Haïti : 3,7 millions de personnes ont besoin d’une assistance alimentaire urgente
Selon la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), l’augmentation des prix, les troubles socio-économiques ainsi que la baisse de la production agricole ont entrainé une aggravation de l’insécurité alimentaire en Haïti en 2019. Par ailleurs, une nouvelle analyse IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) révèle que plus d’une personne sur trois a besoin d’une assistance alimentaire urgente en Haïti. Cela représente près de 3,7 millions de personnes.
Selon ce même rapport, la situation s’est aggravée dans les zones rurales depuis la dernière analyse conduite en décembre 2018. Le taux d’insécurité alimentaire en milieu rural a ainsi augmenté de 15 % en moins d’un an. Pour la première fois, une analyse IPC a également été réalisée en milieu urbain, celle-ci a révélé que plus de 850 000 personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans la région métropolitaine.
Les zones les plus affectées par l’insécurité alimentaire sont le bas nord-ouest et les quartiers les plus vulnérables de Cité Soleil. Ces deux zones sont classées en phase 4 sur une échelle de 5, phase “d’urgence” de l’IPC. Cela signifie que les familles font face à une pénurie alimentaire extrême. Au total, on estime que plus d’un million de personnes sont en phase 4 “d’urgence” de l’IPC à travers le pays. Si rien n’est fait, la situation risque de s’aggraver et de nouvelles zones pourraient être en situation d’urgence en 2020.
En outre, à l’exception de certains quartiers des zones urbaines, le reste du pays est classifié en phase 3 de “crise” de l’IPC. L’Artibonite, les Nippes, la Grand Anse et certains quartiers de Croix des Bouquets présentent des taux d’insécurité alimentaire particulièrement élevés.
L’analyse indique que cette insécurité alimentaire croissante est notamment due à la hausse de plus de 22 % des prix des principales denrées, à la dépréciation d’environ 24 % de la gourde par rapport au dollar en glissement annuel, mais aussi aux troubles socio-politiques et à la dégradation des conditions de sécurité qui ont largement réduit l’accès de la population à la nourriture. Par ailleurs, dans les zones rurales, le phénomène El Niño a accentué la sécheresse de 2018 qui s’est prolongée jusqu’au premier semestre de 2019. Cela a engendré une baisse de la production agricole d’environ 12 % par rapport à l’année dernière.
En vue de la sévérité de la situation, des actions urgentes sont nécessaires pour pouvoir apporter un soutien aux familles les plus démunies et les plus affectées par l’insécurité alimentaire. Il sera également crucial d’intégrer les interventions d’urgence aux interventions de relèvement afin d’obtenir des effets plus durables et structurels sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles.
L’analyse IPC a été conduite en Haïti sous la direction de la CNSA et avec la participation de 19 partenaires nationaux et internationaux. L’analyse a été réalisée avec les données les plus récentes disponibles, notamment celles de l’enquête nationale d’urgence sur la sécurité alimentaire, réalisée en août 2019 en zones rurale et métropolitaine.
