Interview de Jules Priest.

Dans le futur il n’y aura plus d’UX (au singulier), mais des UX.

Alexis Gerome
Wikihero
9 min readFeb 12, 2021

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Bonjour et bienvenue à l’épisode 4 de notre série sur les utilisateurs qui font Wikihero.

Les contributeurs & contributrices.
Derrière chacun d’eux existe une trajectoire de carrière et de vie,
souvent unique. En ayant la chance de les rencontrer, nous voulions partager leurs histoires avec vous.

Rassembler autant de richesses et de diversités pour vous aider dans votre pratique UX est la vision de Wikihero. Merci à nos héros.

Notre vision:
“Tout le monde peut être un héros en partageant sa propre expérience.”

Bonjour et bienvenue Jules ! Peux-tu présenter ce que tu fais aujourd’hui, et ton background ?

Jules Priest

Bonjour Alexis!

Je suis un UX designer, plutôt centré sur la recherche utilisateur et en réalité j’ai pendant longtemps fait de la recherche sans la nommer.

Au tout début, j’ai fait des études généralistes, avec une licence de webmastering que j’ai fini en 2014, puis un master d’innovation et de design thinking.

Cette dernière année de master était très intéressante, car ça m’a donné une méthode pour orienter la veille selon le contexte du problème à résoudre.

  • Posture du sujet
  • Hypothèses
  • Démonstrateurs

Donc ça obligeait à bien comprendre le problème, et je n’ai fait que le parallèle avec la recherche UX qu’après mes 2 premières expériences professionnelles.

J’ai commencé mon parcours dans une équipe d’innovation de la SNCF, porté sur la réparation et entretiens des trains.

Comme je remplaçais une personne, j’avais beaucoup de liberté d’action.
Cela m’a donc permis d’aller sur le terrain et créer des rapports d’expériences sur le parcours de nos utilisateurs.

J’ai entre autres découvert ma vraie plus-value résidait dans le fait de faciliter la communication entre les différents products owners qui travaillaient sur ce projet.

Ensuite, j’ai réalisé une mission pour la RATP où j’ai pratiqué le shadowing afin de recueillir le savoir d’un technicien qui partait à la retraite.

Ma retranscription de son expérience finale était une formation destinée aux autres employés qui allaient dans le futur travailler sur cette rame et ça m’a passionné.

Comment es-tu tombé dans l’UX ?

Suite à ce deuxième projet, j’ai commencé à plonger dans le sujet de la recherche utilisateur et coïncidence, ma cheffe de l’époque voulait développer ce pôle, car le sujet prenait de l’importance auprès de nos clients.

J’ai donc sauté sur l’occasion, et créé toute la documentation interne de zéro, le tout en parlant avec nos clients et participant à l’animation commerciale lors de la prévente des projets.

Cela m’a permis au final de travailler en 2019 avec Saint-Gobain sur des observations in-situ pour les aider à régler des problèmes de support informatique, et de mettre ma casquette de formateur UX pour une équipe de reporting BI.

Lors de ce projet, j’ai pu observer en direct les améliorations d’interfaces et c’était très stimulant de suivre la progression de l’équipe.

Qu’est-ce qui t’a attiré dans la profession ?

Je pense que la formation que j’ai faite en master a été déterminante pour moi. La méthodologie était basée sur le design et les professeurs étaient d’anciens consultants, donc ça m’a énormément guidé.

Néanmoins, plus que mon master, je pense que c’est surtout le fait d’intervenir dans un projet, et être capable d’avoir un impact en tant qu’externe qui m’a attiré.

En tant qu’externe j’ai trouvé que j’avais plus de liberté pour dire ce qui ne marche pas et améliorer les choses tout en allant dans les détails sans être pris dans une dynamique d’amélioration.

À la fin, c’est surtout l’articulation entre la théorie et la pratique qui est stimulante.

Derrière une interface il y a la démonstration d’une réflexion, et c’est cela qui m’intéresse.

Qu’est-ce qui a changé entre le moment où tu es arrivée et aujourd’hui ?

