nous donner des repères pour tenter de rentrer en relation avec elle.

J’écoute, je lis, je réfléchis actuellement autour de : qu’est-ce qui fait que les personnes n’arrivent plus à communiquer, à se comprendre à un moment donné ?

Je crois que les problèmes relationnels se jouent principalement sur le terrain des valeurs.

Peu importe la génération à laquelle vous appartenez, si vous n’avez pas de bonnes relations avec votre prochain, c’est que sans doute vous ne partagez les mêmes valeurs que lui. Si les valeurs ne se rejoignent pas, la relation est difficile, voire impossible. C’est ce qui semble se passer entre les enseignants et leurs élèves (dans mon cas de figure).

D’ailleurs en quoi est-ce mal de ne pas partager les mêmes valeurs ? Après tout, vous ne pouvez exiger d’être aimés de tout le monde. Vous ne pouvez pas demander à la terre entière d’adhérer à vos propos, votre vision du monde. Ce n’est pas possible.

Quand on me dit que la génération Z “ne s’intéresse qu’à l’argent”, j’ai le sentiment qu’on juge ses valeurs comme étant inadéquates, de ce fait nous considérons qu’elle n’a aucune valeur digne de ce nom.

« Ils ne s’intéressent qu’à l’argent » sonne donc comme une accusation, parce que parler d’argent en France est presque “proscrit”. Bizarrement, si nous allons à l’école c’est pour qu’à un moment donné nous gagnions notre vie, n’est-ce pas ?

Les valeurs reflètent les croyances les plus essentielles, celles qui forgent les repères, qui déterminent les choix importants et orientent les comportements des êtres humains.

Chaque individu a un système de valeurs qui lui a été transmis par sa famille, sa religion, sa culture etc. Ces valeurs sont enseignées par des personnes qui ont une influence dans votre environnement. Si vous développez des valeurs différentes de votre environnement, alors vous serez certainement incompris ou rejetés.

J’ai le sentiment que cette nouvelle génération est en train de rejeter certaines de nos valeurs traditionnelles, c’est pour cela que les adultes ont tant de mal à comprendre certains comportements chez les adolescents.

Parler d’argent n’est socialement pas acceptable en France, mais pourquoi donc?

2. Parler argent remet en question les valeurs d’égalité sociale en France

Si nous reprochons aux élèves de vouloir gagner de l’argent, c’est que l’argent est un tabou en France. Je vais donc vous énoncer dans cette partie pourquoi dans le contexte français le mot argent est un « gros mot ».

1. Les Français sont majoritairement de culture paysanne

Janine MOSSUZ-LAVAU (2007) directrice de recherche du CEVIPOF a mené une étude sociologique sur les français et l’argent pendant deux ans, et en a tiré la conclusion suivante :

Deux à trois générations après, on vient quasiment tous du monde paysan.

Nous connaissons tous la culture du secret autour de l’argent chez les paysans: ils mettent leur argent à l’abri des regards envieux, ou jaloux du voisinage.

Dans la culture paysanne, l’argent liquide n’était pas mis en banque, mais sous le matelas, et donc la peur de se faire voler son argent était très importante (“culture du bas de laine”).

2. La France croit encore en des valeurs religieuses

Parler d’argent c’est presque blasphémer, en effet l’ostentation est pêchée dans un pays comme le nôtre encore attaché à des valeurs catholiques.

3. Après la révolution de 1789, la France est devenue progressivement un Etat providence

Celui qui réussit sa vie tout seul en franchissant les épreuves difficiles sans être aidé par qui que ce soit, n’est pas vraiment valorisé en France. D’autre part, ce modèle de réussite, on n’en veut pas chez nous. C’est un modèle fait pour les américains. D’où le faible niveau d’entrepreneurs qui réussissent en France.

Yanick MAREC (2002), professeur des Universités (Historien) affirme que :

Avant 1789, le clergé et la noblesse ne payaient pas l’impôt tandis que le tiers état croulait sous les taxes. Puis la Révolution a développé le sentiment d’égalité dont les Français ne veulent plus se défaire.

