Une réforme courageuse de la formation professionnelle

Anna Stépanoff
Wild Code School
Published in
3 min readMar 7, 2018

Le gouvernement a présenté lundi la nouvelle réforme de la formation professionnelle. Ce que l’on retient surtout, c’est la fin des intermédiaires, un grand pas vers la centralisation des services et la libération des droits des individus. L’apprenant se retrouve au cœur de ses propres choix de formation, conseillé par un professionnel et assisté par une application-plateforme intelligente.

Il y a quelques mois, nous rêvions d’une plateforme centralisatrice, qui apporterait de la transparence au système de la formation professionnelle et qui remplacerait la multitude d’intermédiaires actuels. Désormais, le projet est sur les rails. La nouvelle application CPF permettra de connaître ses droits de formation d’un simple clic et en temps réel et de choisir sa formation sur la base des informations objectives et des avis des utilisateurs. Il sera également possible de s’inscrire en ligne à une formation et de la payer directement.

Quel organisme de formation, quel apprenant n’a pas rêvé d’un tel outil ! Adossé à un organisme unique national, l’Urssaf, pour la collecte des cotisations, le nouveau dispositif mise sur la simplicité et la lisibilité. Salutaire. Avec le système actuel, personne ne s’y retrouvait plus, pas même les conseillers professionnels eux-mêmes.

Pour un organisme de formation et une école-startup comme la Wild Code School, présente en réseau sur l’ensemble du territoire national, cette réforme signifie clairement des économies importantes en temps passé à comprendre la diversité des dispositifs, à communiquer avec une myriade d’interlocuteurs et à remplir de nombreux dossiers. Cette réforme nous permettra aussi de mutualiser davantage les compétences administratives au sein de notre structure.

Pour ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de regarder de près les mesures annoncées, voici notre résumé en trois points :

  1. Le Compte Personnel de la Formation (CPF) ne sera plus compté en heures, mais en euros : 500€ par an, plafonné à 5000€ (800€ / 8000€ pour les non-qualifiés). Concrètement, ce passage est particulièrement précieux, car il va avantager les formations à coût horaire plus faible. Le taux national actuellement retenu pour la conversion des heures en euros est de 14,28€.
  2. Une application unique centralisera les formations éligibles au CPF, en enrichissant les informations disponibles pour accompagner le choix de l’individu (le taux d’insertion à l’issue de la formation, le salaire à l’embauche, le prix de la formation en comparaison à d’autres formations disponibles). L’inscription et le paiement de la formation seront réalisés à partir de cette application unique. L’agence nationale “France Compétence” sera derrière cette application et assurera notamment la régulation des prix des formations. Elle remplacera les trois instances nationales actuelles (Copanef, Cnefop et FPSPP).
  3. L’Urssaf deviendra l’unique collecteur des cotisations de formation professionnelle et la Caisse des Dépôts en sera le dépositaire. Fini l’embarras du choix des organismes collecteurs et, pour les entreprises, le temps perdu à gérer cette cotisation. Elle sera payée d’une manière quasi-automatique avec les autres cotisations déjà prélevées par l’Urssaf.

Une chose est sûre, cette réforme contribue à favoriser l’innovation pédagogique, notamment en utilisant les moyens numériques et en s’affranchissant des contraintes sectorielles, horaires et géographiques.

Ce qui reste à clarifier, c’est bien évidemment le sort des OPCA (Organismes paritaires collecteurs agréés) : vont-ils se transformer en organismes de conseil en évolution professionnelle ou en observatoires des métiers ?

Les annonces actuelles ne sont pas non plus très claires concernant le calendrier de l’application de la réforme et comment sera gérée la période transitoire. Espérons qu’il ne faudra pas attendre plusieurs années avant que ces promesses voient le jour et que pendant la phase de transition il n’y aurait pas de blocages des budgets ou d’autres freins qui gêneraient la réalisation des projets de formation de chacun.

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