J’ai l’impression que les gens comprennent mieux.

Au début, je parlais d’UX et personne ne comprenait.

Mais maintenant autour de moi de plus en plus savent que l’UX ce n’est pas seulement l’UI. Donc petit à petit ça se diffuse.

Je pense aussi que le fait que tout le monde à son expérience avec les smartphones aide beaucoup. Avec les changements d’interface de Facebook, Instagram, etc. chacun peut se rendre compte de l’impact d’un design sur son comportement et ses habitudes.

À titre d’exemple, je peux même expliquer simplement ce que je fais à mes grands-parents, car ils ont maintenant du recul dessus.

De quoi es-tu le plus fier dans ta carrière professionnelle ?

(rires) Laisse-moi réfléchir…

Je pense que l’expérience où j’étais formateur dans cette équipe de BI a été significative pour moi.

J’ai pu suivre l’évolution de l’interface et l’expérience logicielle, et, cela m’a moi-même obligé à monter en compétence, car j’ai formé des gens.

C’était gratifiant pour moi d’avoir un impact sur les personnes en interne qui utilisaient cet outil. (400 et 1600 personnes qui utilisaient cet outil)

Ça m’a surtout appris que le partage d’insights provenant de la recherche utilisateur crée des opportunités insoupçonnées.

Dans mon expérience ça a été le point de départ de plusieurs projets intéressants, avec à terme l’amélioration des expériences pour tout le monde!

Comment es-tu monté en compétence dans ta carrière ?

Je pars d’un socle méthodologique fort, donc j’avais déjà le mindset, et ensuite par la pratique terrain.

Néanmoins, je consomme pas mal d’articles et de ressources, par exemple le NN group. Je lisais le site et prenais des notes sur mon carnet.

Ensuite, je suis abonné à Webdesigner depot, qui est plus générale, mais intéressante, car ça permet d’avoir un tour d’horizon.

Quel domaine de l’UX préfères-tu, et pourquoi ?

J’aime beaucoup le moment où la recherche devient tangible, où l’on arrive vers les premiers prototypes, premiers sketches.

On rentre enfin dans le concret.

C’est en rentrant dans le concret, en dessinant, qu’on peut libérer la valeur ajoutée qu’on a perçue pendant la recherche

Photo by HalGatewood.com on Unsplash

Ensuite, j’aime aussi donner vie à ce prototype, je prends donc du temps tout seul avant de le présenter aux clients et laisser opérer la magie.

Au contraire qu’est-ce que tu préfères éviter de réaliser ?

Je ne sais pas, dur à dire en fait tellement j’aime tout réaliser.

Disons que si quelque chose m’intéresse moins, ce sont les moments où les choses ne se passent pas très bien avec le client.

Par ex: On fait un super travail de recherche, on rend le prototype avec et le retour de feedback que l’on a c’est: “Ah, un client n’aime pas le rouge”.

Donc oui, défendre ce que l’on a fait est quelque chose d’inconfortable. L’autre problème est surtout le fait que cela devient des moments pas productifs avec pas mal d’itérations nécessaires. Je m’en passerais bien.

Quels sont les outils / frameworks que tu utilises le plus ?

Mon meilleur outil, c’est mon carnet pour avoir la vision du sujet.

Je l’utilise tout le temps pour comprendre globalement le sujet, lorsque je parle à quelqu’un, ou choisir les méthodes et la stratégie de recherche.

Ensuite j’utilise figma, le meilleur outil parmi ceux que j’ai pu essayer.
Surtout grâce à ses plug-ins.

Par exemple mes préférés sont:

En dehors de Figma j’utilise aussi

  • Fontanello, pour voir quelle police est en ligne.
  • Bubbles, pour donner des feedbacks vidéos et audio.

Quelles sont tes sources d’inspirations / veille que tu fais ?

J’en ai beaucoup, mais les plus importantes sont celles-ci:

Webdesignerdepot

Comment organises-tu tes connaissances ?

J’ai un carnet où j’écris ou je recopie de manière scolaire les articles que je lis. Ca m’aide à appréhender les concepts.

