Chantal explique pourquoi elle est devenue chauffeur pour le PAM

Elle explique les défis auxquels elle fait face et comment les formations à la sécurité ont contribué à sauver sa vie

Chantal Matiko est chauffeur pour le PAM en République démocratique du Congo depuis 2009. Ici, elle parle des défis de son travail, comment elle a survécu à une embuscade armée et comment elle encourage les femmes à suivre son choix de carrière.

Devenir chauffeur pour le PAM : un challenge que Chantal a voulu relever! Photo: WFP/Jacques David

Je viens d’une ville appelée Bunia située dans la province de l’Ituri, au nord-est du pays.

Je n’avais pas vocation à devenir chauffeur, il n’y en avait aucun dans ma famille ou parmi mes amis. Je fais ce travail parce que mon père m’a toujours dit : « Être une femme ce n’est pas rester à la maison et faire le ménage, c’est beaucoup plus que ça. »

Quand j’ai passé les tests pour devenir chauffeur pour le PAM, je n’étais pas tellement expérimentée mais le superviseur a dit « cette femme est courageuse, elle réussira ». Ces mots m’ont encouragé comme aucun autre auparavant et ils sont gravés en moi pour toujours. Ils m’aident toujours à aller de l’avant, quels que soient les obstacles que je rencontre sur la route.

C’était difficile quand j’ai commencé ce travail parce que les hommes ne pouvaient pas accepter une femme parmi eux — ils pensaient que leur emploi était menacé. Maintenant, je suis fier de faire ce travail et je me sens égale aux hommes car je fais mon travail aussi bien qu’eux. Sur le terrain, quand je dois traverser des ravins ou changer une roue, je n’ai jamais eu à demander à un homme de m’aider. J’aime bien faire face à ce genre de situation et m’en sortir par moi-même.

Chantal “Etre dans la boue jusqu’au cou, c’est ça que j’aime !“ Photo: WFP/Jacques David

La voiture a été touchée par quatre balles

Je conduis les agents lors des missions sur le terrain et les amène aux réunions. Je transporte également des vivres et autres produits alimentaires ainsi que le courrier, dans les villes ou les villages. L’insécurité et le mauvais état des routes sont les plus grands défis auxquels nous faisons face.

Il y a deux ans, nous avons été pris dans une embuscade dans l’est de la RDC et notre voiture a été touchée par quatre balles. Heureusement, j’ai été bien formée pour faire face à ce genre de situation et personne n’a été blessé.

J’ai suivi plusieurs formations sur la sécurité qui m’ont donné certains réflexes de base : comment sortir de la voiture, comment faire pour me protéger et me cacher, comment rester calme et garder la bonne attitude, sans lesquelles mes chances de survie auraient été beaucoup plus faibles. Ce type de formation m’a vraiment sauvé la vie.

De plus j’ai récemment suivi une formation sur les violences contre les femmes, où j’ai appris comment me comporter en cas d’agression sexuelle au travail ou à mon domicile. Je sais maintenant comment réagir et me protéger.

Toujours jeter un oeil sous le capot. Photo: WFP/Jacques David

Des visages brillants de joie

Dans mon quartier, des femmes viennent parfois me demander d’enseigner ce métier à leurs filles. Je suis très heureuse de voir que cela donne des idées à d’autres femmes.

J’adore mon travail avec le PAM, parce que je peux faire deux choses à la fois : conduire et contribuer à soulager les souffrances des populations vulnérables de mon pays. Quand je vois leurs visages brillants de joie quand nous arrivons avec la nourriture, je me sens tellement bien !

La situation en RDC est difficile — mais les humanitaires comme moi doivent continuer à travailler pour ceux qui sont dans le besoin. Je suis disposée à le faire malgré les risques et je suis toujours optimiste pour l’avenir de mon pays.

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Avec Chantal au camp de déplacés de Mugunga, province du Nord Kivu. Photo: WFP/Jacques David

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Jacques David
Histoires du Programme Alimentaire Mondial

Humanitarian worker and Communications Officer for the World Food Programme in Democratic Republic of Congo.