Interview de Nathalie Rosenberg Senior UX

Contributrice Wikihero et la première à avoir publié une astuce

Alexis Gerome
Wikihero
13 min readNov 20, 2020

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Bonjour et bienvenue à notre série sur les utilisateurs qui font Wikihero.

Les contributeurs & contributrices.
Derrière chacun d’eux existe une trajectoire de carrière et de vie, souvent unique. En ayant la chance de les rencontrer, nous voulions partager leurs histoires avec vous.

Rassembler autant de richesse et de diversité pour vous aider dans votre pratique UX est la vision de Wikihero. Merci à nos héros.

Notre vision: “Tout le monde peut être un héros en partageant sa propre expérience.

Résumé

Dans cette interview d’aujourd’hui on parlera de :

  • Parcours de Nathalie.
  • Comment elle est tombée dans l’UX.
  • Ce qui a changé dans notre profession entre le moment où elle a commencé (il y a 23 ans) et aujourd’hui.
  • Comment elle est montée en compétences.
  • Sa vision sur le futur de l’UX.
  • Pourquoi elle a décidé de contribuer et partager son savoir avec Wikihero.
  • Ce qu’elle apprend en ce moment.

Bonjour et bienvenue Nathalie ! Peux-tu présenter ce que tu fais aujourd’hui, et ton background ?

Bonjour Alexis, aujourd’hui je suis UX designer senior chez Metsys (une ESN), mais mon parcours remonte à loin.

Derrière moi, j’ai 23 ans de carrière dans le web en commençant par être cheffe de projet Web après mon bac+5 — DESS (qui s’intitulait Ingénierie multimédia) que j’ai terminé en 1997.

Je suis tombée dedans de manière assez originale. Je sortais d’une maîtrise en linguistique et je ne savais pas trop quoi faire par la suite. Par chance j’avais un groupe d’amis qui faisaient de la 3D sur Amiga et produisaient de la musique sur Atari, sans compter mon ex qui était graphiste, et tout cela avait l’air fun.

Je me suis mise à regarder le multimédia d’un autre œil et j’ai acheté le guide de l’étudiant pour l’offrir mon ex qui était aussi en train de se demander quoi faire pour valider ses connaissances.

Morale de l’histoire : il ne l’a jamais lu.
Mais moi je l’ai feuilleté. J’ai ainsi découvert l’existence de DESS (ancien nom du Master II) à 50Km de chez moi. J’ai envoyé un dossier de candidature, et voilà comment s’est fait l’embarquement. 🚀

J’ai commencé ma carrière dans une agence “multi-support” (Web et print”) en tant que cheffe de projet multimédia. On faisait surtout des développements sur CD-roms (sur Macromedia Director) et de la modélisation 3D (sur 3DS Max) pour le secteur chirurgical. On modélisait des squelettes très détaillés pour simuler des fractures et à l’époque les rendus prenaient des jours entiers.

Ensuite, l’autre grande partie de ma carrière a été dans un organisme parapublic (l’Assurance retraite). 14 ans en tout, 5 ans comme webmaster puis le reste comme UX dans le cadre d’un projet de fusion des sites nationaux en 1 seul en 2009.

Comment as-tu commencé dans l’UX ?

Officiellement pas avant 2009, lorsque j’ai travaillé sur le projet de site de la caisse des retraites. Néanmoins, c’était un sujet qui était présent assez tôt dans ma carrière.

En 2000, je travaillais dans une startup à Paris qui a un jour commandé des tests utilisateurs à Axance. J’ai assisté à l’un d’eux, et j’ai eu une première révélation sur le sujet.

Ensuite, le déclic m’est arrivé en 2003 en discutant avec un recruteur dans un agence web. Durant la conversation il m’a demandé :

“C’est quoi le plus important quand tu arrives sur un site ? … “

Je ne savais pas quoi dire. Il a répondu :

“C’est l’utilisateur.”

Ce fut un moment déclencheur, car je m’étais toujours intéressée à ce sujet sans jamais pouvoir l’appliquer directement dans mon travail, et à partir de là je me suis donné pour mission d’y arriver.

En 2005, j’entre comme webmaster pour la caisse des retraites et en 2009, pour ce projet de refonte, j’accède à ce rôle d’UX designer. Enfin, je me l’attribue, car personne dans mon organisme ne connaissait cette fonction. J’étais la seule personne de l’équipe qui avait des connaissances en web, ainsi qu’une expertise en accessibilité, et dès le départ du projet, j’ai proposé de travailler autrement.

Je voulais en finir avec les cahiers des charges, j’avais découvert Axure quelques semaines auparavant, et en arrivant à la première réunion fonctionnelle, j’avais réalisé une première maquette interactive.

“Voilà comment on peut travailler. Qu’en pensez-vous ?”

