Va où le vent te mène

Volet 1: Est-ce vraiment la meilleure façon de donner un sens à sa vie?

Anne Depasse
Weeprep
6 min readMar 21, 2017

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Ma vie professionnelle est faite d’allers-retours entre la Belgique, mon pays natal, l’Italie et la France, mes deux pays d’adoption. J’ai dû par la force des choses passer par quelques remises en cause, des changements radicaux, des retrouvailles heureuses et moins heureuses, des acquisitions de nouvelles compétences.

Je suis souvent passée par ce que je ne voulais pas ou plus, pour arriver à mettre du sens dans ce que j’entreprenais. Je vais donc tenter ici d’expliquer ces différentes étapes qui m’ont amenée là où je suis aujourd’hui.

Pour écrire ce billet , je me suis plongée 20 ans en arrière puisque c’est à ce moment précis que tout a commencé. En effet, mon bac en poche, je devais partir affronter la jungle des écoles supérieures. Je voulais faire des études, ça c’était une certitude, mais des études de quoi? Telle était la question… N’ayant pas ou très peu été accompagnée dans mon choix d’orientation (je n’en ai aucun souvenir, je dirais donc “pas”) disons que j’ai laissé le hasard faire les choses…

J’ai passé un examen d’entrée dans une haute école de communication à Bruxelles et à l’époque, on m’avait dit:

La communication, c’est bien, ça ne t’enferme pas, tu pourras faire tout ce que tu voudras après.”

J’ai été acceptée, la question ne s’est plus posée et, aussitôt dit aussitôt fait, me voilà inscrite dans un cycle de communication dans le but d’obtenir le graal suprême: une maîtrise en communication.

J’ai eu de la chance, mes études m’ont beaucoup apporté, c’était un mélange de théorie, de pratique, avec des réalisations de groupe à faire en studio (photo, vidéo, son) qui nous donnaient déjà un avant-goût de ce que serait la vie professionnelle…

Et pourtant, à la fin de ce parcours, je ne me sentais pas du tout prête à me lancer dans le monde du travail, je voulais encore gagner un an… Alors j’ai décidé de faire un Master II en Études Européennes (politique, droit, économie), bref tout ce que je déteste, agrémenté d’un séjour de 6 mois à Florence. Si je fais le bilan de cette année-là, j’ai beaucoup plus appris en compétences non-cognitives* qu’en savoirs durs.

En effet, les cours étaient peu nombreux et pas trop difficiles. Le vrai challenge a été sur le plan humain: j’ai appris à maîtriser une nouvelle langue, à vivre en colocation, je me suis détachée de ma famille, de mes amis pour reconstruire de nouvelles relations, repartir de zéro en quelque sorte, dans un nouveau pays. Cette expérience m’a donné des ailes et à mon retour, j’ai enfin eu envie de m’ancrer dans le monde du travail. J’avais 24 ans.

Résolue à attaquer la vie professionnelle, j’ai eu l’opportunité d’occuper un premier poste en tant qu’enseignante en Français Langue Étrangère : j’ai adoré cette période. J’ai pris un appartement, j’ai acheté ma toute première voiture, une Golf II des années 80, toute pourrie, suivie d’une Opel Corsa Vert pomme, qui ne laissait personne indifférent à mon passage, et je suis devenue LIBRE.

Mon travail était très flexible, avec des horaires changeants, je travaillais avec tous les publics (adultes, enfants, hommes d’affaires, expatriés etc.).

Après deux ans à ce rythme, je me suis sentie seule, j’avais envie d’intégrer une équipe et je suis devenue coordinatrice et animatrice pour un centre d’éducation en milieu ouvert. Je travaillais toujours avec un public varié (parents, enfants, éducateurs…) mais je n’étais plus seule et je me sentais plus forte au sein de cette équipe soudée avec laquelle j’ai fait les 400 coups!

Ensuite, pour des raisons personnelles, je suis repartie vivre en Italie.

