Communiquer sur la nutrition à Madagascar

Femmes du jardin communautaire de Mahatangy, Itampolo WFP/Gaia Paradiso

Quand nous parlons de nutrition des enfants, qui devons-nous cibler pour une communication simple, claire et efficace, qui donne des informations utiles favorisant la bonne croissance des enfants ?

Les femmes et tous les membres de la société qui jouent un rôle dans la croissance des enfants.

A Madagascar, la malnutrition aiguë touche 6% des enfants de moins de 5 ans au niveau national, avec trois régions dépassant le seuil sérieux de 10% de l’OMS. La malnutrition chronique touche 42% des enfants de moins de 5 ans, un des taux les plus élevés au monde.

La malnutrition touche également les femmes, avec 27% souffrant de malnutrition et 35% d’anémie, alors que ces pourcentages sont respectivement de 28% et 35% chez les adolescentes.

Selon l’enquête MICS 2018, la proportion d’enfants de 6 à 23 mois recevant un régime alimentaire minimum acceptable est de 21%. Seuls 25% des enfants reçoivent une alimentation suffisamment variée, proportion passant à 9% chez les ménages les plus pauvres et 56% chez les ménages les plus riches.

Les pratiques de soins dédiés aux enfants ne sont pas adéquates, avec seulement 51% des enfants de moins de 6 mois bénéficiant de l’allaitement maternel exclusif. Une situation aggravée par la proportion élevée d’adolescentes mères (36%).

Une femme de la communauté de Fotadrevo bénéficie de la distribution des suppléments nutritifs pour son enfant WFP/Gaia Paradiso

Afin de répondre à cette situation, le PAM et UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population) ont développé une approche pour la prévention de la malnutrition chronique appelée MIARO (prévention en malgache) ciblant les 1000 premiers jours de la vie (de la conception aux deux ans de l’enfant).

L’approche a été mise en œuvre en tant que pilote entre 2014 et 2016 dans deux communes du district d’Ampanihy (Fotadrevo et Itampolo), dans la région Atsimo Andrefana, en étroite collaboration avec l’Office National de Nutrition (ONN) et le Ministère de la Santé (MINSAN). Cette approche a permis d’améliorer la diversité alimentaire, la fréquentation des structures de santé pour les soins périnataux et les pratiques de soins aux enfants. Elle a également eu un impact sur la réduction de la prévalence de la malnutrition chronique.

Suite à ces bons résultats, l’OMS et la FAO ont rejoint l’approche qui comprend maintenant les activités suivantes : supplémentation nutritionnelle des enfants de 6 à 23 mois et des femmes enceintes et allaitantes ; renforcement des services de santé de la reproduction ; communication favorisant le changement social et comportemental ; renforcement des capacités du système de santé pour le suivi de la croissance des enfants ; et agriculture sensible à la nutrition.

Le PAM est en charge de la distribution mensuelle des produits nutritionnels spécialisés, du dépistage de la malnutrition, de la communication pour le changement social et comportemental ainsi que de l’appui aux jardins communautaires et scolaires.

Site de distribution des suppléments nutritifs pour les enfants de 6 à 23 mois, à Fotadrevo, Sud de Madagascar WFP/Gaia Paradiso
Carton du Programme Alimentaire Mondial à Madagascar contenant les sachets des suppléments nutritifs pour les enfants, du 6 à 23 mois, dans la commune de Fotadrevo, Sud de Madagascar WFP/Gaia Paradiso

A cet égard, des sessions de sensibilisation pour les hommes et les femmes sont mises en place régulièrement avant, pendant et après la distribution des produits nutritionnels. L’objectif étant de leur faire comprendre l’importance de ces distributions, mais également de faire la promotion des bonnes pratiques de nutrition et d’hygiène, en insistant sur l’allaitement couplé à une alimentation variée et diversifiée pour les enfants de plus de 6 mois.

Une communication favorisant un changement social et comportemental est indispensable pour prendre conscience de l’importance d’améliorer la diversité alimentaire des enfants ainsi que pour favoriser un bon état nutritionnel et de santé des femmes (avant, pendant et après l’accouchement). Le changement nécessite l’implication de toute la communauté, pas seulement des femmes.

Des messages simples, clairs et récurrents, sont diffusés sur des affiches, des bannières, ou à travers des messages vocaux dans les lieux de rencontre, dans les espaces publiques, ou dans les zones de distribution. Ils présentent à la population de Madagascar des idées de gestes quotidiens à adopter afin d’améliorer leur état de santé et celui de leurs enfants.

Visualiser, expliquer, montrer, répéter, sont des techniques de communication très efficaces pour renforcer la santé et la nutrition des enfants de Madagascar. Cette même communication encourage les communautés à initier le changement vers une population plus consciente et attentive aux besoins de leurs enfants, pour que ces derniers puissent bénéficier de tous les apports nutritionnels nécessaires à leur développement socio-cognitif.

Bannière à Fotadrevo, indiquant la zone de distribution des suppléments nutritifs pour les enfants. Sakafo signifie Nourriture. WFP/Gaia Paradiso
Moment de sensibilisation des femmes, menée par une des agents communautaire de Fotadrevo, avant la distribution des suppléments nutritifs WFP/Gaia Paradiso
Distribution des suppléments nutritifs : le PAM est responsable de la distribution bimensuelle des produits nutritionnels spécialisés WFP/Gaia Paradiso
Manuel d’utilisation des suppléments nutritifs présenté par des agents communautaire de Fotadrevo WFP/Gaia Paradiso

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