Les devs ont adoré.
Ça facilitait les échanges, ça permettait de montrer ce qu’on souhaitait et eux de répondre ce qui était possible ou pas.

C’était une première victoire mais pour le reste, mon travail UX consistait quand même en 95% d’explications et 5% d’UX à proprement dit.

Un camembert qi représente la journée type des UX designers, 5% du temps faire de l’UX, 95% du temps expliquer ce que c’est

Qu’est-ce qui t’a attirée dans l’industrie ?

C’est dur à dire, car ça fait tellement longtemps (pause).
Je dirais que c’est quelque peu inné, et ça correspond à mon état d’esprit pratique et d’amélioration constante.

“J’aime rendre les choses plus intuitives et plus faciles à utiliser.”

Qu’est-ce qui a changé entre le moment où tu es arrivée et aujourd’hui ?

L’UX design est devenu très à la mode (rire), même bling bling.
Avec la dérive qui fait que les fondamentaux ne sont plus là.

Aujourd’hui, beaucoup de recrutements se font sur des besoins purement UI, des gens à qui on va même demander d’assurer toute la charte et déclinaison graphique multi-supports. C’est du grand n’importe quoi.

Tout le monde se proclame UX, et le terme perd de sa valeur.
On trouve des dev front UX, des admin sys UX. Mis comme ça, cela s’apparente plus à une compétence (comme d’être bilingue ou trilingue), qu’à une vraie expertise.

Alors oui l’UX a pignon sur rue, mais il n’est pas encore reconnu à sa juste valeur.

Et puis il y a le besoin d’aller vite, et beaucoup d’outils permettent hélas cela. Cela fausse la donne. Les équipes projet ont la sensation d’avancer et de faire de l’UX alors même que la base n’est pas réalisée.

J’aime beaucoup cette question de Raphaël Yharrassary, quand quelqu’un lui dit qu’il est UX “quelque chose” :

“Et quand est-ce que vous avez vu un utilisateur pour la dernière fois ?”

Car il ne faut pas oublier le U dans UX.
C’est le retour et l’expertise de nos utilisateurs qui permet d’obtenir une bonne connaissance du périmètre sur lequel on intervient afin de savoir quelles solutions porposer. Le reste n’est qu’hypothèses.

Ça m’amène au 2e pilier de l’UX : l’UX design prend du temps.

Récemment j’ai travaillé sur un projet métier complexe. Dans les grandes lignes, le besoin était très simple, mais dans les détails, toute l’étendue de la complexité s’est faite jour. Il nous a fallu 3 mois pour vraiment comprendre ce qu’il en était. Le souci, c’est qu’actuellement pour des missions, les UX designers ont souvent des interventions de 10 jours pour “faire de l’UX”.

De quoi es-tu la plus fière dans ta carrière professionnelle ?

(rires) Clairement de mon travail au sein de l’Assurance retraite.
J’ai défriché le terrain au départ et j’ai montré la voie. Je me suis battue, ça a été difficile. Ça a été un long chemin, mais maintenant il y a une équipe UX en interne et c’est une belle victoire, même si je ne fais plus partie de l’aventure. Je pense avoir eu un impact sur cette concrétisation et cette prise de conscience.

Alexis : “Oui, j’ai vu ça chez beaucoup d’autres équipes UX (et ma propre carrière), celui ou celle qui pousse pour que l’UX sorte de terre, n’en récolte pas forcément les fruits”

Exact, j’aime beaucoup sensibiliser, et je me vois un peu comme une exploratrice au milieu de l’Amazonie.

Le hic quand tu pousses en interne, c’est que soit tu es pourvu d’une compétence diplomatie en béton pour faire passer tes idées, soit tu vas forcément aller au clash car d’autres personnes ne sont pas d’accord, la politique s’en mêle, etc.

Le risque d’être la personne qui porte une nouveauté, c’est de devenir celle qui râle tout le temps parce que se faire comprendre sur des concepts novateurs, c’est souvent difficile. Pour compenser cela et garder un équilibre avec tes équipiers, il faut produire énormément de choses concrètes.

Comment es-tu montée en compétence dans ta carrière?

Cela a commencé avec les conférences d’Amélie Boucher à Paris Web, mais pas que.

Dans les années 2000, il y avait déjà plusieurs sources comme :

  • Fred Cavazza avec son blog Simple Web (aujourd’hui inactif)
  • L’association Flupa. Avec une amie UX aussi, on a monté la première antenne à Toulouse en 2015, et c’était rempli d’étudiants qui cherchaient du travail. Mais on n’avait hélas rien à leur proposer à ce moment.
  • Les premiers livres de Jakob Nielsen, sortis en France en 2000, 2005 et 2007. Je les ai encore d’ailleurs !! Ce sont des collectors (rires)
  • J’ai encore plein de livres du début de cette période.
Photo du livre de David Siegel : “Secret des sites web qui réussissent”
Livre sur la conception des sites web sorti en 1998 — Un classique de David Siegel.
Les classiques de Jakob Nielsen
A quoi une bibliothèque ressemble après 20 ans dans le métier. (Merci Nathalie pour les photos)

Quelle domaine de l’UX préfères-tu, et pourquoi ?