Ensuite, j’ai un navigateur dédié — Brave où je centralise mes favoris.
J’ai plein de dossiers pour cela (Kit UI, newsletter, articles etc.)

Quelle est ta vision de l’écosystème français UX aujourd’hui ?

Pour te répondre franchement, je n’ai pas une vision très complète de comment il est structuré.

De mon point de vue, il est plus discret, et ce que j’en vois ce sont surtout les personnes sur Linkedin. Bon point, les professionnelles les plus actives sont surtout des femmes. 😃

En y réfléchissant le contenu français en ligne sur UX c’est surtout au travers de mes contacts sur Linkedin.

Quelle est ta vision de l’évolution de l’UX dans les 10–15 prochaines années ?

J’ai l’impression que même si l’UX évoluera, la mauvaise compréhension
UX = Visuellement beau restera dans le temps.

Avec le temps et des décideurs plus jeunes, cela changera, mais une mode en chasse une autre donc je ne suis sûr de rien.

Au fil du temps je pense que le milieu va devenir plus compétitif, car je doute qu’il y ait forcément beaucoup plus de demandes, alors que côté offre ça n’arrêtera pas de croître, c’est sûr.

Aujourd’hui, nous sommes encore dans un Far-west. Je pense que dans 5/6 ans cela sera plus encadré et la compréhension des métiers de l’UX par les stakeholders sera plus proche de celle qu’on les développeurs aujourd’hui.

On reconnaitra qu’il y a des métiers de l’UX, comme avec les différents langages de programmation. Il n’y aura plus d’UX (au singulier), mais des UXs.

Qu’est-ce-qui t’a attiré dans la proposition de Wikihero ?

Au début, je dois t’avouer que je n’ai pas tout compris (🙈) et j’ai fait l’amalgame avec la startup pour laquelle tu travaillais à l’époque.

Une fois ces premiers pas réalisés, l’interface est simple, tu rédiges une astuce avant et tu t’inscris après, ça me fait penser à un mix entre Quora et Wikipedia.

Ce qui est intéressant c’est que je n’ai pas à me prendre la tête à me demander si je suis légitime ou non, car je peux partager des astuces ou des erreurs avec lesquelles j’ai moi-même appris.

→ Découvrir Wikihero

Pourquoi penses-tu que contribuer et partager c’est important ?

C’est simple, quand on explique quelque chose à quelqu’un on se rend compte à quel point on a compris ou pas compris le sujet.

Aussi, c’est bien d’aider les autres et d’expliquer les choses.
Donc si c’est utile pour les autres, et utile pour moi, c’est à faire!

Pour finir, qu’est-ce que tu apprends en ce moment ?

J’apprends à coder le front, car je veux avoir plus de compréhension sur comment les produits sont créés.

Aujourd’hui, je vois beaucoup de postes d’UX researchers qui se créent et je n’ai pas forcément envie de devenir un expert sur un sujet précis.

Je préfère être polyvalent, et même si le front ne sera jamais mon métier ça sera une corde de plus à mon arc. Ça rejoint ce que je t’ai expliqué plus tôt, c’est important pour moi d’être indépendant et de pouvoir changer d’environnement, car on ne sait pas comment les métiers et les besoins de l’UX vont évoluer.

C’est aussi un choix économique. Si je reste polyvalent, peu importe l’évolution de la profession, je peux moi-même évoluer à mon rythme.

À terme, mon objectif c’est de pouvoir travailler avec de petites structures et de suivre le projet de A à Z. Je peux contribuer sur la réflexion, et suivre l’exécution tout en leur apportant tout ce dont elles ont besoin au moment propice.

Merci d’avoir lu l’entretien.

Si vous avez aimé, faites-le savoir à Jules en donnant un petit clap ou le retrouvant sur linkedin.

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A bientôt pour une prochaine interview !
Alexis

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Alexis Gerome
Wikihero

Senior UX mixed method Researcher.Advocating for a more human world. Web3 https://alexisgerome.cc