On comprend donc que dans notre culture française, être citoyen c’est avoir la même chose que son voisin, donc entretenir des rapports d’égalité vis-à-vis de lui. Être pauvre est synonyme d’asservissement, être riche est synonyme de pouvoir, de puissance. Le riche asservit automatiquement le pauvre. Les français refusent les riches pour cette raison. D’où encore l’influence du syndicalisme en France, qui en vérité ne représente plus personne mais qui politiquement symbolise l’Etat protecteur.

De plus, avec un État généreux qui protège les personnes lorsqu’elles sont fragilisées (maladie, chômage etc.), cela a renforcé le sentiment qu’il faut se protéger, se serrer les coudes contre le riche qui va asservir le faible.

Alors puisque l’Etat est là, pas besoin de courir après l’argent, alors qu’ailleurs, dans beaucoup d’autres pays, rien n’est aussi facilement accessible, il faut donc se battre pour réussir sa vie.

Mais, vous pouvez toujours courir après autre chose que l’argent!

La France a une devise Liberté, Égalité, Fraternité, on constate que la liberté est beaucoup moins importante que l’égalité et la fraternité, quand on aborde la question de l’argent. En effet, si on considère que son voisin doit avoir la même chose que soi, alors la notion de propriété est peut-être remise en question.

C’est sans doute la raison pour laquelle les adultes reprochent aux élèves ou aux adolescents d’évoquer la question de l’argent avant la question de leur projet. Voici Les types de croyances fortement ancrées dans l’inconscient collectif que l’on peut aisément retrouver dans les discours des adultes :

- Il faut mériter son argent, on ne peut pas gagner son argent n’importe comment

- On n’a pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre, l’essentiel c’est d ‘arriver à être heureux.

- On ne peux devenir riche du jour au lendemain, pour cela il faut travailler dur!

- Devenir riche ne peut être un projet en soi.

Etc.

Pourtant, je m’interroge… Dans une société rongée par le chômage, et où de plus en plus de biens de consommation, de services sont difficilement accessibles, avec un État chaque année davantage endetté, usant d’un interventionnisme exacerbé mais inefficient, comment la jeunesse ne peut-elle réagir de manière “brutale”?

3. Les Z, pas plus attachés à l’argent que leurs aînés, mais certainement plus pragmatiques et lucides

Alors que les mots des enseignants inquiets retentissaient encore dans mon esprit, une fois retrouvée devant les classes, je me suis dit, fais-toi ta propre opinion, oublie ce qu’on t’a dit sur les jeunes.

Pour tout vous dire, j’ai été agréablement surprise par l’ambition et l’ardeur des jeunes que j’ai rencontrés au cours de ces interventions pour promouvoir l’entreprenariat.

J’ai pris le problème d’argent sous un autre angle. De mes recherches et observations, Je vais vous expliquer pourquoi l’argent c’est si important pour eux et pourquoi nous devrions tous être soulagés que cette jeunesse ait envie d’aller de l’avant.

Il existe plusieurs raisons qui amènent les élèves à s’intéresser à l’argent, et à vouloir trouver des moyens efficaces d’en gagner :

1. Un contexte socio-économique défavorable au mode salariat

Comme le taux chômage des jeunes est toujours à son comble, pour rappel , 28,3% des 15–25 ans sont au chômage en France, et que la seule perspective d’avenir qui leur ai proposé par l’Etat est un emploi aidé, que signifie donc pour eux travailler dur à l’école dans un tel contexte ? Un avenir incertain.

D’autres parts, ils ont vu leurs parents, des quadras oscillants entre prises de postes et périodes de chômage, dépendant d’un système social qui les a mis en incapacité d’agir pour aller de l’avant et prendre des décisions radicales pour soi.

Ils ont vu aussi leurs ainés faire des études longues et tout de même se retrouver au chômage, ne pas avoir obtenu la vie confortable espérée rapidement.