(rires) Difficile à dire, car j’aime avoir un œil global sur tout (et c’est plus fort que moi).

J’aime bien les phases d’analyses, lorsqu’il faut synthétiser toutes les données et en tirer des conclusions pour chercher des solutions.
Je travaille aussi pas mal sur l’importance des contenus. Un service numérique, quel qu’il soit va délivrer des contenus (textes, images, graphiques, vidéos). Mais ils sont souvent pensés à la dernière minute, ce qui est une erreur. Il est primordial de travailler sur des contenus réels dès les phases de conception pour ne pas produire des coquilles où les textes ne rentreront pas.
Enfin, j’aime porter et rappeler la voix des utilisateurs. Ce sticker Flupa résume bien ce point.

Logo disant “I fight for the users, UX days FLUPA 2016” avec un poing levé
Sticker réalisé par Laurence Vagner pour les Flupa UX Days 2016

Au contraire qu’est ce que tu préfères éviter de réaliser ?

Il y a 2 limites que je reconnais dans mon parcours :

  • N’étant pas graphiste de formation, la partie UI est plus difficile pour moi.
    Je rêverais de bosser en binôme avec un UI designer très calé en typographie et en mise en page. Ça fait énormément de différence.
    Je donne souvent cet article en exemple. Il date de 2006 et s’intitule “Web Design is 95% Typography”. Il est toujours d’actualité. Si tu travailles bien ta typo, ton rendu est déjà superbe. Malheureusement aujourd’hui, la plupart des UI designers sont focalisés sur les formes et couleurs. Or, la typo, c’est le contenu, c’est ce que va délivrer le service numérique.
  • Créer de rien et innover n’est vraiment pas mon point fort. Par contre, je suis très douée pour retoucher l’existant et repérer tous les petits détails qui font défaut (un peu comme les script doctors à Hollywood).

Quels sont les outils / frameworks que tu utilises le plus ?

En ce moment, je suis beaucoup sur Figma et Miro. Ça me sert à tout, design, présentation, dépôt à tendances, j’y colle des trucs partout.

Ensuite Raindrop, où j’ajoute des liens vers des articles intéressants, mais je m’en sers surtout comme album d’images, notamment pour tous les messages d’erreurs ratés que je sauvegarde en screenshot. Ça me sert pour mes présentations afin de montrer les erreurs à éviter.

→ D’ailleurs on a un déjà des astuces sur ce sujet sur Wikihero:
Gestion de messages d’erreurs
Compilation d’UX fails

J’ai longtemps utilisé Axure, et on m’a parfois dit que j’étais has been d’utiliser ça, mais cet outil a des fonctionnalités qu’on ne retrouve pas sur Figma, Sketch ou XD, comme les variables qui permettent de bien définir des comportements en fonction des cas d’usage.

Quelles sont tes sources d’inspirations / veille que tu fais ?

Aujourd’hui, ma veille principale vient au travers du NN group, du blog InVision et de quelques livres blancs, comme “The New Design Frontier” de InVision justement, qui analyse les impacts du design aujourd’hui, et son implémentation dans les entreprises en 2019.

On y apprend que les sociétés états-uniennes ne sont pas forcément plus en avance que les européennes. Elles communiquent juste plus souvent et donnent faussement l’impression d’être bien plus en avance.

Sinon, j’essaye de ne plus être noyée par la veille (il y a trop de blogs et au final, tu lis rien).

Je ne recherche plus le dernier cri, ni les tendances qui vont et viennent, c’est fatigant. Je me concentre sur les concepts de fond qui ne changeront pas.

Comment organises-tu tes connaissances ?

Outre mes projets qui sont désormais sur Figma, j’ai un tableau Trello qui regroupe des livrables, un autre qui regroupe des idées et des points de sémantique.

J’ai aussi mes collections d’images sur Raindrop, un classeur avec des schémas récurrents (comme les heuristiques de Nielsen ou le “Honeycomb” de Morville). Et puis j’ai des murs blancs chez moi avec des post-it dessus.

“Un authentique UX designer a forcément un gros tas de Post-it prêts à l’emploi :D”

Quelle est ta vision de l’éco-système français UX aujourd’hui ?

Il reste hélas centralisé sur Paris. Si on regarde le site UXJobs ce jour, il y a environ 40 offres, dont 30 sur l’Île-de-France.

