Cantines scolaires au Congo : quand les parents s’en mêlent

À l’école d’Ekiembe, située dans le département de la Cuvette au Congo, les parents d’élèves se mobilisent pour nourrir leurs enfants. Ces aliments sont cultivés localement et apportent ainsi de la diversité aux repas.

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par Benoît Lognoné

M. Martial Mbongopassi, Directeur de l’école d’Ekiembe nous parle des repas : « Les parents amènent la « brède » (feuille de manioc), les tomates et les oignons. Lorsque c’est la saison, les enfants, eux, apportent des oranges à l’école. Après le repas, ils prennent maintenant un dessert composé de papaye et de safou. En effet, dans l’enceinte de l’école, nous avons aussi un safoutier (dacryodes edulis). »

En ce moment, nous sommes sur les préparatifs du jardin. Le comité de gestion de la cantine scolaire va suivre ces travaux, et à la rentrée, quand les cours reprendrons, nous allons chercher à équilibrer davantage la ration des enfants. Pour cela, les parents nous fournissent également des légumes amers, du gombo, des tomates, de l’oseille. »

Semences de gombo, morelle verte et amarante à l’école d’Ekiembe, Département de la Cuvette, République du Congo — WFP/Benoît Lognoné

Vivre en milieu rural : un avantage ?

« Ici au village, nous disposons de terrains vastes, propices à l’agriculture. Lorsque nous demandons une participation aux parents, ils apportent facilement leur aide, car les gens se comprennent. Quand on est en ville, c’est difficile de demander aux parents d’apporter des oranges par exemple, car ils vont devoir l’acheter. Or, ici, certains des habitants cultivent des oranges, et ne parviennent pas à écouler toute leur marchandise. Donner le surplus à l’école, c’est aussi un moyen de lutter contre le gaspillage ».

Chaque matin, le rituel reste le même. Une fois l’appel des élèves effectué, la quantité de vivres correspondant au nombre d’élèves présents est sortie de l’entrepôt de l’école pour être cuisinée. Conserver correctement les produits de base constitue d’ailleurs un défi permanent, compte tenu du climat chaud et humide du pays et de l’emplacement rural de la majorité des écoles.

C’est à ce moment que les parents d’élèves entrent à nouveau en jeu. Jacqueline Gatsono, maman du jeune Christ, est cuisinière bénévole à l’école d’Oyembe, dans la circonscription d’Owando. Toutes les deux semaines, elle passe une matinée à l’école pour préparer les repas des 64 élèves de l’établissement.

« Aujourd’hui, nous cuisinons le repas habituel des élèves. En plus de ça, nous préparons aussi le saka-saka deux fois par semaine. »

Une fois séparée de la tige, la brède est pilée, puis cuite à la marmite afin d’obtenir le saka-saka. WFP/Benoît Lognoné

Comment s’organise l’approvisionnement en denrées alimentaires ?

« Les vivres classiques tels que le riz, les pois, l’huile, le sel et les conserves de poisson sont fournis par le PAM. Quant aux ingrédients pour réaliser le saka-saka, ils sont fournis gratuitement par les parents d’élèves. Maintenant, mon fils mange correctement à midi alors qu’avant, il ne mangeait que le soir. Ses résultats s’améliorent, il est plus assidu à l’école et il apprend mieux ».

Jacqueline Gatsono, cuisinière bénévole à l’école d’Oyembe, WFP/Benoît Lognoné

Après avoir enseigné à Owando, puis à Brazzaville, Josiane EMANA, enseignante pour les niveaux CP1 & CP2, vient de poser ses valises à Oyembe.

« Depuis qu’il y a la cantine, les enfants sont plus motivés à l’école. Ils ne fuient plus les cours, à moins d’être malades. Lorsqu’il n’y avait pas la cantine, les enfants venaient rarement à l’école. Aujourd’hui, nous espérons que l’alimentation scolaire va continuer, afin de permettre aux enfants d’être davantage présents à l’école et d’avoir de bons résultats. »

Cependant, la participation communautaire n’a pas toujours été facile.

« Au début, c’était difficile, mais maintenant, les parents fournissent tous, à tour de rôle, les aliments de base. La saison du poisson d’eau douce approche, nous espérons qu’ils en apporteront pour la cantine. »

Josiane EMANA, Enseignante à l’école d’Oyembe. WFP/Benoît Lognoné

En République du Congo, les enfants mangent rarement avant de quitter la maison le matin et parcourent de longues distances pour se rendre à l’école. Cela influe sur leur assiduité et leurs résultats scolaires. Selon l’UNICEF, 29% des élèves ne terminent pas le cycle primaire, principalement en raison des coûts élevés associés à la fréquentation scolaire.

Les programmes d’alimentation scolaire constituent un investissement judicieux pour les enfants et la communauté. En effet, à long terme, chaque dollar investi dans l’alimentation scolaire génère 9,60$ en République du Congo.

Par le biais d’initiatives locales favorisant l’alimentation scolaire, le PAM s’emploie à améliorer la nutrition des écoliers, mais aussi à aider les petits exploitants agricoles à produire des aliments tels que le manioc et le poisson, en leur permettant ainsi de fournir des aliments locaux nutritifs à moindre coût.

Parfait Josben Nianga, 5 ans, élève en classe de CP1 à l’école d’Oyembe. WFP/Benoît Lognoné

Le PAM a signé un accord d’une valeur de 30 millions de dollars américains avec le Département de l’agriculture des États-Unis (USDA). Un investissement qui vise à financer l’alimentation scolaire au Congo pendant cinq ans, par le biais du programme McGovern Dole.

Vous pouvez dès à présent offrir un repas chaud et nutritif grâce à l’application Share The Meal. Vos repas partagés soutiendront les activités locales favorisant l’alimentation scolaire dans 17 écoles des départements de Pool et de Bouenza. Ensemble, nous pouvons aider à nourrir 8 500 écoliers pendant un an.

Par Benoît Lognoné

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