LinkedIn remplacera t-il un jour les référentiels de compétences pour les métiers numériques ?
De nouveaux métiers apparaissent chaque année. Une étude récente affirme que 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore. Le développement de l’intelligence artificielle et de la robotisation ne vont qu’accélérer ce processus. Comment, dans un tel contexte, la formation peut-elle répondre aux besoins de nouvelles compétences en évolution permanente ? Comment capter les nouveaux besoins d’une manière agile et les traduire en modules de formation ? Comment faire évoluer constamment le référentiel de la formation qui est sa colonne vertébrale ?
Autrefois, on aurait pu établir une fiche métier ou une liste des compétences à apprendre et s’y tenir pendant plusieurs années, en y apportant tous les 5–10 ans quelques mises à jour rares. Une telle approche était encore toute à fait valable il y a une vingtaine d’années. Elle ne peut plus satisfaire, car les nouvelles technologies engendrent de nouveaux besoins en compétences tous les ans, voire plus fréquemment.
A la Wild Code School, une école qui se veut agile dans le renouvellement de ses formations, nous cherchons en permanence comment rendre plus souple notre façon de concevoir et mettre à jour nos formations.
Trois grands référentiels sont au coeur de nombreuses formations aujourd’hui en France. Nous nous y référons constamment.
Tout d’abord, le Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (ROME) élaboré pour la première fois en 1989 par l’ANPE (devenue Pôle emploi). Il s’agit d’une classification des métiers qui comprend près de 11 000 appellations. Reconnu comme l’une des neuf bases de données nationales de référence, ce répertoire figure sur le portail du service public de la donnée et oriente de nombreuses formations et leurs financements.
Un autre répertoire important en France est le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Il regroupe les diverses certifications et autres diplômes professionnels officiellement reconnus. Il a été créé en 2002 pour “contribuer à faciliter l’accès à l’emploi, la gestion des ressources humaines et la mobilité professionnelle” et a remplacé le répertoire précédent des formations certifiées. On est passé de la logique de l’homologation des contenus des formations à l’homologation des certifications, c’est-à-dire des référentiels des compétences à acquérir et à valider, quelles que soient les modalités de la formation. Les certifications du RNCP peuvent notamment être obtenues par voie de la validation des acquis de l’expérience (VAE), ce qui n’était pas possible auparavant. Géré par la Commission nationale de la certification professionnelle, ce répertoire est aujourd’hui la référence en matière de compétences en France.
Enfin, depuis une dizaine d’année, l’Europe tend à harmoniser les référentiels entre les différents pays afin de faciliter la mobilité des professionnels et la lisibilité de l’offre de formation. Un cadre européen des certifications (European Qualifications Framework / EQF) a été mis en place depuis 2008. Il s’est traduit rapidement par un Référentiel européen des e-compétences (European e-Competence Framework / eCF) dans le domaine du numérique. Ce dernier a connu trois versions depuis son lancement et regroupe aujourd’hui 40 compétences clés techniques, traduites depuis 2016 en standard européen. Il guide notamment la politique européenne dans la promotion des compétences numériques.
Peu connu en France, le Référentiel européen des e-compétences est pourtant aujourd’hui le référentiel le plus consensuel sur le plan international : de nombreux professionnels y ont contribué, y compris les Français. Sa dernière version 3.0 date de 2014. Il a le mérite d’exister et d’avoir évolué le plus par rapport à d’autres référentiels qui ont changé moins souvent (une seule fois en trente ans pour le ROME, une fois tous les 5–7 ans pour les certifications du RNCP).
Néanmoins, à y regarder de près, de nombreuses compétences très recherchées aujourd’hui ne figurent pas dans le référentiel européen : product management, data analysis et data visualisation, conduite des drones, etc. Le problème principal de l’ensemble des répertoires existants est leur caractère statique : une fois validé, le référentiel ne change plus pendant plusieurs années. Les mises à jours de telles bases de données sont particulièrements lourdes, nécessitant l’implication et la concertation de nombreux acteurs.
Comment concevoir un référentiel de formation agile ? Quelles modalités de mise à jour faut-il mettre en place ? Ne faut-il pas abandonner toute tentative de classification et laisser les réseaux sociaux et l’intelligence collective faire le job. Linkedin est devenu aujourd’hui non seulement le premier site de recrutement en ligne, mais aussi l’un des principaux référentiels des compétences, évolutif par définition, car c’est la multitude des particuliers qui le met à jour en renseignant ses propres compétences et en validant celles des autres.
En partenariat avec le réseau européen des professionnels du numériques (IT Professionalism Europe), la Wild Code School organise le 31 mai 2018 un workshop pour tenter de répondre collectivement à ces questions. Pour participer, inscrivez-vous en cliquant ici !