Gagner de l’argent rapidement, ne pas perdre son temps, était quelque chose qui revenait souvent. Comme si d’une certaine manière le système éducatif volait le temps des élèves.

Il est peut-être temps de changer d’état d’esprit ? Non ?

2. Une école qui ne va pas les faire accéder directement à l’emploi

L’Education Nationale n’a pas décloisonné les parcours scolaires pour permettre aux élèves considérés comme les moins “bons” d’accéder à d’autres parcours que le bac pro, les BTS, la fac de lettres, etc. bref, des parcours d’études dévalorisés car ne menant pas vers l’emploi, ou en tout cas, vers des emplois sans prestige, ni perspective d’avenir.

D’autre part, le contexte économique difficile n’a pas réellement fait réagir l’Education Nationale autour de l’accompagnement des projets des élèves. Il n’y a pas de système efficace qui va permettre aux élèves d’explorer les champs des possibles, et de valoriser leurs compétences.

L’école française est une école à deux vitesses : ceux qui empruntent la voie royale et les autres. Les autres qui passent des bacs dévalorisés, et qui emprunteront des voies menant nulle part. J’ai rencontré des élèves de terminale en marketing et commerce me dire:

“On est considéré comme des nuls, et il n’y a pas d’avenir pour nous dans l’entreprise, parce que on n’a pas fait la bonne filière.”

Combien y a t-il de bacs en France qui sont réellement valorisés ? Je ne connais que la filière S qui l’est vraiment.

Je ne dis pas que si vous n’avez pas fait S vous allez rater votre vie, mais c’est en substance l’idée subliminale qui est véhiculée dans la société et qui peut dévaloriser, démotiver, décourager d’autres élèves qui n’ont pas eu la possibilité d’avoir été acceptés dans cette filière.

C’est révoltant, mais leur constat est vrai. À quoi bon croire encore en la réussite scolaire? Ces élèves qui empruntent ces voies, même s’ils ont de bons résultats, ils ne pourront de toute évidence pas aller dans les voies de prestige et espérer un bon salaire, ou en tout il va falloir travailler dur et plus longtemps pour arriver à gagner beaucoup d’argent.

3. Des valeurs françaises auxquelles ils ne croient plus : « égalité », « fraternité »

Les Z ne veulent pas de nos valeurs, car elles ne correspondent pas à la réalité, cette réalité que nous-mêmes nous ne souhaitons pas regarder en face parfois par lâcheté mais aussi et surtout par manque de lucidité.

Le système social rend dépendant, impuissant, ils l’ont compris, et il ne génère ni fraternité, ni égalité à bien des égards et parfois ils en sont victimes.

Z : Tes valeurs, tu peux t’les mettre où je pense!

Toutes ces salades autour de l’égalité des chances, ils n’y croient pas. Il sont lucides, et ne se sentent pas concernés par les discours politiques. Notre société change, mais pas les décideurs. Les décideurs, sont très éloignés de la réalité, et n’ont pas grand chose à faire de la jeunesse, leur seule promesse ce sont des “emplois aidés”!

Là je parle des adolescents dont les parents sont issus des classes moyennes (les déclassés), ou ouvrières, à qui la France vend l’égalité des chances, la méritocratie, la valeur travail, sans jamais avoir amélioré leurs environnements scolaires, ni les méthodes d’enseignement.

Il y a donc un décalage évident : une offre scolaire hors de propos et des réformes insuffisantes autour du développement de l’emploi en France, et un système social qui maintient toujours les mêmes au pouvoir et qui en même temps maintient les autres dans la dépendance et la pauvreté.

Pour les jeunes vouloir gagner de l’argent, c’est être visibles, reconnus et sentir inclus, et aussi et surtout c’est pouvoir maitriser sa vie seul sans avoir recours à la charité de l’Etat.