Là-bas, j’ai fait preuve d’une flexibilité à toute épreuve… je suis passée du coq à l’ âne, de l’enseignement du français, à la vente à l’international, en passant par l’import-export et le service après-vente. Toutes ces casquettes ont renforcé mon adaptabilité et puis un beau jour, j’ai retrouvé un poste de professeur de Français Langue Etrangère dans un Lycée Français à Rome et je me suis enfin posée…

Pendant plusieurs années, j’ai vécu dans cette mini-France en plein cœur de l’Italie. J’ai travaillé avec des enfants de tous âges (de la maternelle à la première) et de tout horizon, avec un but commun, apprendre le français et s’intégrer à l’école. J’ai eu la chance aussi d’enseigner le français à des parents italiens et à des membres du personnel.

Quand la possibilité de partir vivre à Paris en famille s’est présentée (de deux, nous étions désormais quatre) cela m’a semblé être une suite logique des choses. Ma vision n’était pas très claire concernant mon avenir professionnel mais un chose était certaine, je ne voulais plus être enseignante. Il me semblait que ce passage clôturait également ma carrière de prof et que je devais nécessairement passer à autre chose.

En arrivant à Paris, ne connaissant personne, n’ayant pas de réseau sur lequel m’appuyer, j’ai j’ai envoyé des tonnes de CV dans des domaines divers et variés : la communication , l’éducation, la vente et l’après-vente aussi, je ne savais pas du tout vers quoi me diriger.

Le secteur qui m’a reconnu et qui m’a choisi est bien entendu celui de l’éducation et j’ai travaillé pendant deux ans dans une grande école. J’avais une double casquette : celle de responsable planning et celle d’encadrante pour des étudiants en MBA. Malheureusement, contrairement à ce que m’avait assuré le président à l’entretien d’embauche, ce travail était très administratif et ne correspondait pas à mes attentes en termes de relationnel. C’est à cette période que j’ai commencé à vraiment m’interroger sur ce qui était MA voie, ce que j’avais envie de faire de cette vie professionnelle. J’ai eu envie arrêter de rentrer dans le moule et de prendre comme argent comptant ce qu’on me proposait.

J’ai alors pris conscience que mes enfants étaient en train de grandir et de suivre leur propre route et que je pouvais enfin m’autoriser à bâtir mon futur métier.

Comment faire simple quand on peut faire compliqué?

Alors là aussi, j’ai fait des détours pour y arriver… Je me suis formée au coaching individuel et d’équipe. J’ai beaucoup réfléchi avant de m’engager, je voulais trouver une formation qui soit solide, certifiante et qui me permette d’avoir le plus de latitude possible sur le marché du travail.

Aujourd’hui j’ai créé ma structure, j’accompagne des particuliers et des salariés et il me manque toujours quelque chose…Une chose que l’entreprise ne peut pas me donner, qui n’est pas de l’ordre du “business”. L’école me manque terriblement… et avec elle, les problématiques de l’apprentissage, de l’éducation, le contact avec les enfants, les ados, leurs parents…

Retour à la case départ?

Hé bien, pas vraiment. Il ne s’agit plus pour moi de transmettre un savoir, en l’occurrence, le français. Je me tiens à la disposition de celles et ceux que j’accompagne et leur renvoie leurs propres interrogations afin qu’ils puissent puiser en eux-mêmes les ressources dont ils ont besoin pour avancer. Je me pose en oreille bienveillante, dans le non-jugement, afin qu’ils puissent avancer en toute sérénité sur le chemin qui est le leur… pas à pas.

Glossaire :

  • Compétences non-cognitives:

“Auparavant, les termes génériques de compétences psychosociales, compétences non formelles et informelles et aussi compétences comportementales étaient davantage utilisées dans la littérature. La maîtrise des techniques professionnelles, les compétences académiques acquises pendant les études ne sont pas suffisantes pour être employé(e) ou pour être un employé productif, performant et épanoui.

Anne Depasse

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