Importance de la street-cred dans la societe de l’information

aarzhel
whuut
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4 min readOct 13, 2015

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Kendrick Lamar — Alright

Nous sommes en 2015, un peu moins de 30 millions de Français sont présents sur Facebook. Les acteurs médiatiques historiques se battent pour apparaître dans vos timelines et diffusent plus de contenus que jamais. Bonjour.

Le game. Ce terme défini, dans le hip-hop, les rivalités entre les différents acteurs du milieu, d’abord les rappeurs, puis les labels, les beatmakers et enfin les fans. Depuis que j’écoute du rap j’entends ce terme. On revendique un département, un posse, une variante spécifique du mouvement etc. L’objectif ultime est d’être le roi du game. S’assoir sur le trône du hip-hop.

J’aime les médias, j’aime leur rôle dans la société et leur manière d’informer tout un chacun. Enfin en théorie. Après tout, informer chaque citoyen du monde avec du journalisme pointu, d’investigation, grâce à des journalistes, photographes, monteurs, réalisateurs etc c’est plutôt noble non ?

Seulement voilà, le rap c’est de la musique, la musique c’est du divertissement. Si ces deux thématiques sont régies par des principes similaires, ça peut être problématique.

Leur rôle n’était pas autant remit en question “avant”. Quand tout le monde n’avait pas la possibilité de s’exprimer au même titre qu’un média et créer de l’information. Alors l’expression par n’importe qui ça peut donner ça (lagauchematuer). Évidemment ça nous permet aussi à nous, sur Lorem Ipsume, de nous exprimer tranquille, sans qu’un redac chef ne vienne qualifier nos articles d’insulte au journalisme.

Mais voilà, toute personne avec un accès Internet peut écrire. Même avec des fautes et des informations non vérifiées.

Revenons aux médias. Aujourd’hui, un titre doit affirmer sa présence avec un site web, une page Facebook, un compte Twitter, une édition print si celle-ci existait avant internet et sur pas mal d’autres support mais plus facultatif. Sauf que si on a un site internet c’est bien. Mais encore faut-il qu’il soit consulté. De même pour la page Facebook et le compte Twitter. C’est la course à la visibilité. L’existence seule d’une publication ne suffit pas, il faut qu’elle soit crédible, légitime, recommandée. Il faut qu’elle ait un STREET-CRED.

Pour les médias les plus anciens, ça va, ils ont leur réputation mais luttent avec les nouveaux moyens de communication pour continuer à exister. Et puis personne n’a l’habitude de payer pour de l’information en ligne. Ca n’arrange pas le problème. Pour les nouveaux c’est corsé, il faut s’imposer, trouver son public et rester dans le game. C’est dur. Surtout si on a des objectifs de rentabilité. Il faut bien payer les journalistes, le site, le CM, les factures. Alors pour rester dans la course on peut faire du clickbait, BuzzFeed le fait ça marche. Ou on peut aussi miser sur du contenu quali sans refaire tout ce qui a déjà été écrit. Bordel comment on fait ?! On est dans le game mais inconnu aux yeux du grand public, il va falloir jouer des coudes.

La société de l’information ce n’est pas que les médias, c’est aussi tous les producteurs de contenu (et peut importe la qualité du contenu). Je reprends ce que m’a dit un ami, tout le contenu non-journalistique sur internet est directement en concurrence avec le contenu journaliste. En effet si vous lisez un statut Facebook, vous ne lisez pas l’accroche du dernière article de Libération. Chacun y va de sa petite phrase sur l’actualité ou sur sa vie et capte une audience. Dans vos contacts Facebook ou Twitter il y a forcément des personnes dont la veille est plus intéressante que d’autres. Bienvenue dans le game. Dans le jargon on parle d’e-reputation. La street-cred version web 2.0. Le concours du meilleur lien, de la video la plus drôle, du meilleur reaction GIF c’est le quotidien de nombreux utilisateurs et sans forcément en avoir conscience.

Quitte à s’exprimer devant une audience autant avoir des réactions, des likes, des RTs.

Les rappeurs recherchent les meilleures punchlines, les utilisateurs des réseaux sociaux recherchent le meilleur lien.

Les médias ayant les mêmes outils (à peu de choses près) que les utilisateurs, la quête est la même : les interactions. En plus d’être bonnes pour l’ego, les interactions sont bonnes pour la portée d’une publication (sur Facebook du moins). Alors c’est la course aux clics, aux likes, aux commentaires et aux partages. Alors comment fait-on de l’engagement ? Avec de l’information d’investigation ? Celle qui prend du temps à réaliser, monopolise des journalistes, des sources … Ou en faisant des déclinaisons de brèves de l’AFP en un paragraphe ?

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