La notion d’effort à l’école, ne rime plus à rien pour eux. Ils ont compris qu’avoir effectué un parcours d’étude exemplaire ou pas dans une filière donnée, il n’y a pas de garantie de réussite sociale.

Ils veulent réussir socialement, mais pas de façon conventionnelle.

Le schéma de la réussite sociale pour eux doit être réinventé.

Alors, pas besoin de faire des leçons de morale à ses jeunes qui regardent le monde avec crainte mais avec beaucoup de lucidité, car ils sont désormais convaincus de plusieurs points:

· On n’est pas obligé d’être diplômé d’une certaine École ou Université pour avoir de la culture, du savoir et un sens critique car on a accès au savoir dans notre poche de jean

· On n’est pas obligé d’avoir travaillé dans certaines boîtes pour être compétents

· On n’est pas obligé de se faire mal au travail pour “réussir sa vie”,

. On est certain que notre action peut changer notre vie

4. Des valeurs d’égalité, de fraternité à la valeur de la liberté

Le sentiment qu’il ne faut plus rien attendre de l’extérieur pour prendre en main sa vie est extrêmement fort chez les élèves que j’ai rencontrés à Paris. Egalité, Fraternité, même s’ils y sont très attachés, à en juger leur rapport à autrui et leurs familles, ils pensent d’abord à la liberté, au mouvement, à la possibilité que leurs actions (physiques) changent leur vie.

Voici ce que j’ai entendu à travers leurs discours

  • Liberté = autonomie, prise de décision, prise de risque

J’ai plusieurs fois entendu je veux être mon propre patron, non pas qu’ils veulent tous devenir entrepreneurs (même si je n’avais jamais vu autant d’élèves dans une classe vouloir entreprendre de toute ma vie), ils veulent gérer leur vie et refusent que quelqu’un entrave leur mouvement.

  • Liberté = penser librement, et confronter ses idées

Ils veulent challenger l’autorité, se confronter à elle, et lui dire leurs craintes, leurs visions du monde, et ne veulent clairement pas être mis en position d’infériorité, de minorité ou de dépendance. Cela ne signifie pas non plus, qu’ils n’ont aucun respect en l’autorité, ils veulent entrer en contact avec les adultes et faire entendre leur voix.

  • Liberté = mouvement= expériences = valeur (réhabilitation de soi)

J’ai entendu aussi que ce n’est pas tant de faire des études longues, avoir un statut, ou autre chose qui les intéresse, l’important c’est vivre des expériences qui vont les valoriser, les autonomiser, les ouvrir au monde, et les rendre compétents, ils veulent du mouvement, être en action, car rester assis sur une chaise toute la journée ne rime plus à rien pour eux.

  • Liberté= choisir ses apprentissages

Ils m’ont évoquée aussi que leurs centres d’intérêts en dehors de l’école sont importants pour eux, car cela leur permet d’ouvrir les champs des possibles, de se cultiver, (oui car c’est important de comprendre le monde pour eux) et de développer des compétences nouvelles. Ils ont besoin de diversifier leurs apprentissages.

On comprend donc pourquoi, l’école n’est pas le seul endroit où ils vont chercher du savoir. Il peuvent parfois s’y ennuyer car ils ont besoin d’expériences, ils ont compris que sans cela, ils ne pourront pas se réaliser d’un point de vue personnel et professionnel.

Sans expérience ils ne pourront pas gagner leur vie rapidement.

Ils veulent maîtriser leur vie, ils le disent avec force et passion, et parfois colère.

La génération Z n’est pas plus avide d’argent que ses ainés, elle vit avec son temps, sa réalité. Elle veut maîtriser sa vie, ni plus ni moins.

Conclusion

Ce qui nous sépare donc de cette génération Z, c’est la lucidité et le pragmatisme et aussi une re-centration sur une valeur qu’on a oubliée ces derniers temps: la liberté.

Je ne suis pas certaine qu’ils rejètent l’égalité ou la fraternité, ils n’y croient plus, car l’égalité et la fraternité ne sont plus visibles aujourd’hui dans notre société.