Néanmoins ça bouge Je vois passer des départements UX et des gens avec des titres de lead UX au sein de grosses structures de type banques et assurances avec la mission de rénover tout ça. C’est encourageant.

J’aimerais vraiment échanger avec eux sur les défis qu’ils rencontrent. Que ce soit dans les conférences ou sur les blogs, on entend surtout les équipes UX des startups, mais leurs problématiques ne m’intéressent pas vraiment, elles tournent toujours sur les mêmes points. Créer un produit sur un terrain vierge est assez facile, alors que travailler pour une structure qui a 50 ans et un SI gigantesque est un challenge qui m’intéresse bien plus que travailler sur la énième appli hype de partage de photos.

Pour les UX comme moi qui travaillent avec de la dette technique, il y a un fossé entre ce que l’on voit et notre réalité, c’est pour ça que davantage de témoignages sur ces projets serait une vraie bouffée d’air. Ça prouverait aussi aux autres structures du même type qu’elles peuvent se lancer dans l’aventure. Elles ont tout à gagner.

Quelle est ta vision de l’évolution de l’UX dans les 10–15 prochaines années ?

Je n’y ai pas trop réfléchi (Rires), c’est super dur comme question !

J’espère qu’il y aura plus d’exemples d’entreprises où l’UX est partie prenante des décisions stratégiques.

Aux dernières nouvelles seulement 4% des entreprises sont au niveau 5 de maturité où il existe une direction UX qui est partie prenante des décisions stratégiques.

Je pense également que l’UX va être primordiale dans le futur pour toutes les technologies qui arrivent, mais surtout pour la sécurité en ligne.

C’est ce qui me passionne en ce moment (et j’aimerais pouvoir approfondir le sujet) : la jonction de l’UX avec la cyber-sécurité. Le futur de l’Infosec se fera en prenant en compte les utilisateurs (qui ne le sont pas inclus aujourd’hui). Les enjeux de cybersécurité sont primordiaux et les utilisateurs trop vulnérables face à ça. Il va falloir réfléchir à les intégrer davantage aux solutions.

Qu’est ce qui t’a attirée dans la proposition de Wikihero ?

C’est un produit super sympa car ça permet de partager le savoir facilement.

Je suis le type de personne capable de partager des astuces courtes et précises, mais pas le genre à rédiger de longs articles.

Mais m’exprimer sur quelques lignes bien ciblées, c’est possible.

Cela m’a rappelé une réflexion que j’avais eu sur : qu’est-ce que participer à notre communauté UX veut dire ?

Traditionnellement, on peut :

  • Écrire des livres ou des blogs
  • Participer /parler à une conférence
  • Organiser des conférences / événements

Wikihero se propose d’être une autre manière de participer à notre profession, sans forcément avoir à publier du contenu continuellement, devenir auteur.e ou créer des decks dans les conférences.

Pourquoi penses-tu que contribuer et partager c’est important ?

Cela permet de garder une vivacité entre nous, de créer des liens, et de découvrir d’autres professionnels que l’on ne connaitrait pas autrement.

Ça permet aussi de renforcer la validité de certaines idées.
Si 250 personnes valident une astuce que tu postes, ça donne un poids à ce que l’on essaye de prouver. Et c’est primordial pour faire passer des idées neuves au sein de structures qui ne les comprennent pas vraiment.

Ça peut aussi nous permettre d’éprouver nos points de vue avec nos pairs, de manière constructive, et permettre de sortir de ce syndrome de l’imposteur que l’on ressent tous.

Pour finir, qu’est-ce que tu apprends en ce moment ?

J’apprends à faire mon portfolio, car je n’en ai jamais eu besoin en 23 ans de carrière !

Mais aujourd’hui le marché a beaucoup évolué et sans un solide portfolio et des use cases bien détaillés, ce n’est pas facile d’être crédible.

Donc pour cela je travaille avec un coach de portfolio américaine nommée Sarah Doody.

Avec elle, nous faisons :

  • Des revues de portfolio.
  • Ce qui va.
  • Ce qui ne va pas.
  • Le point sur sa carrière

Ça m’a aussi permis de redécouvrir mes propres ressources avec une liste créée lors d’un atelier donné à Paris-Web par Sarah Haïm et Éric Daspet.

Quels sont les 5 critères principaux pour votre prochain emploi ?
(Dans une liste de 50 points à choisir)

C’est un exercice très difficile, mais ça permet de mettre en perspective les choses et de vous prioriser sur l’important. Voici la liste pour vous aider aussi.

Merci d’avoir lu l’entretien (jusqu’ici)

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A bientôt pour une prochaine interview !
Alexis

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Alexis Gerome
Wikihero

Senior UX mixed method Researcher.Advocating for a more human world. Web3 https://alexisgerome.cc