Démo Baldé, une pionnière de la cantine scolaire au village de Saré Bidji

Demo Baldé est la responsable des cuisinières de la cantine scolaire de l’école de Saré Bidji dans la région de Kolda (Sud-Est du Sénégal) ; très dynamique, elle joue un grand rôle dans le bon fonctionnement de la cantine scolaire de son village.

Les élèves de l’école de Saré Bédji attendant le service du repas de midi près du réfectoire de la cantine scolaire (Crédit Photo PAM /Souleymane Diamanka)

Ecrit par Maimouna Cissé, Programme Associate, WFP Sénégal (SO Kolda)

Démo et la cantine scolaire : une longue histoire

Cette pionnière des cantines scolaires s’est toujours souciée du bien-être des élèves et surtout de ceux des villages environnants. « Dans les années 90, il n’y avait pas encore de cantine à l’école. Quand je passais devant l’école pour aller à la rizière, je voyais des élèves assis à l’ombre attendant la reprise des cours dans l’après-midi. La plupart d’entre eux venaient des villages environnants et passaient la journée à l’école sans manger » nous confie-t-elle.

L’idée lui est alors venue de s’associer à un des parents d’élève pour préparer des repas pour les écoliers deux fois par semaine, soit le mardi et le jeudi, jours où les élèves font des cours de renforcement scolaire. Mais le projet n’a pas duré, faute de moyens.

Démo Baldé à l’école (Crédit Photo PAM /Souleymane Diamanka)

Aujourd’hui, la cantine revit grâce au programme d’alimentation scolaire du PAM et du Gouvernement du Sénégal ; environ 21 000 enfants scolarisés de la région de Kolda bénéficient de l’assistance du PAM.

Créée en 1969, l’école de Saré Bidji polarise 7 villages et compte 305 élèves dont 155 filles. C’est seulement en 1993 qu’elle a ouvert sa première cantine.

La cantine scolaire a connu des débuts difficiles ; l’engagement et la détermination de Démo soutenus par l’actuel Directeur de l’école ont réussi à la maintenir.

Les repas sont préparés, tous les jours d’école, par les femmes des villages environnants organisées en groupes afin de cuisiner à tour de rôle.

Le leadership au profit des performances scolaires

Démo joue le rôle de manager dans cette équipe. « En tant que responsable de la cantine, je supervise les groupes, m’informe du nombre d’absents et mesure les quantités à préparer en fonction du nombre d’élèves présents les jours de cantine » affirme-t-elle.

Ses efforts et sa disponibilité pour la cantine sont appréciés par la Direction de l’école. « Parfois, quand les femmes tardent à venir préparer le repas, il suffit juste de lui passer un coup de fil pour que Démo les mobilise et vienne avec elles » nous dit le Directeur de l’école.

Diaraye Mballo en classe ; cette jeune fille de 11 ans rêve de devenir Inspectrice de l’Education (Crédit Photo PAM / Maimouna Cissé)

L’investissement de Démo, depuis plus d’une décennie, semble porter ses fruits. L’établissement se distingue dans le Département de Kolda par la qualité des enseignements qui y sont dispensés. Diaraye Mballo, en classe de CM 2, est sortie 1ère à l’Essai départemental qui a mis en compétition une soixantaine de candidats de la même classe.

L’engagement communautaire pour une cantine pérenne

En plus d’organiser la cantine scolaire, cette mère de famille de 8 enfants est très engagée dans sa communauté. Démo est Présidente du Comité de Gestion de l’Ecole (CGE), trésorière pour les activités d’épargne pour le changement (EPC) du programme 4R et Conseillère municipale. Son leadership est renforcé par son mari qui est le Chef du village.

La cantine scolaire est gérée de manière inclusive par toute la communauté. Le Comité de gestion des écoles et l’Association des parents d’élèves y participent en apportant du bois mort pour la cuisson ainsi qu’une partie de leur récolte.

Vue de la salle de classe de Diaray Mballo, en tee-shirt blanc à l’ extrême droite de la photo (Crédit Photo PAM / Maimouna Cissé)

Les hommes du village ne sont pas en reste dans cette dynamique, leur appui est apprécié par Démo. « Nous ne pouvons pas cuisiner sans l’aide des hommes. Ils contribuent en nature après les récoltes. Comme chef de famille, ils donnent chacun 500 f par élèves en fonction du nombre d’enfants qu’ils ont à l’école. Avec cet argent, nous achetons du bois pour préparer les repas, et complétons nos dépenses quand les fonds disponibles à l’école sont épuisés » souligne-t-elle.

La cantine scolaire contribue aussi à l’économie des ménages. « Depuis que mes enfants mangent à l’école, nous préparons au plus deux kilogrammes de riz au lieu de cinq quand ils sont à la maison. La cantine enlève une grosse épine du pied des parents » dit Démo.

Selon le PAM et ses partenaires, un tel engagement des femmes dans les cantines scolaires mérite reconnaissance et valorisation. Des sessions de formation sur les bonnes pratiques d’hygiène et de gestion des cantines scolaires seront organisées périodiquement pour renforcer leurs capacités et les aider à être plus autonomes et résilientes.

Vue de la cour de l’école (Crédit Photo PAM / Maimouna Cissé)

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