Nous, les générations précédentes, nous commençons à comprendre qu’il ne suffit pas juste de négocier son contrat de travail pour assurer son avenir ni d’essayer de survivre à l’intérieur d’une organisation à bout de souffle, ou tenter de sauver son emploi. C’est insuffisant.

En effet, les organisations évoluent à une telle vitesse qu’elles ne nous permettent pas d’avoir une visibilité même à 5 ans, alors il faut se remettre en question, apprendre tout le temps, pour conclure au final que l’entreprenariat est une solution qui nous permettra d’acquérir au moins une forme d’autonomie. Ce n’est pas nécessairement une question de bien -être, c’est une question de survie, une nécessité.

Que l’on raconte aux adolescents des histoires sur l’épanouissement autour du travail, pour eux c’est du flan! La vie est dure, et ils savent qu’ils doivent se positionner et se battre et expérimenter le plus de choses possible pour trouver leur voie, le sens et peut-être le bonheur.

La génération Z qui est très connectée au monde extérieur, et qui est très informée, épouse de nouvelles valeurs, même à l’extérieur des frontières de la France.

Les Z veulent gagner leur argent différemment, en innovant, en proposant des services auxquels vous n’auriez jamais pensé. Ils cherchent l’expérience, l’éclate, les sensations fortes, la relation à l’autre plus proche, plus simple, sans langue de bois, sans chichi ni blabla et le droit à l’erreur.

C’est faux de dire qu’ils ne veulent pas faire d’effort pour gagner cet argent, ils ne veulent pas faire des efforts dans des études qui ne les mèneront pas vers l’emploi, d’où ce grand nombre de décrocheurs scolaires.

ALORS SI NOUS SOMMES CONVAINCUS DU BIEN FONDÉ DE LEURS ASPIRATIONS, ACCOMPAGNONS-LES SANS LES JUGER

Évitons d’être un frein à leur réussite, ils ont des ressources, il faut leur faire confiance, car ils se sentent responsables.

Aider les adolescents à faire émerger leurs idées est l’enjeu de l’accompagnement. Je me fiche complètement de la question de l’épanouissement, du sens profond que le travail symbolise pour tel ou tel élève, car c’est une question métaphysique et qui demande de l’expérience de vie.

D’autre part, permettre aux jeunes d’être en contact direct avec des modèles de réussite leur donnera des envies de s’investir, car rien n’est plus puissant que la démonstration par l’exemple.

Les adolescents demandent de l’expérience, veulent prendre des risques, veulent être entendus, écoutés, compris, et surtout soutenus dans leur projet et ils veulent être reconnus comme chacun d’entre nous.

Gagner de l’argent est aussi une forme de valorisation, et de reconnaissance, et c’est très important. Ce qu’ils souhaitent faire de leur argent, ne nous regarde pas.

C’est par l’expérience qu’on apprend à devenir soi, et pas par des questions métaphysiques auxquelles on ne peut pas répondre à un si jeune âge.

La voilà cette génération, elle est là, elle est différente de nous, et à la fois pas tant que ça, puisque de toute les manières, nous courons après la même chose qu’elle, notre survie. Elle prendra sa place, même si vous ne lui en donnez pas, car elle n’attend pas que vous la secouriez, elle cherche à créer son emploi, peut importe les sentiers qu’elle empruntera.

Chaque génération essaie de prendre sa place en fonction de ce qu’elle a vécu, mais aussi en fonction des outils qu’elle possède pour surmonter les difficultés de la vie. Et prendre sa place dans nos sociétés c’est essayer de gagner sa vie. Celui qui n’a pas de travail, n’a pas de place. Il n’existe pas. J’exagère, mais c’est ainsi et c’est vrai.

Free Yourself!

“Alors vers quoi tu cours”

“Ben la même chose que toi , pov’type !”

-Article rédigé après avoir recontré 500 élèves en IDF et Paris-

Laila DUCHER

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