« Dis-toi que tu peux le faire »

Un récit inédit sur l’équilibre entre carrière humanitaire et vie de famille en Éthiopie

WFP (PAM)
Histoires du Programme Alimentaire Mondial
5 min readMay 17, 2019

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De Paul Anthem, traduit de l’anglais

En tant que surveillante sur le terrain, Maria s’assure notamment que l’aide alimentaire du PAM soit distribuée correctement. Photo : WFP/Jami Kamal

Maria Suleiman a toujours voulu faire de l’humanitaire. Savoir que son travail peut aider à faire la différence dans la vie des gens, en plus de celle de sa famille, voilà ce qui la rend heureuse. Aujourd’hui, Maria nous explique comment elle concilie son travail au Programme alimentaire mondial (PAM) et son rôle de mère dévouée. Elle nous décrit avec beaucoup de fierté son travail au quotidien.

« J’ai toujours voulu rejoindre le PAM »

« J’entendais parler du PAM lorsque je travaillais avec des ONG et des bureaux gouvernementaux. Chaque fois que je voyais les camions du PAM, je m’extasiais ! J’aime aider les gens, et le PAM touche réellement les gens, parfois plus que d’autres organisations. »

« J’aime aider les gens. »

Il y a onze ans, mon mari, qui était alors mon petit ami, a vu une offre d’emploi. Il m’a appelé et m’a dit : « Ça te correspond vraiment, c’est exactement l’expérience que tu as. » Je ne lui ai posé qu’une seule question : « De quelle organisation s’agit-il ? » Il m’a dit que c’était le PAM et j’ai alors acquiescé : « J’irai alors ! »

Maria avait depuis longtemps l’ambition de travailler pour le Programme alimentaire mondial. Photo : WFP/Hymne Paul

Mon travail en tant qu’assistante de surveillance consiste à m’assurer que la nourriture est bien envoyée à divers endroits. Je surveille également la nourriture après sa livraison, je vais sur le terrain et je vérifie qu’elle ait été réceptionnée, et distribuée correctement.

J’ai également effectué des déploiements temporaires à Addis-Abeba, où j’ai travaillé sur les distributions d’argent, puis sur l’approbation et la distribution de nourriture aux camps. Ces déploiements sont importants pour le moral du personnel et pour acquérir de l’expérience.

Équilibre entre la famille et la carrière

A Jijiga, dans la Région Somali, nous ne sommes que trois femmes parmi les seize Food Monitors. En tant que femme, c’est un peu difficile, mais tu peux le faire. Mais cela se complique lorsqu’on devient maman, parce qu’il faut quand même aller sur le terrain.

J’ai trois enfants, deux garçons et une fille, âgés de 4 à 8 ans. Quand vous êtes sur le terrain, toutes vos pensées sont à la maison : comment vont mes enfants ? Est-ce qu’ils sont rentrés de l’école ? Moi, je peux le faire parce que j’ai le soutien de ma famille. Ma mère est toujours là pour moi, grâce à Dieu. Mon mari Fikre travaille pour le gouvernement, il me soutient beaucoup.

L’attitude des gens ici est assez moderne. Les choses s’améliorent. Mais parfois, les hommes ne comprennent pas la pression qui s’exerce sur les femmes. Ils voient seulement que vous êtes dans un bureau ou que vous avez des choses à faire. Ils ne considèrent pas qu’en tant que femmes, nous avons plus de responsabilités, qu’il s’agisse des activités ménagères, de la garde des enfants ou des soins à la famille.

« Je me rendais sur le terrain alors que j’étais enceinte de neuf mois, alors tu peux le faire. Vous devez garder en tête que vous pouvez le faire. »

Récemment, au travail, nous avons participé à une enquête auprès du personnel et l’une des questions concernait l’égalité des sexes. Nous avons profité de l’occasion pour demander un espace d’allaitement pour les mères au bureau de Jijiga.

Mon conseil pour les femmes qui veulent faire ce genre de travail est de ne pas avoir peur, de simplement se lancer. La principale peur des femmes est d’aller sur le terrain quand on a une famille, quand on est enceinte. J’avais l’habitude d’aller sur le terrain même quand j’étais enceinte de neuf mois, alors n’importe qui peut le faire. Vous devez garder à l’esprit que vous pouvez le faire, que vous pouvez réussir.

Maria à Qoboley, Région Somali. Ses pensées vont constamment vers sa jeune famille lorsqu’elle est en déplacement. Photo : WFP/Mohamud Mohamed Omer

Les moments qui me rendent fière

Je suis fière chaque fois que je repense au mois d’octobre 2016, lorsqu’une société privée allemande était prête à fournir 300 000 USD pour un projet d’aide aux réfugiés de Jijiga permettant de subvenir à leurs besoins.

Dans le cadre de l’accord avec le donateur, nous avions besoin de partager des histoires du camp de réfugiés de Shedder. Nous avons envoyé un photographe pour prendre des photos. A ce moment, l’histoire d’une femme qui vendait du lait à d’autres réfugiés s’est démarquée des autres.

« Savoir que j’ai contribué à rendre la vie des réfugiés un peu meilleure me rend heureuse. »

Je me souviens avoir marché 3 km pour aller l’interviewer. Elle avait fui la guerre en Somalie avec ses 11 enfants après avoir perdu son fils, sa sœur et huit autres membres de sa famille. Grâce aux projets de subsistance du PAM, elle avait réussi à acheter et vendre des moutons et des chèvres, jusqu’à ce qu’elle puisse éventuellement ouvrir une petite épicerie. Grâce à ce revenu, elle pouvait subvenir aux besoins de sa famille et même acheter un ordinateur pour que son fils puisse aller à l’université.

Maria rend visite à Erer Woreda dans la région de Somali lors d’intenses inondations en avril 2010. Photo : WFP/Omer Abdi

L’histoire a dû remonter jusqu’au donateur allemand. Peu de temps après, nous avons obtenu les 300 000 USD pour soutenir d’autres projets de subsistance, notamment le jardinage, l’engraissement et l’élevage des animaux, l’apiculture et l’exploitation de petites cafétérias. Le fait de savoir que j’ai permis d’obtenir un soutien pour élargir nos activités, et que j’ai contribué à rendre la vie des réfugiés meilleure me rend heureuse chaque fois que j’y pense.

Le plus bel aspect de mon travail

Le mieux dans mon travail, c’est d’aller à la rencontre des gens. Parfois, nous nous rendons dans un district et nous devons discuter avec les administrateurs locaux de la meilleure façon de nous assurer que les aliments parviennent bien aux personnes auxquelles ils sont destinés. Puis, lorsque la nourriture arrive, et que vous voyez le sourire du bénéficiaire, vous ressentez un sentiment d’accomplissement, c’est la plus belle des récompenses ! »

Les sourires qu’elle voit sur les visages des bénéficiaires (ici une réfugiée somalienne) sont ce qui fait vivre Maria. Photo : WFP/Kiyori Ueno

Pour en savoir plus sur les actions du PAM en Éthiopie

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Le PAM (Programme alimentaire mondial des Nations Unies est la plus grande agence humanitaire luttant contre la faim dans le monde.